Monsieur le Président de la République Française, Entendez-vous les cris sourds du Peuple togolais qu’on assassine ? Permettez-moi de saluer en vous, l’illustre héritier des valeurs de démocratie et des droits de l’Homme qui ont consacré la grandeur de votre pays depuis la révolution française de 1789.
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Toutes ces valeurs auxquelles le Togo est particulièrement attaché, sont la source du rayonnement de la France dans le monde et en Afrique. Dans un monde en pleine mutation scientifique et technologique où le moindre acte posé par un responsable politique ou économique est examiné à la loupe de l’éthique et de la morale, par une majorité des habitants du « village planétaire » qu’est devenu notre monde où plus que jamais la transparence et le respect de l’éthique valorisent le comportement des décideurs publics et privés, la France ne saurait se prévaloir d’une coopération exemplaire avec le Togo en foulant aux pieds ces nobles valeurs républicaines.
Les responsabilités historiques de la tutelle française de 1920 à 1960 sur le « Togo oriental » sous mandat de la SDN puis de l’ONU imposent au Président de la République Française un devoir moral éminent pour défendre et promouvoir dans le respect du droit international, la Résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960 de l’Assemblée générale de l’ONU.
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Les valeurs républicaines françaises devant être défendues par la République Française ont été assassinées avec le meurtre de Sylvanus Olympio, « Père de l’indépendance togolaise » et Président en exercice du Togo le 13 janvier 1963 dans des circonstances jamais officiellement éclaircies, mais où de hauts responsables de la République Française ont joué un rôle déterminant, selon le témoignage devant le tribunal de l’histoire de l’ancien député français Noël Mamère à la faveur de sa conférence à l’Assemblée Nationale française le 9 avril 2005.
Fort de ce « crime de sang », et pour en tirer le maximum de profits immoraux, le chef de la junte militaire qui a participé au complot de cet assassinat a fondé un régime dictatorial qui de père en fils, opprime le peuple martyr togolais depuis plus de 54 ans, depuis donc plus longtemps que la tutelle française de 40 ans sur le Togo de 1920 à 1960, et plus longtemps que le protectorat allemand de 30 ans sur le Togo de 1884 à 1914.
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Les nobles valeurs républicaines françaises sont massacrées par le soutien constant apporté par la République Française à ce régime héréditaire dictatorial qui est le plus long en Afrique et le plus long dans le monde après le régime héréditaire dictatorial nord-coréen, faisant ainsi du Togo « la Corée du Nord de l’Afrique », selon l’ancien PDG de ELF, Loïc Le Floch Prigent.
Le plus grave concernant le régime héréditaire dictatorial togolais, c’est sa faillite économique, sociale et morale, qui a plongé jusqu’à présent l’écrasante majorité des Togolaises et Togolais dans « la misère noire » conduisant à la déshumanisation de nos populations. Tandis que s’exacerbent les suicides dans le pays, s’amplifie le musellement des opposants avec à la clé, des décès dont le dernier en date est celui de M. Yakoubou Abdoul-Moutawakilou du Parti national panafricain (PNP) le 26 août 2021 à Lomé à la suite de graves tortures pendant plusieurs mois de détention sans jugement.
C’est dans ce contexte de répression politique sans précédent au Togo dénoncée par Amnesty International et l’ONU sur fond du scandale de la prédation numérique par le logiciel israélien Pegasus dont je suis une des victimes, que vient d’être condamné arbitrairement ce 27 août 2021 à 48 mois de prison dont 24 mois avec sursis mon Conseiller Spécial chargé de la Jeunesse, M. Paul Missiagbeto, pour avoir partagé sur la toile, une information qui s’y trouvait, alors qu’aucune disposition légale ne l’interdisait.
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Faut-il rappeler que les valeurs républicaines faisant l’identité et la fierté de la République Française ont été victimes d’un quadruple coup d’état électoral, militaire, constitutionnel et judiciaire depuis le 22 février 2020 au Togo, empêchant ainsi le Président élu investi par la légitimité populaire que lui a conféré l’élection au suffrage universel, de prendre ses nouvelles fonctions !
Ce quadruple coup d’état ne confère pas à son auteur principal plus de légitimité que ne confère aux Talibans leur prise du pouvoir par les armes en Afghanistan, comme l’a rappelé il y a quelques jours Jean-Yves Le Drian, votre ministre des affaires étrangères. Cela est d’autant plus incontestable que l’inversion des résultats électoraux réels du Président-Élu et du Président sortant, opérée par la Cour constitutionnelle togolaise aux ordres du pouvoir héréditaire togolais, n’a pu jusqu’à ce jour être justifiée par ce pouvoir, malgré la demande officielle, publique et pressante par la diplomatie des États-Unis d’Amérique, ainsi que plusieurs formations politiques, de la publication des résultats électoraux bureau de vote par bureau de vote.
De plus, au lendemain de l’élection du 22 février 2020, compte tenu des remontées du raz-de-marée électoral en faveur du candidat de la DMK, la plupart des principaux partis politiques togolais et des organisations de société civile togolaise ont publié des communiqués pour reconnaître la victoire du candidat de la DMK, alors que le Président sortant n’a pas bénéficié d’une reconnaissance nationale comparable.
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Ce qui l’a amené à recourir à des lettres de félicitations diplomatiques dont la preuve de la fausseté a été établie entre autres, par le député de la Haute-Garonne, membre de la Commission des affaires étrangères du Parlement français, Sébastien Nadot. Mieux le Président sortant a reconnu notre écrasante victoire et a souhaité conclure un marché gré à gré avec nous, et à défaut il conserverait le pouvoir en raison de son contrôle des forces de défense et de sécurité.
Pour avoir refusé le marchandage de la vérité des urnes et de l’Alternance politique, j’ai été l’objet de menaces de mort qui m’ont contraint à la clandestinité depuis plus d’un an après avoir subi aussi bien que ma femme, mes enfants, mes collaborateurs et des Patriotes des voies de fait de la part de la soldatesque de la dictature. Je passe sous silence le saccage de mon domicile assiégé pendant 70 jours durant lesquels l’Archevêque métropolitain émérite de Lomé et Patriarche de la Nation, Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro, s’est constitué en bouclier humain pour ma défense, et l’humiliation infligée à nous tous le 21 avril 2020 et qui a fait l’objet d’un enregistrement par la soldatesque.
Nombre de mes proches sont en prison et certains sous une surveillance permanente. Quant au Prélat, nonobstant ses 91 ans, il vit les affres de l’exil en Suède avec son Assistant particulier, M. Marc Mondji en raison de son engagement patriotique résolu et son Amour pour le Peuple togolais qu’il souhaite voir délivré de l’oppression de la dictature.
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Fort de ce qui précède et en ma qualité de Président démocratiquement élu du Togo le 22 février 2020 avec plus de 72% des suffrages au premier tour, j’en appelle à votre sens de l’honneur et du respect de la grandeur de la France, afin que vous œuvriez pour la restauration de la liberté et de la démocratie dans mon pays par un transfert pacifique du pouvoir que mon prédécesseur confisque depuis quinze ans par la violence, les fraudes électorales, la corruption à grande échelle et la falsification des reconnaissances diplomatiques de pays amis.
Revêtu de la légitimité des urnes, je voudrais pouvoir compter sur votre sens de l’histoire pour faire droit aux aspirations du Peuple togolais et à la promotion d’une nouvelle ère dans les relations diplomatiques entre la France et le Togo.
Dr Gabriel Agbéyomé Messan KODJO
Source : Togoweb.net