Crise de Kpario dans la préfecture de Tchaoudjo : Les Tem de la diaspora se mobilisent

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Venus de différents États d’Allemagne, les Tem se sont retrouvés à Brême dans l’après-midi du samedi 22 avril 2017. Dénommée « Cellule de réflexion », cette rencontre a permis aux participants d’étudier les voies et moyens pouvant leur permettre de soutenir leurs sœurs et frères de l’intérieur, ainsi que les chefs traditionnels Tem engagés dans la lutte contre les manigances du régime RPT-UNIR, qui à travers des subterfuges veut imposer un chef Kabye en territoire Tem.

Les travaux ont débuté à 15 heures par une prière pour la paix. Puis, les participants ont écouté des interventions qui leur ont permis de restituer le problème de Kpario dans son contexte historique et politique. Un tel sujet dégage des joutes passionnelles et émotionnelles. Cela n’a pas manqué. Toutefois, le réalisme, la mesure et la détermination à poser de bonnes questions et à trouver les bonnes réponses l’ont emporté. Et les travaux se sont déroulés dans la sérénité. La cellule de réflexion s’est engagée à lancer un appel à la mobilisation de toute la Diaspora Tem où qu’elle se trouve. À cet effet, le Comité de suivi mis en place et présidé par El-Hadj Kondo Ados Badana définira les pistes pouvant amener les Tem et les amis des Tem, ainsi que les combattants de la liberté et la justice à se mobiliser pour accompagner la lutte jusqu’à la victoire. Cette assise s’est conclue par la rédaction et l’adoption de la « Déclaration de Brême » face au problème de la Chefferie à Kpario que voici:

Déclaration de Brême de la Diaspora Tem en Allemagne, face au problème de la chefferie à Kpario

Depuis quelques semaines les tensions nées de la tentative de désignation d´un chef-canton allogène sur le territoire tem de Kpario dans la préfecture de Tchaoudjo font couler beaucoup d´encre et de salive.

Les populations autochtones tem et leurs frères kabye ont toujours vécu en parfaite harmonie et dans le respect mutuel depuis des générations. Aujourd´hui l´affaire de la Chefferie de Kpario sur le territoire tem n´est pas un conflit entre Kotokoli et Kabye comme certaines mauvaises langues tentent de le faire croire.

C´est l´ignorance des Autorités Administratives du passé et des traditions ou plutôt leur mauvaise foi qui est à la base de ce conflit fabriqué de toutes pièces entre des peuples dont elles devraient assurer une cohabitation pacifique.

Conscientes des droits qui sont les leurs et que leur confèrent leurs us et coutumes, les populations de Tchaoudjo et tout le peuple tem, suivis de leurs chefs traditionnels, se sont levés comme un seul homme pour dire non à la violation flagrante de leurs traditions et pour affirmer leurs droits sur les terres qui les ont vus naître.

Persuadés de la légitimité des manifestations spontanées à Sokodé, à Kadambara et dans les autres villages, vu la gravité de la situation consécutive au clair-obscur du gouvernement, les membres de la Diaspora tem en Allemagne, réunis ce Samedi 22 Avril 2017 à Brême déclarent ce qui suit:

-considérant que l´intrusion du gouvernement à travers son ministre de l´Administration territoriale M. Payadowa Boukpessi dans la désignation d´un chef de canton en territoire tem en violation des pratiques traditionnelles est illégale,

-Considérant que le combat que mènent les chefs-cantons tem suivis de leurs populations est plus que légitime et mérite d´être encouragé,

-Considérant que les populations togolaises toutes ethnies confondues ont de tout temps cohabité en symbiose dans toutes les régions de notre pays,

-considérant que les kotokoli et les Kabye, deux ethnies sœurs, ont toujours vécu ensemble sans l´ombre d´aucune animosité,

-considérant que c´est la soif du pouvoir et la volonté de s´y éterniser qui ont poussé le régime Gnassingbé depuis Éyadéma à diviser pour régner et à instrumentaliser les ethnies en les opposant les unes aux autres.

