Un mouvement d’humeur parti de la ville de Sokodé (centre), où un Imam proche de Tikpi Atchadam, leader de la contestation contre le pouvoir togolais, a été arrêté lundi, a touché plusieurs villes du pays et la banlieue nord de la capitale.
Tout a commencé lundi peu après dix-huit heures à Sokodé, lorsque des éléments des forces de l’ordre ont procédé à l’interpellation de l’imam Al Hassan. Ce dernier, réputé proche de Tikpi Atchadam, est le coordonnateur du Parti national panafricain (PNP) à Sokodé, deuxième ville la plus peuplée du pays. Très vite, les militants du PNP ont envahi les rues de la ville pour protester contre cette interpellation. Plusieurs édifices sont partis en feu, dont le siège de l’Union pour la République (Unir), le parti au pouvoir.
Les affrontements entre forces de sécurité et jeunes ont duré une bonne partie de la nuit selon des témoignages recueillis sur place. Plusieurs résidences de ministres et cadres du parti au pouvoir ont été pillées et saccagées, la succursale de l’Union togolaise de banque (UTB) a également été attaquée. Le ministre de la sécurité, contacté par une radio locale mardi matin, a indiqué que l’imam Al Hassan, coutumier des prêches appelant à des violences, aurait récidivé lors de sa prédication du 13 octobre, et demandé à la population de s’en prendre aux forces de l’ordre. À la suite de quoi il a été interpellé sur ordre du parquet.
Contagion
Ces manifestations se sont rapidement propagées dans d’autres villes du pays et dans la banlieue nord de la capitale. Il était impossible par exemple de circuler sur la nationale numéro 1 à hauteur d’Agoè Zongo lundi dans la nuit. « De nombreux passants ont été passés à tabac par les manifestants qui ont érigé des barricades et qui semblaient vouloir en découdre avec les forces de l’ordre », témoigne un riverain.
Une source sécuritaire contactée par Jeune Afrique indique qu’il y a eu des blessés dans les rangs des manifestants et des forces de l’ordre, et même parmi les simples passants, sans toutefois donner de chiffres. Le siège du Parti national panafricain à Lomé a été saccagé dans la nuit par des éléments pour le moment non-identifiés. Ces tensions se produisent à la veille de nouvelles marches de l’opposition sur l’Assemblée nationale (le 18 octobre) et sur le siège de la Cedeao à Lomé (le 19 octobre) alors même que le gouvernement interdit désormais ces manifestations pendant les jours ouvrables. « Il faut qu’on se ressaisisse, notre pays ne mérite pas ça », a déclaré le ministre de la Sécurité, lançant un appel au calme.
Un calme précaire règne dans la région centrale et à Lomé, la capitale où le siège du Parti national panafricain (PNP) a été saccagé par des individus non identifié.
Les marches du 17 et 18 octobre prochains s’annoncent plus que jamais sous haute tensions. Entre une communauté religieuse qui veut le retour d’un de ses leaders et une opposition qui ne demande que le retour pur et simple à la constitution originelle de 1992, le cas Togo fait craindre un lendemain incertain.
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