Le Président de la République, Faure Gnassingbé a été reçu le mercredi 10 mai 2023 à l’Elysée par son homologue français Emmanuel Macron.
Des sources officielles, les deux dirigeants, qui ont d’abord posé pour la traditionnelle photo sur le perron du palais présidentiel, ont ensuite eu un entretien. Les échanges ont notamment porté sur la coopération bilatérale, mais également sur des questions régionales et internationales relatives à la paix et à la sécurité. Il n’en fallait pas plus pour lancer des célébrations à la hauteur de l’événement (sic). Le successeur de Gnassingbé Eyadema à l’Élysée, c’est bien un trophée de légitimation et personne au sein du régime ne boude ce plaisir. Mais lorsqu’on avance que l’essentiel des échanges entre les deux Chefs d’Etat ont tourné autour de la paix et la sécurité, on se demande s’il n’y a pas à mieux à faire en interne au Togo avant de s’exporter en France.
La restriction de l’espace public, la précarité ambiante et le nombre impressionnant de prisonniers d’opinion sont autant de sujets de frustrations et de désolation qui affectent dangereusement la cohésion sociale. A cela s’ajoute la question de recensement électoral gérée dans une cacophonie insoupçonnable. Figurez-vous que les opérations d’enrôlement des électeurs, entamées le 29 avril, se sont achevées officiellement le lundi 08 mai dernier dans la Zone 1 avec des milliers de concitoyens laissés sur les carreaux. Pour tout, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a salué la «forte mobilisation des populations» ainsi que leur «grande patience», dans les longues files d’attente observées un peu partout et que «les résultats sont au-delà des prévisions statistiques». Des excuses ont été présentées face aux différents dysfonctionnements enregistrés et des «dispositions seront prises » pour la suite du recensement. Que fera-t-on alors de ceux qui n’ont pas pu se faire recenser dans la Zonel ? Rien de concret ne filtre. Pis, pendant que la plupart des opérateurs de saisie étaient déjà sur place pour le recensement dans la Zone2, du 13 au 20 mai 2023, la CENI annonce un report de « quelques jours », le comble de la pagaille. Voilà les résultats d’un pays qui tourne dos aux partenaires et organise ses élections à huis clos sur fonds propres. Des gens privés de leur carte d’électeur par la faute de la mauvaise organisation du processus, c’est aussi un autre sujet de frustration qui ne va pas dans le sens d’un pays qui se réclame champion de la paix et la sécurité.
Le pouvoir peut faire le tour du monde pour se décerner tous les prix du multilatéralisme, tant que la politique intérieure sera aussi nauséeuse, cela s’apparente bien à un cul- de-sac.
Honoré Adontui
Source: Le Correcteur / lecorrecteur.info
Source : 27Avril.com