Dans un pays normal, le jeune Tcha Essognim Patassé devrait être jeté en prison. Mais la position politique de son géniteur empêche l’employeur d’agir comme l’exigent les lois. Et pourtant la même banque a envoyé au gnouf d’autres employés indélicats pour des faits similaires. On dénombre dans les prisons du pays des petits voleurs de poules et au même moment les vrais pilleurs qui gravitent autour du régime cinquantenaire des Gnassingbé, continuent de bomber le torse et narguent les populations. Le grand danger pour cette nation vient du fait que les barons du régime sont arrivés à transmettre les germes de gangstérisme à leurs progénitures. Pis encore, ils ont la garantie de continuer en toute impunité pour des générations.
Les faits remontent à l’an 2017 mais le pot aux roses n’a été découvert qu’en début d’année 2018. Ce fils à papa n’a même pas pitié des orphelins et des veuves. La preuve est qu’il soustrait frauduleusement de l’argent des personnes décédées, en dépit des fortunes que son géniteur a passé la vie à détourner et à thésauriser dans les banques étrangères.
En effet, depuis près d’un an, Tcha Essognim Patassé en qualité de gestionnaire de portefeuille de nombreux clients particuliers, est arrivé à cibler un certain nombre de comptes inactifs, manifestement avec l’aide des complices externes et internes. Il détenait des chéquiers desdits clients. Le gang d’employés s’est également initié à reproduire les signatures de leurs victimes. C’est ainsi qu’ils émettaient régulièrement des chèques au porteur pour se faire payer au guichet. Tout se déroulait paisiblement malgré tous d’audits interne et externes jusqu’au jour où les ayants droit de l’un des clients défunts, après avoir accompli les lourdes tracasseries administratives liées à la composition des documents de succession, s’étaient rendus à l’UTB pour jouir de l’héritage. C’est là qu’on constate des mouvements récents de débit sur le compte de leur papa. Les premières évaluations font état d’un détournement d’environ 120 millions de Francs CFA. C’est assez scandaleux. Quel est au juste le rôle de la commission bancaire au Togo ? Car dans la pratique bancaire, ces comptes sont normalement sous surveillance avec une limitation d’accès. Dans le cas d’espèce, soit il y a collusion (association des personnes ayant les mêmes intérêts), soit le système n’est pas sécurisé. Et c’est une défaillance grave du système de contrôle de cette banque qui met la clientèle en danger.
Les clients victimes de cette forme d’arnaque sont souvent des personnes âgées ou aisées qui, lors des opérations de retrait, vont directement chez les gestionnaires dans leur bureau pour se faire servir via les coursiers plantons. Parfois, ces coursiers internes aussi arrivent à soutirer quelques billets des liasses, car les clients ont pleinement confiance et n’arrivent pas à contrôler l’argent servi. C’est dire que la bande à Tcha Essognim Patassé devrait continuer paisiblement de voler l’argent des personnes décédées si leurs héritiers ne s’étaient pas présentés pour jouir de leurs legs ! Malheureusement, selon nos informations, aucune enquête n’a été diligentée pour démanteler le réseau ou d’éventuels complices.
Ce cas s’apparente à celui orchestré par un autre fils de baronnet qui avait ponctionné les comptes de vieillards. Yaovi Attigbé Ihou, un thuriféraire du RPT-UNIR qui a dirigé l’UTB des années 2004 à 2016, n’était pas allé plus loin que le bout de son nez. Il n’a fait que pondre une simple note de licenciement sans même diligenter une procédure pénale comme cela devrait normalement être le cas. Ce garçon qui vivait sous le toit de ses parents et qui était actif dans le trafic du carburant de contrebande puisque disposant d’une soute de réserve à domicile, n’a pas été inquiété même pour rembourser les fonds volés. Il est depuis son licenciement installé dans les Amériques.
Aujourd’hui en 2018, le PDG du groupe UTB-BTCI, Patrick Mestrallet et ses collaborateurs dont le patriarche des banques togolaises Zakari Darou-Salim, ex-Directeur général de l’ORABANK et qui a été parachuté au poste de DG de l’UTB depuis janvier 2018 se sont alignés sur le régime d’impunité instauré par le prédécesseur. Une façon de rendre service aux confrères dans le pillage et le gangstérisme d’Etat.
Malgré cette clémence envers Tcha, le papa, Kpanlou Patassé aurait estimé, d’après nos informations, que le PDG Patrick Mestrallet aurait dû le tenir informé sans licencier le fils. Il serait disposé à rembourser l’argent détourné afin de maintenir son fiston dans ses fonctions à la banque. Cette attitude du patron de CAP-Togo montre à quel point les barons du régime cinquantenaire pensent détenir le titre foncier sur les régies financières du pays. Or il nous revient que lui-même n’hésite pas à faire incarcérer les indélicats qui prennent des libertés avec des fonds dans sa boîte, c’est-à-dire de la Compagnie Africaine (CAP-Togo SA). Ainsi va le Togo !
B. Douligna/Source : Liberté N°2701 du Jeudi 28 Juin 2018
Source : www.icilome.com