De l’impératif pour l’opposition de se réorganiser face au pouvoir

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De l’impératif pour l’opposition de se réorganiser face au pouvoir

Le Togo est, à un an au plus, des prochaines élections législatives. Et il n’est pas exclu que des locales, fuyantes depuis 30 ans, et un hypothétique référendum aussi se tiennent en 2018. Comment se prépare le pouvoir et comment devraient-ils se préparer les forces d’opposition ?

Jusqu’en 2020, les temps seront tout sauf sereins à Unir. Au moins deux élections majeures et décisives, sinon trois, voire quatre attendent le pays. Et autant elles sont décisives pour le pays, parfois historiques (le cas des locales), autant elles pourraient être périlleuses pour le pouvoir. Périlleuses pour lui, si en face les forces s’organisent, mieux. A Unir on n’est pas forcément naïfs, en ce qui concerne lesdits enjeux. Et on s’organise pour que les évènements continuent d’être sous contrôle.

Les barons du pouvoir, depuis plusieurs mois, ont repris les descentes sur le terrain, les bras chargés de « cadeaux du chef de l’Etat ». Ils savent que leur « force » réside dans une seule chose : leur capacité à manipuler les populations, en se livrant massivement à des achats de conscience. Les moyens, ils n’en manquent pas. En cinquante ans, ils ont assez constitué un trésor de guerre presqu’intarissable, qui leur sert d’objet de chantage vis-à-vis des populations. « Prenez d’abord ceci, votez pour nous ou faites nous gagner par tous les moyens, et le reste suivra », un reste qui, on le sait, ne suivra jamais jusqu’aux prochaines élections. Le niveau de débauche financière auquel se livre le système avant chaque élection prouve à lui-seul que le pouvoir est conscient qu’en dehors des achats de conscience, il n’y a aucun salut pour lui.

Le pouvoir sait aussi que sa chance a toujours été une opposition toujours en proie à des divisions internes. Des divisions qu’il sait aussi manipuler ou susciter pour dérouter les potentiels électeurs de ladite opposition. Le tout enrobé d’une manipulation tribale des débats politiques. Sans oublier les répétitives injustices et tricheries auxquelles il sait se livrer dans l’organisation desdites élections.

Chaque 5 ans, l’histoire se répète. Et sous nos yeux encore, elle tend de nouveau à se répéter en ce qui concerne les prochains enjeux. Face à un pouvoir qui dispose de moyens disproportionnés et qui a la capacité de s’offrir aussi des appuis diplomatiques, l’opposition n’a aucune chance de prospérer si elle se présente, comme à son habitude, disparate. Il y a quelque chose de totalement incompréhensible auprès de l’opposition togolaise et qui fait d’ailleurs d’elle, une risée pour l’opinion internationale, à chaque élection. En 2015, personne au Togo et ailleurs n’a compris pourquoi les mêmes personnes qui disent lutter pour l’alternance ont pu avoir des positions radicalement opposées. Entre l’ANC et l’ADDI, une banale affaire de poste à la CENI a fait voler leur alliance et les a transformés en de véritables ennemis. Chacun s’est particulièrement investi à détruire l’autre. Entre ceux qui ont participé à la présidentielle et les autres forces politiques plus jeunes, s’est installé là aussi un malentendu. Pour les uns, on pouvait remporter la présidentielle, même sans les réformes et les autres défendent le contraire. Ces derniers ne se sont pas contentés de défendre leur position, mais sont allés jusqu’à saboter la participation des premiers, appelant au boycott. Certains, se réclamant pourtant de l’opposition, sont même allés jusqu’à se livrer carrément à la fraude, dans leurs localités, juste pour se venger de leurs autres camarades de lutte qui ont décidé de participer aux consultations. Dans ces conditions, la messe était dite d’avance. Il est connu : un camp opposé à lui-même ne peut jamais prospérer. Conséquence : un taux d’abstention record, une incapacité à réclamer la vérité des urnes et un pouvoir qui se perpétue.

