Crise au Togo: les francs-maçons volent au secours de Faure Gnassingbé

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En deux mois de manifestations, près d’une vingtaine de citoyens sont tombés sous les balles des forces de l’ordre et plus d’une soixantaine sont blessés. Au sein de l’appareil gouvernemental, se trouvent des francs-maçons peu connus dont la mission devrait tendre vers la promotion des vertus de paix. Malheureusement, Christian Trimua, Christophe Tchao, encore moins Payadowa Boukpessi semblent loin de ces vertus.

« …Prenez les armes et faites ce que vous voulez », c’est par ces mots que l’ancien ministre de Faure Gnassingbé actuellement Secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Justice chargé des Relations avec les Institutions de la République, Christian Trimua s’est lâché sur une chaîne étrangère il y a encore un de temps. Mais sans que l’opposition ne brandisse d’arme, ce sont des miliciens qu’on a vus adoubés par les forces de l’ordre et qui ont parfois mortellement attaqué des citoyens sans arme. C’est à croire que la phrase était prononcée à dessein, comme pour dire : « …en tout cas, on vous attend » !

L’autre ancien ministre que la fonction élective aurait pu obliger à mesurer ses propos est Christophe Tchao, député et président du groupe parlementaire RPT-UNIR. « Si ce Togo-là brûle, nous brûlerons tous », a-t-il lâché sur les ondes. Comment sait-il que « nous brûlerons tous » s’il n’est pas dans les secrets des dieux ?

Le troisième personnage qui interpelle est le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, Payadowa Boukpessi. Après que lui-même s’est joint à la marche du parti au pouvoir organisée en semaine à coups d’espèces sonnantes et trébuchantes, ce qui a donné lieu à des désertions dans les services publics pour répondre présents, le personnage revient quelques jours après pour pondre un projet de loi devant restreindre les libertés de manifestations.

Si ces trois personnages étaient pris individuellement, leurs faits et propos ne choqueraient pas. Mais ils ont malheureusement une identité remarquable qui les oblige à un devoir de réserve : la franc-maçonnerie !

Christian Trimua est actuellement Vénérable Maître de la Loge Lys de Kara. Mais des informations font état de ce qu’il aurait été à la tête d’un groupe d’individus lugubres en 2005, lors de la captation sanglante du pouvoir par Faure Gnassingbé. Son nom a aussi abondamment été cité dans l’affaire des tueries de jeunes filles dans la banlieue d’Agoè il y a quelques années. On le disait violent par nature, mais reste à savoir s’il s’est assagi au fil des années. Apparemment non, au vu de ses envolées lyriques au sujet des armes dont devrait se doter l’opposition.

Payadowa Boukpessi est Vénérable Maître de la Loge Chaîne de l’Atakora de Sokodé. Depuis le début de la contestation populaire en août dernier, les populations de cette ville payent le plus lourd tribut en matière de pertes en vies humaines, sans que le ministre ne se sente interpellé. Or, on fait croire que la confrérie de la franc-maçonnerie est une confrérie de vertus. Quant à Christophe Tchao, il est aussi francs-maçons, sans encore de vénérabilité. Des rumeurs le disent avoir été très actif (sic) à l’époque au sein du Haut conseil des associations et mouvements estudiantins (HACAME) de triste réputation.

En effet, il se dit que la franc-maçonnerie est une école de la tolérance et de la vertu, vertu au sens moral. Pour cette confrérie, « une action n’est bonne que si le principe auquel elle se soumet peut être érigé en loi universelle ; agir moralement, c’est agir de telle sorte que tu puisses désirer, sans contradiction, que tout le monde se soumette aux mêmes principes que toi ». La franc-maçonnerie indique aussi que tout dialogue « implique une tolérance réciproque et l’idéal de la tolérance n’est pas un idéal dépassé ». Mais ces francs-maçons souhaitent-ils vraiment le dialogue dans la crise politique togolaise ou sa caricature? Il semble qu’aujourd’hui, ce que recherchent ceux qui prônent le dialogue, c’est de faire prévaloir leurs points de vue sur les autres, c’est-à-dire de soumettre ceux-ci à leur propre opinion. Raison pour laquelle les dialogues ressemblent à des polémiques – dérivé du mot polémos qui signifie guerre. Ces francs-maçons volubiles recherchent-ils vraiment un dialogue sincère ? Claude Darche, grande maçonne, croit que « le véritable dialogue consiste aussi à écouter l’autre s’enrichir de sa pensée et à rechercher l’épanouissement de chaque conscience dans la recherche commune de la vérité ».

La morale et l’honneur d’un maçon ? « C’est celui qui ne vit pas que du présent, mais réfléchit et anticipe l’avenir, élabore des plans pour le futur ; il se sent responsable de lui-même bien sûr, des êtres qu’il hérite, mais aussi de tous les autres femmes et hommes qui vivent sur cette terre, il se sent responsable de l’univers et ne fait pas partie de ces gens qui disent : après moi, le déluge ! non, il est de ceux qui disent : œuvrons, travaillons, transmettons, vivons d’espérance et de joie, et quand l’heure de la mort viendra, acceptons-la avec humilité comme la fin de notre existence terrestre. Je suis encore dans cette grande chaîne d’union qui nous relie, et là où je vais, s’il y a quelque chose à faire, je le ferai », dixit Claude Darche. En bref, ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse ! Mais à quoi assistons-nous au Togo ? En deux mois de manifestations, les forces de l’ordre et les milices reconnus par le Maçon Christophe Tchao comme acquis au pouvoir –« Nous avons du mal à maîtriser nos jeunes, il y a des débordements… nos jeunes sont allés dans une mosquée à Kara, mais ne l’ont pas brûlée… » – ont réussi la prouesse de tuer une vingtaine de citoyens. Combien de Togolais alors risquent de succomber à la barbarie si Faure Gnassingbé devrait demeurer au pouvoir, ne serait-ce que jusqu’en 2020 ? Alors que nous sommes encore à près de deux ans de l’échéance ? Et que se passerait-il s’il devrait aller au-delà ?

Aujourd’hui des maçons bafouent les vertus à eux laissées par leurs devanciers et prônent la violence, la guerre et des dialogues de pacotille. Mais que disent les autres, ceux qui pensent que certaines de leurs brebis s’écartent du droit chemin ? A moins qu’ils ne veuillent se rendre complices par leur silence assourdissant ! Les 7, 8 et 9 novembre prochains, des Togolais vont encore manifester leur ras-le-bol face à des soldats et autres miliciens dont l’objectif désormais est de décapiter la contestation. D’autres corps tomberont-ils encore et toujours avec la complicité des maçons ? Attendons de voir.

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