Crise politique au Togo : A quand l’ouverture du dialogue ?

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Crise politique au Togo : A quand l’ouverture du dialogue ?

En réaction à la nouvelle crise politique ouverte au Togo depuis août dernier, la communauté internationale et la Conférence des Evêques du Togo demandent aux acteurs politiques de privilégier la voie du dialogue. Au départ réticente, l’opposition aujourd’hui ne refuse plus totalement la porte du dialogue, mais elle soumet des conditions. Et du côté de l’exécutif d’où on a attendu l’ouverture du dialogue, c’est le silence. D’où la question qui s’impose désormais à savoir à quand l’ouverture du dialogue de résolution de la crise ?

Le mercredi 20 et, jeudi 21 septembre 2017, des milliers de togolais militants de l’opposition ont encore battu le pavé. Des manifestations géantes dans plusieurs villes du Togo. Pour une deuxième fois, en l’espace d’un mois, les 14 partis politiques de l’opposition réunis au sein de la coalition CAP2015-Groupe de Six-CAR-PNP-Santé du Peuple ont mobilisé à travers toutes les régions du pays. Pour les leaders de l’opposition ainsi que les militants, il n’y a qu’une seule solution à la crise sociopolitique actuelle : le retour à la constitution de 1992 dans sa forme originelle. En outre, l’opposition ré- clame aussi la révision du cadre électoral y compris l’instauration du droit de vote pour les Togolais de l’étranger, le déverrouillage des Institutions de la République et la libération de tous les prisonniers politiques et de toutes les personnes détenues suite aux manifestations. En fait, depuis quelques semaines les Togolais vivent au rythme des manifestations. Pendant que l’opposition était dans la rue, les responsables de la majorité présidentielle multipliaient également les manifestations pour soutenir leur « champion » et sauvegarder, disent-ils les institutions de la république.

Le vote par les députés Unir le 19 Septembre de la loi portant révision de la constitutionnel introduit par le pouvoir et qui ouvre ainsi la voie au référendum n’a fait que braquer plus l’opposition.

Les appels au dialogue

La crise sociopolitique devient plus tendue et pour trouver les moyens d’y mettre un terme, le groupe des cinq partenaires politiques du Togo ont indiqué la porte du dialogue aux protagonistes à travers leur communiqué du 22 Septembre 2017. « Dans l’esprit de l’Accord Poli tique Global de 2006, elles encouragent tous les Togolais à s’inscrire dans un dialogue pacifique en vue de l’adoption des réformes constitutionnelles qui permettront de renforcer la démocratie au Togo et de préparer sereinement les élections locales et législatives en 2018 », a fait savoir la Coordination du Système des Nat ions Unies, la délégation de l’Union Européenne et des ambassades de France, de la République Fédérale d’Allemagne, et des Etats Unis d’Amérique dans leur déclaration conjointe du 22 septembre dernier. Par la suite, c’est le clergé catholique qui après avoir pris le côté du peuple en soutenant le retour à la constitution de 1992, a proposé quelques jours plus tard sa médiation. C’était par la voix de l’archevêque de Lomé dans une interview qu’il a accordé aux confrères français de «La Croix». Mais quel dialogue ? Et dans quelles conditions ?

Dialogue sincère avec des sujets bien définis….

Si aux premières heures des manifestations, l’opposition ne voulait pas attendre parler d’un dialogue, elle a fini par mettre un peu d’eau dans son vin. Reçu la semaine dernière sur une radio, Tikpi Atchadam a fini par concéder l’idée d’un dialogue dont les règles et les contours devraient préalablement être définis. Considérant qu’il serait illogique que des pacifistes rejettent une idée de dialogue pacifique, le leader du Parti national panafricain (Pnp) annonce que l’opposition togolaise est disposée à continuer les manifestations de rue jusqu’à satisfaction de ses revendications. Selon lui, l’opposition ne discutera pas pour discuter ; mais tout dépendra de l’ordre du jour des discussions. Même son de cloche chez Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson. La présidente du Combat pour l’alternance en 2015 (CAP 2015) a indiqué, qu’en ce qui concerne une nouvelle discussion opposition-régime UNIR, son camp est prêt pour un nouveau dialogue. Mais pas n’importe comment. Il est clair que les leaders de l’opposition sont favorables à des discussions portant précisément sur leurs revendications.
Dans l’autre camp, même si on avait maugréé hier que c’est à l’opposition de courir derrière un éventuel dialogue, il est plus qu’évident aujourd’hui que la posture et les langages ont changé à la suite du communiqué du groupe des 5, soutenu par les pressions internes. L’ouverture d’un dialogue s’impose à la voie solitaire qu’avaient voulu prendre Unir et ses députés. Toutefois, comme l’opposition, le pouvoir voudrait également des concessions notamment dans le cas où le choix serait porté sur un retour à la constitution de 1992 et la fameuse phrase « en aucun cas nul peut faire plus de deux mandats présidentiels ». L’opposition est-elle disposée à lâcher du lest ? C’est une autre interrogation.

Toutes nos tractations pour connaitre si des tractations sont déjà en cours pour déboucher sur l’ouverture de ce dialogue salvatrice sont restées sans suite à ce jour.

Mais il se souvient que dans sa sortie médiatique la semaine dernière, le leader du Pnp, Tikpi Atchadam a déclaré en substance sur la question de la tenue ou non du dialogue souhaité par les chancelleries que « ils –les chancelleries ndlr- connaissent leur travail ». Une réponse qui ne doit être point anodine.

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