Des valises d’argent découvertes chez les proches d’Ali Bongo. Que cachent les cavernes d’Ali Baba autour de la présidence togolaise?

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«…Sous d’autres cieux comme au Togo, une peur bleue devrait s’emparer de la petite minorité qui a fait main basse sur les richesses et ressources du pays. Que vont-ils faire des coffres-forts, des valises et sacs pleins à craquer des billets parfois en coupures étrangères? Ils ne peuvent pas les dépenser, parce que chaque jour, ils (r)amassent un peu plus. C’est ce qu’on appelle être saoulé d’argent.» (Quotidien „Liberté“ du 06 septembre 2023)

C’est ce qu’on appelle être saoulé d’argent, ou plutôt, être saoulé d’un manque chronique de patriotisme, d’humanité; avoir un coeur en pierre et surtout être saoulé de méchanceté. Se glorifier d’être riche après avoir rendu pauvre et misérable la grande majorité de ses concitoyens ne peut pas être un art, une prouesse dans une société des hommes qui se veut civilisée. La civilisation justement, est cette chose qui sépare l’homme, l’être humain, de l’animal. Comme on le voit aujourd’hui au Gabon avec certains anciens dignitaires du régime de dictature, surpris avec des faramineuses sommes d’argent volées au peuple, comme on l’a déjà vu après la chute d’autres dictateurs sur le continent noir, on a comme l’impression que la gouvernance politique en Afrique noire est un vaste théâtre de grande tromperie organisée contre les peuples. D’un côté nous avons des supposés dirigeants, qui ne sont en fait que des prédateurs de leurs peuples, qui s’organisent de telle sorte à ne jamais quitter le pouvoir. De l’autre côté nous avons des populations constituées normalement de citoyens dont les hommes politiques au sommet de l’état devraient s’occupper. Au lieu de cela, le monde politique africain, surtout francophone, est devenu la jungle, où les plus forts, qui ne le sont devenus que par l’argent de tout le monde, écrasent les plus faibles.

Le Cameroun, le Congo-Brazzaville, le Togo…, voilà des pays où l’état n’existe que de nom; où tout est sens dessus dessous, parlant des institutions de la république; où la malgouvernance chronique est devenue la norme, où des supposés présidents de la république se prennent pour des demi-dieux, alors qu’ils sont la cause du malheur de leurs peuples. Hier, le Gabon était de ce club des pays où la morale politique, ou la morale tout court, a foutu le camp depuis longtemps. L’armée, surtout chez nous au Togo, par sa composition, par sa tradition répressive, a perdu tout attribut républicain et constitue aujourd’hui le socle dont le régime de dictature tire sa légitimité. Saura-t-elle profiter de l’air du temps pour ne pas terminer dans la poubelle de l’histoire? C’est la grande question qui se pose aujourd’hui au Togo, dans la diaspora et dans toute l’Afrique francophone. La garde républicaine au Gabon vient de nous prouver qu’une armée, hier totalement du côté des prédateurs du peuple, peut bien agréablement surprendre en mettant fin au statu quo dévastateur pour l’avenir d’un pays. Oui, c’est ce que le Général Brice Oligui Nguéma a compris en déposant Ali Bongo qui, en plus d’être dictateur et affameur de son peuple, était surtout visiblement diminué par la maladie, mais se maintenait vaille que vaille. Ayant servi le système pendant plusieurs décennies de père en fils, le connaissant donc entièrement, le nouvel homme fort du Gabon n’est-il pas le mieux placé pour nettoyer les écuries? Et c’est ce qu’il a commencé à faire en organisant la chasse aux détourneurs de l’argent public.

Qu’en est-il alors des pays comme le nôtre, le Togo, où la gouvernance hasardeuse continue? Où surtout des détournements de l’argent de tous les Togolais se font à ciel ouvert et en toute impunité? Et nous n’avons pas forcément besoin d être dans les secrets des dieux pour savoir que les mêmes sommes faramineuses, encore plus folles, que celles retrouvées chez les anciens du clan Bongo, sont planquées dans des souterrains, dans des coffres-forts, dans des lieux insoupçonnés au Togo et à l’étranger par les seigneurs de la dictature qui ont pris notre pays en otage depuis plus d’un demi-siècle. Et c’était à juste titre que le quotidien «Liberté», dans sa parution N°3857 du 04 septembre 2023, écrivait: «L’impossible déclaration des biens et avoirs au Togo. Six mois après le démarrage, une poignée de personnes ont déclaré leur patrimoine. Elles étaient quatre (4) hautes personnalités prévues pour déclarer leurs biens et avoirs le 14 m ars 2023 lors du démarrage du processus. Au finish, seul le président de la Haute Autorité de Prévention et de lutte contre la Corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA) s’était acquitté de ce devoir ce jour-là. Les autres personnalités programmées pour la cérémonie, des membres du gouvernement, censés donner le bel exemple, pris d’une peur inexplicable, ont pris la tangente. Pourtant, selon les informations que nous avions eues à l’époque, le programme leur avait été bel et bien communiqué. Six (06) mois après, ils ont disparu des écrans radars et ne se sont jamais pliés à l’exercice de la déclaration du patrimoine…»

Vu ce qui précède et comme on le voit, au Togo les institutions sont créées pour la galerie et non pour être au service des populations. Les plus faibles sont écrasés et jetés en prison pour leurs opinions et pour des détournements de petites sommes, dont les preuves ne sont pas toujours apportées par la justice aux ordres, pendant que les voleurs de milliards de nos francs, autour du pouvoir, continuent à s’en mettre plein les poches. L’impunité dont ils jouissent leur procure cette arrogance et ce mépris du peuple; c’est la même impunité, dont le mauvais exemple est donné par Faure Gnassingbé himself, qui leur sert de garantie pour refuser de déclarer leurs biens. Mais sincèrement entre nous, comment pourraient-ils justifier tous ces biens mal acquis, et surtout sauraient-ils vraiment par où commencer?

L’un des deux régimes prédateurs dont les gouvernances se ressemblaient comme deux gouttes d’eau, le Gabon, connaît aujourd’hui la délivrance. Pour les Togolais, l’enfer sur terre, voulu par des Togolais, continue. Pour combien de temps encore?

Samari Tchadjobo
Allemagne

Source : 27Avril.com