-Considérant que le tissu social entre populations togolaises surtout et l´étendue du territoire national est tellement éprouvé à cause du règne cinquantenaire des Gnassingbé jalonné d´injustices de toutes sortes,

-considérant que la chefferie traditionnelle est constitutionnellement reconnue tel que le stipule l’article 143 de la constitution de la IVe République,

-considérant que le régime togolais en mal de légitimité, aux abois et désormais dos au mur, n´a d´autres choix que de recourir à cette stratégie criminelle qui consiste à essayer d´allumer des conflits ethniques qui n´existent pas.

Qui ne se souvient pas de ce début de génocide à Sotouboua en Mai 1992 perpétré par des activistes du RPT à la solde du régime Éyadéma?

Ce jour-là, des habitations et des mosquées furent incendiées et plusieurs membres de la communauté tem sauvagement assassinés. Jusqu´à ce jour, ces tueurs, plusieurs militaires déguisés en civil, pourtant identifiés, n´ont jamais été inquiétés.

Et c´est pour prévenir de tels crimes gratuits et éviter que l´étincelle apparemment anodine ne devienne incontrôlable que nous demandons au gouvernement togolais d´écouter les chefs traditionnels tem en évitant toute ingérence dans le choix d´un des leurs.

À Kpario, donc à Tchaoudjo le chef de la communauté allogène a le droit de célébrer ses us et coutumes kabye, mais ne peut jamais devenir chef de canton ou chef traditionnel des Tem dont il ignore d´ailleurs les us et coutumes. La jurisprudence traditionnelle, même non écrite, est sans appel à ce sujet.

C´est pourquoi nous demandons expressément au ministre Boukpessi et au Préfet de Tchaoudjo de cesser de surfer sur la fibre ethnique et de faire au gouvernement des rapports exprimant la volonté des populations tem quant au respect de leurs traditions.

Le Togo reste aujourd´hui un régime de dictature où seule la volonté du Chef de l´État compte. C´est pourquoi nous demandons personnellement à Faure Gnassingbé de sortir de son mutisme pour tempérer les ardeurs et le zèle des uns et des autres et trouver une sortie paisible de crise qui satisfasse les ayant-droits.

En cas de passivité avérée du Chef de l´État nous le mettons en garde et le tiendrons pour responsable de ce qui pourrait arriver.

L´instrumentalisation des ethnies à des fins électoralistes ne doit pas devenir la règle au Togo au risque de faire rompre le cordon social déjà trop fragile.

C´est pourquoi le gouvernement avec à sa tête Faure Gnassingbé doit faire preuve de volonté politique et trouver dans les plus brefs délais une solution qui éviterait que deux ethnies sœurs, que ce soit à Tchaoudjo ou ailleurs sur le territoire togolais, se regardent en chien de faïence.

Et la diaspora Tem en Allemagne réfute catégoriquement la proposition du ministre Boukpessi qui consiste à adopter une chefferie rotative.

Ceci étant, nous exigeons dans les meilleurs délais le choix et l´intronisation d´un chef de canton Tem à Kpario.

Nous tenons à réaffirmer la souveraineté inaliénable et éternelle des Tems en tant qu´entité ethnique sur toute l´étendue du domaine géographique Tem d´avant la colonisation.

Aux Chefs de Cantons et aux populations tem dont nous saluons l´unité, l´intelligence et le courage, nous demandons d´être vigilants et de ne pas lâcher la pression tant que nos légitimes revendications ne sont pas encore satisfaites. Ils peuvent à tout moment compter sur la diaspora tem en Allemagne et partant sur tous les membres de la communauté tem à travers le monde.

Fait à Brême, le 22 Avril 2017.
La Cellule de Réflexion de la Diaspora Tem en Allemagne.

www.icilome.com