Depuis deux mois, la tension politique est vive au Togo. Le 16 octobre, le mouvement de protestation contre le régime Gnassingbé s’est amplifié, faisant encore des morts.
Dans ce climat sociopolitique délétère, les religieux multiplient les déclarations.
Mercredi 18 octobre, de nouvelles manifestations de contestation du régime de Faure Gnassingbé sont annoncées au Togo, malgré l’interdiction « des marches les jours ouvrables » par le gouvernement. Des marches sont également prévues les 19, 30 et 31 octobre par les partis d’opposition pour dénoncer les 50 ans au pouvoir de la famille Gnassingbé.
Lundi 16 octobre, l’arrestation de Mohamed Alassani, imam d’une mosquée de Sokodé, une ville majoritairement musulmane, a provoqué de violentes manifestations de protestation.
Le leader religieux accusé d’appeler « à la violence, au meurtre et à la sédition », est un proche de Tikpi Atchadam, président du Parti national patriotique. L’opposant avait lancé, le 19 août, une protestation populaire, réclamant le retour à la Constitution de 1992 et la démission du président.
Les manifestations du 16 octobre ont fait 3 morts, une vingtaine de blessés et d’énormes dégâts matériels. Plusieurs bâtiments publics ont été incendiés dans cette localité de Sokodé, située à 317 km de Lomé. Les violences se sont également étendues sur les Lomé, Bafilo, Kpalimé.
Déclaration des cadres musulmans
Dans ce climat sociopolitique tendu, les confessions religieuses du pays ont fait diverses déclarations. Après les Églises chrétiennes, c’est au tour des musulmans d’interpeller l’opinion publique à travers une déclaration de l’Association des cadres musulmans au Togo (ACMT) publiée le 10 octobre. Cette association s’est dite préoccupée par « les violences exercées par les forces de défense et de sécurité sur les populations dans certaines localités » du pays tels que Sokodé, Bafilo et Mango après les manifestations des 6, 7, 20 et 21 septembre. Les cadres musulmans ont, en outre, appelé les Togolais « à bannir » la violence sous toutes ses formes, de leur mode de vie. Ils ont aussi dénoncé « l’instrumentalisation de l’Islam dans un conflit politique qui doit rester politique et trouver une solution politique », et appelé à « un dialogue franc et sincère ».
Déclarations des Églises protestantes et catholiques
Le 2 octobre, les Églises presbytérienne et méthodiste ont alerté les acteurs politiques et la communauté internationale sur « les risques réels d’explosion qui se profilent ». Dans leur déclaration – la troisième publiée cette année – les pasteurs protestants et méthodistes ont précisé qu’ils apportent « leur soutien à l’offre de médiation faite par l’Église catholique du Togo, à travers une interview de l’archevêque de Lomé, Mgr Denis Amuzu-Dzakpah, au journal La Croix ».
Le 17 septembre, les évêques catholiques avaient appelé le pouvoir à opérer « urgemment » les réformes constitutionnelles et institutionnelles demandées par le peuple, dont le retour à la constitution de 1992. Cette loi fondamentale modifiée en 2002 avait été amputée de la limitation du mandat présidentiel. Un avant-projet de loi portant modification des articles litigieux a été soumis à l’Assemblée nationale par le gouvernement, mais faute de quorum pour son adoption, l’exécutif a annoncé l’organisation d’un référendum réfutée par l’opposition.
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