Crise au Togo : un mort de plus à Sokodé, la ville « en état de siège »

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Un homme a succombé à ses blessures après avoir été « tabassé » par des hommes en uniforme à Sokodé, deuxième ville du Togo, où les commerces n’ont toujours pas rouvert et où les rues restent désertes, a-t-on appris samedi auprès de certains de ses habitants.

« Quand les soldats sont arrivés dans le quartier de Kuwawu Woro vendredi après-midi, tout le monde a fui », raconte à l’AFP un membre de la famille de la victime. « Des hommes en uniforme ont attrapé mon frère et ils l’ont frappé avec des barres de fer ».

« On l’a amené dans une clinique, puis au centre hospitalier de la ville, mais ils n’ont pu le réanimer », explique cette même source.

Un soignant de l’hôpital de Sokodé, sous couvert de l’anonymat, a confirmé samedi le décès de Moutaka Akondo, 36 ans, « frappé avec un pilon ».

La ville est « en état de siège », selon un autre habitant de Sokodé, contacté par l’AFP. La deuxième ville du Togo est le fief du Parti national panafricain, nouveau parti d’opposition qui rassemble une grande partie du nord du pays autour de la figure de son leader, Tikpi Atchadam.

Lundi soir, l’arrestation d’un imam, proche du PNP a déclenché une vague de violences entre les habitants et les forces de l’ordre. De nombreux bâtiments ont été incendiés, notamment des maisons des membres du parti présidentiel.

Depuis, les militaires « quadrillent les rues » et « entrent dans les maisons », selon de nombreux témoins sur place.

« Tout est fermé, il est même impossible d’acheter du crédit de téléphone à Sokodé », raconte à l’AFP Tom Feiyilley, correspondant d’un média local. « Les militaires empêchent la vie de reprendre, ils continuent à terroriser la population et tirent en l’air pendant la nuit pour accentuer la peur ».

C’est dans cette ville que les premières manifestations du 19 août ont fait deux morts, avant que treize autres partis se rallient au PNP pour former une coallition.

Depuis plus de deux mois, l’opposition organise des marches contre le pouvoir, pour demander une limitation non-rétroactive du nombre de mandats présidentiels, ainsi que la démission du président Faure Gnassingbé, à la tête du Togo depuis 2005, prenant la succession de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 38 ans.

Seize personnes, dont des adolescents et deux militaires lynchés par la foule, ont ainsi été tuées en à peine deux mois. Les violences ont fait quelque 200 blessés.

Jeune Afrique