Coupure d’Internet au Togo : Dictateurs nous sommes, dictateurs nous resterons

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Coupure d’Internet au Togo : Dictateurs nous sommes, dictateurs nous resterons

« Internet Society » et « Internet Sans Frontières » dénoncent la censure. Vous les reconnaîtrez à leurs œuvres », dit la Sainte Bible. Le dictateur a beau prendre la peau d’ange, il finit par se laisser découvrir, dans sa vraie nature. D’un dictateur, il y a des signes qui ne trompent pas. Et ils se manifestent plus que jamais au Togo, auprès de Faure Gnassingbé et sa minorité de profiteurs qui croient, naïvement, que le pouvoir leur restera entre les mains ad vitae aeternam. En coupant Internet, le Togo s’est une fois encore mis en marge des pays civilisés.

Au lieu de chercher à écouter son peuple, qui lui rappelle ses promesses non tenues et son dilatoire devenu manifeste, le pouvoir a choisi de couper, au Togo, Internet. En coupant le réseau des réseaux, le pouvoir sait bien qu’il prive les citoyens d’une ressource devenue vitale aujourd’hui. Internet est devenu un bien de grande consommation et dont la coupure ou la perturbation est désormais considérée comme une violation des droits de l’Homme.

Cette censure, ils l’assument d’ailleurs, sans aucune gêne. L’une des gueules puantes du régime-suivez nos -regards n’a pas du tout montré de l’embarras en ce qui concerne cette décision très populaire. Au contraire, il l’a défendue sur une radio de la place en prétendant que c’est pour contenir des menaces de sécurité dans le pays. Lorsque, eux, devraient marcher, il n y’avait pas de menace pour qu’Internet soit coupé. Mais il a fallu que les citoyens décident de marcher pour exprimer un mécontentement pour que cela soit assimilé à de l’insécurité nécessitant la mise en œuvre de mesures extrêmes. Tout le monde sait pourtant que seule la vérité constitue une insécurité pour le régime. Ceux qui pensent que les Togolais n’avaient pas à rougir après la mort de deux personnes, parce que, ailleurs au Kenya, une dizaine de personnes ont été tuées, ont en réalité peur que les images de leurs atrocités ou des démonstrations du peuple ne se retrouvent sur le plan international. Un vrai coup d’épée dans l’eau.

Couper Internet aujourd’hui est totalement contre-productif. Car il ne permet presque jamais d’atteindre les objectifs visés. Ce n’est pas parce que le Cameroun anglophone, de l’autre dictateur africain, avait été privé d’Internet que les informations ne sortaient plus ou que les populations ont abandonné leurs doléances. Plusieurs mois de black-out n’ont pas suffi à étouffer les aspirations des Camerounais à plus de justice sociale. Aujourd’hui avec le développement des technologies de l’Information et de la Communication et avec une superficie aussi petite que celle du Togo, il est totalement insensé de penser qu’on puisse empêcher les Togolais de communiquer en ce 21e siècle. Qu’à cela ne tienne, les dictateurs ont toujours ceci de commun qu’ils s’investissent beaucoup dans des pratiques qui leur font une contre-publicité, mais finalement n’arrivent pas à leur garantir une sécurité éternelle. Au contraire, cela contribue davantage à renforcer les fronts qui s’opposent à eux dans leur détermination à se débarrasser d’eux.

La censure du pouvoir n’a pas manqué de susciter des réactions au sein des organisations internationales qui défendent les libertés numériques. C’est le cas d’« Internet Sans Frontières » qui a condamné « avec la plus grande fermeté cette atteinte à la liberté d’expression en ligne des citoyens togolais, et a exhorté les autorité togolaise à user des voies conformes au droit international pour assurer un équilibre entre la protection des libertés, notamment la liberté d’expression et la préservation de l’ordre public ».

Internet Society Togo aussi a réagi pour condamner vigoureusement la censure (voir le communiqué).

Par ailleurs, le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, dans une résolution datant du 1er juillet 2016 devenue une décision référence, indique « les restrictions de l’accès à l’information sur Internet». Contrairement à ce que prétendait Gilbert Bawara sur une radio locale, la décision de couper Internet n’est pas une pratique de civilité dont on devrait se vanter sur un média. Et comme pour toute violation, les auteurs peuvent rester impunis tant que le système qui les couvre continue de les couvrir ou d’exister. Mais comme on le sait, même les pires dictatures du monde ont un jour connu une fin.

EXTRAIT DE LA DECISION DU CONSEIL

« Le Conseil condamne sans équivoque les mesures qui visent à empêcher ou à perturber délibérément l’accès à l’information ou la diffusion d’informations en ligne, en violation du droit international des droits de l’homme, et invite tous les États à s’abstenir de telles pratiques et à les faire cesser. Il souligne qu’il importe de combattre les appels à la haine qui constituent une incitation à la discrimination ou à la violence sur Internet, notamment en encourageant la tolérance et le dialogue.

Le Conseil affirme que les mêmes droits dont les personnes disposent hors ligne doivent être aussi protégés en ligne, en particulier la liberté d’expression, qui est applicable indépendamment des frontières et quel que soit le média que l’on choisisse, conformément aux articles 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Il invite tous les États à aborder les préoccupations de sécurité sur Internet conformément à leurs obligations internationales relatives aux droits de l’homme afin de garantir la protection de la liberté d’expression, de la liberté d’association, du droit à la vie privée et d’autres droits de l’homme en ligne, d’une manière qui garantisse la liberté et la sécurité sur Internet afin que celui-ci puisse rester une force dynamique génératrice de développement économique, social et culturel ».

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