Diffusion illégale de contenu à la TVT : La chaîne mise en demeure par les détenteurs de droits

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Diffusion illégale de contenu à la TVT : La chaîne mise en demeure par les détenteurs de droits

Dossier hors norme, les casseroles de la Télévision Togolaise s’accumulent de jour en jour. Entre les nombreux cris de détresse des employés et la vétusté du matériel technique, la télévision nationale a maille à partir avec des sociétés de distribution détentrices des droits. En cinq ans, plusieurs films, séries, et documentaires ont été diffusés illégalement sur la « chaîne mère ». Qui l’aurait cru ?

La Télévision Togolaise a de sérieux ennuis. Au-delà des images de mauvaise qualité diffusées sur satellite dont se plaignent les téléspectateurs au quotidien, la chaîne nationale est confrontée à une situation des plus inimaginables : la diffusion illégale des films, documentaires et séries sur ses antennes.

Selon un rapport quinquennal de diffusion que nous avons pu consulter, depuis 2013, la TVT émet 24h/24. Conséquence de ce changement de cap : l’augmentation des besoins en programmes d’éducation et de divertissement. Chaîne généraliste, la télévision nationale a des tranches de diffusion, des productions propres, des séries et fils étrangers. A ce titre, elle a diffusé, en cinq ans, beaucoup de programmes.

Seulement, les statistiques relatives à la diffusion illégale sur la TVT sont effroyables. En cinq ans, sur 2237 films long métrage diffusés, la télévision nationale a acheté seulement une centaine. Sur 48 séries diffusées, elle a acheté 15. Sur 1657 documentaires tous genres diffusés, elle a acheté une vingtaine.

Selon nos recoupements, la TVT aurait même signé des reconnaissances de dette pour des films téléchargés illicitement. En effet, le téléchargement de ces films est confié à des producteurs qui font le job moyennant un montant. Un véritable scandale !

Ces diffusions illégales et les téléchargements illicites de films et séries ont valu à la Télévision Togolaise, des mises en demeure de la part des sociétés de distribution détentrices des droits.

Diffusion illégale de contenu à la TVT : La chaîne mise en demeure par les détenteurs de droits

La Division des Programmes a conclu, dans un rapport, que la grille des programmes nécessite d’être alimentée en films, séries et documentaires, dans la légalité, en plus des productions propres. Elle a chiffré les besoins relatifs à cette recommandation à un montant annuel de 881.300.000 FCFA, en plus de l’habillage d’antenne et la fabrication de jingles.

Quid de la production ?

La Division de la Production et des Echanges de la Télévision Togolaise a pour mission de produire des émissions pour les programmes de la chaîne et, éventuellement, des échanges de programmes avec d’autres télévisions du monde francophone.

Selon un rapport d’activités de la production des émissions à la TVT, le personnel a bénéficié de recyclage régulier en situation professionnelle avec transfert de compétences des anciens aux plus jeunes, à défaut de formation académique. « Très souvent, il a fallu solliciter l’appui de l’extérieur en matériel de tournage, de faisceaux de transmission et des voitures de location pour honorer les engagements de la TVT. Pour réaliser des productions qualitatives et compétitives, il y a des exigences techniques à observer et des compétences nécessaires au niveau du personnel », lit-on dans le rapport. « Le personnel existant manque de capacités en lien avec le profil de poste et le matériel reste insuffisant et inadéquat. Le profil du personnel sur toute la ligne de production fait défaut. La polyvalence des producteurs ne permet pas d’offrir des émissions de bonne facture. Il faut également relever des insuffisances relatives au tournage et à la post-production. Tout ceci est lié au problème de formation du personnel. Pour la bonne qualité de la production, il y a un grand besoin de maquilleur, éclairagiste, directeur photo, cameraman, preneur de son, costumier, etc. Et pour s’inscrire dans la Télévision Numérique Terrestre, les producteurs ont l’obligation de s’investir avec détermination dans la recherche de qualité et de fédérer plusieurs compétences autour des émissions pour s’inscrire dans le professionnalisme et enfin équiper la division de la production en matériel adéquat pour aisément exécuter les multiples étapes de la production d’une émission Administration de production et bane annonce de l’émission », indique le document.

La production, de son côté, recommande de regrouper certaines émissions individuelles pour en faire des magazines gérés par une équipe de production, acheter un équipement approprié à la production des émissions (matériels de tournage, de post-production et de retransmission), renforcer le parc auto, former le personnel de production en scénarisation, éclairage et réalisation, gérer collégialement et de façon transparente les finances, et définir, chaque année, le budget de fonctionnement de la télévision.

Dans un autre registre, la production des émissions est surfacturée. Selon des documents que nous avons pu consulter, les coûts de production de certaines émissions posent problème, surtout que les montants chiffrés pour des émissions vont dans la poche de certaines personnes, au détriment des vrais animateurs de ces émissions qui se débrouillent. Pour une émission souvent diffusée les dimanches, et facturée à 370.000 FCFA, on découvre des énormités dont la bande annonce, le chairman, des fleurs qu’on facture par numéro produit.

Le ministre de la Communication, Guy Madjé Lorenzo, selon nos informations, est interpelé sur ce dossier brûlant qui jette du discrédit sur la télévision nationale.

Elom Attissogbe

Source : La Nouvelle Tribune No.62 du 12 Juillet 2018

27Avril.com