On ne le dira jamais assez, continuer de faire la même chose et espérer obtenir un résultat différent relève de la pure folie. Alors que le débat sur la réclamation des réformes reprend son droit de cité, après deux ans passés relativement à tourner le pouce et à se contempler, l’opposition n’a plus le droit des tâtonnements de perte de temps. Le courant dominant de l’opposition ne peut plus se contenter de sa zone de confort, continuer d’attendre dans son camp que les autres viennent se joindre à lui. L’ANC et le CAP 2015 ont la responsabilité de créer les conditions nécessaires pour que les autres se joignent à eux. Ce n’est pas aujourd’hui que les Togolais réclament cet état d’esprit des leaders de l’opposition. Jusqu’ici, il a toujours fait défaut. Nul ne fait assez pour un minimum d’entente. Personne ne semble disposé à concéder assez pour que l’autre puisse sentir à l’aise en sa compagnie.

En évoquant les raisons qui compromettent les projets d’union de synergie de l’opposition, il n y’a pas que l’arrogance des plus fort qu’il faut relever. Il y a aussi les exagérations et chantages des plus faibles qui, minoritaires, sont plus portés à rester intransigeants dans leurs demandes. Une attitude qui, elle aussi, contribue à hypothéquer les projets de rapprochement. En réalité, il ne devrait pas y avoir de place pour de la politique politicienne, celle qui met les intérêts personnels au-devant de tout. Les leaders de l’opposition semblent souvent le perdre de vue : les Togolais ne cherchent pas le premier des opposants. Mais sont assoiffés tout simplement de changement. Après, dans un Togo normalisé, où toutes les institutions seront dépolitisées et rendues capables de jouer leur rôle d‘arbitre entre les différentes forces du pays, ceux qui y trouveront un quelconque intérêt, peuvent toujours se laisser aller à des réflexes politiciens. La dynamique citoyenne actuellement dans le pays n’est plus prête à soutenir une attitude peu ambitieuse qui consiste à ne rechercher que la tête de l’opposition ou à une place à l’Assemblée.

Ce n’est pas une bonne nouvelle, ce qui a déjà commencé au sein de l’opposition : certains organisant des marches, d’autres boudant cette démarche et préférant des meetings. Une marche ou un meeting, ce n’est pas ce qui devrait compter en soi. L’essentiel est la mobilisation qui devrait soutenir l’une ou l’autre. Et ce n’est pas en allant chacun de son côté faire ce qui lui semble bon qu’on réussira à mobiliser les Togolais. C’est particulièrement ingénieux (sic) d’être en position d’infériorité face à un puissant adversaire, et de continuer par perdre du temps, des moyens et de l’énergie dans des initiatives parallèles, fatalement vouées à l’échec.N’est-il pas temps, pour une fois, de faire plus simple, en faisant abstraction des égos visiblement très affirmés dans notre pays, et mutualiser les moyens pour un front unique face au pouvoir? Naturellement, il y aura quelques individus agités au gré des billets et intérêts à eux présentés par le pouvoir. Face à une dynamique majeure au sein de l’opposition, ces voix ne seront que très marginales et sans conséquence sur les enjeux.

La dynamique unitaire devra commencer par une harmonisation des méthodes. Déjà une réponse devra être trouvée à la question de la participation ou non aux prochaines élections. S’il faut y aller, il faut y aller dans une dynamique harmonisée et bien organisée, en ayant à l’esprit les risques et toutes les implications. Et s’il faut bouder les élections pour obliger le pouvoir à opérer les réformes avant toute élection, il faudrait aussi s’organiser ensemble à cet effet. Mais la même opposition, quoique plurielle, ne peut se permettre de « ne pas y aller » et « aller » en même temps. Un débat à l’interne devrait être mené sur la question en vue de dégager une position à défendre par l’ensemble du groupe.

L’actualité au Togo, démontre suffisamment que les Togolais du Sud au Nord, ont soif d’une nouvelle forme de gouvernance. Et les différentes forces qui composent aujourd’hui l’opposition revendique chacune un fief dans le pays. Et on sait bien que nul ne peut à lui tout seul, parvenir à déraciner le boabab en face. Il n y’ a donc aucun intérêt à perpétuer de vaines « démonstrations de force » dans les rues, les meetings, les conférences de presse destinés uniquement à mystifier tel ou tel autre parti. Les démonstrations de force, le Togo en a connues, et d’historiques. Et pourtant, les attentes des populations en matière de changement n’ont pas été comblées. Il est grand temps qu’on sorte de réflexes, je suis du Cap 2015, je suis du Groupe des six, je mobilise des foules…pour s’inscrire dans des démarches gagnantes. On s’est assez amusé à faire des choix qui sont toujours voués à l’échec. Il faut enfin changer !

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