L’épidémie des coups d’État qui secoue l’Afrique de l’Ouest a atteint l’Afrique centrale, avec le renversement du régime d’Ali Bongo Ondimba au Gabon par les militaires. Les putschistes ont pris d’assaut la Gabon 24 télévision, la chaîne nationale, pour annoncer la dissolution de toutes les institutions et mettre fin à la dynastie au pouvoir depuis 56 ans. La crise a éclaté après la proclamation des résultats d’élections présidentielles largement contestées par le peuple gabonais. Le président de la commission électorale a déclaré Ali Bongo Ondimba vainqueur avec 64,27% des voix, malgré des allégations de fraude électorale et des rapports indépendants suggérant que le principal challenger, Albert ONDO-OSSA, aurait remporté le scrutin.
Le père feu Albert Bernard Omar Bongo Ondimba avait l’habitude de dire : « On n’organise pas les élections pour les perdre ». Le fils appliquait cette recette depuis son accession au pouvoir en 2009 après le décès de son père. Les Bongo comme les Gnassingbé au Togo, se sont toujours arrangés pour inverser les résultats des élections, ceci avec la complicité d’une certaine opinion internationale. Sauf que cette fois-ci, dans une Afrique en pleine effervescence, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les suspensions des médias nationaux et internationaux, le refus des observateurs, la coupure de l’internet; des méthodes de voyous généralement utilisées par ces fils à papa pour s’assurer leur victoire frauduleuse; n’ont pas suffi pour sauver la dynastie Bongo à la tête du Gabon depuis 56 ans, voire plus.
Les militaires en arbitre du jeu électoral ont pris leurs responsabilités devant l’histoire à la grande satisfaction des populations qui sont sortis massivement pour prendre d’assaut les rues. Plusieurs membres de la famille, les proches, les ministres et responsables d’institutions sont aux arrêts et Ali Bongo Ondimba lui-même serait en résidence surveillée, entouré de ses médecins, selon les militaires. Dans les rues au Gabon, contrairement à certains pays en Afrique de l’Ouest, aucun drapeau russe, pas de poster de wagner dont le patron a été récemment liquidé en Russie.
Du coté de Paris, on s’est contenté d’une condamnation de principe et on suit l’évolution de la situation. Mais de l’avis de plusieurs spécialistes et des sources bien renseignées, Paris n’est pas loin de ce putsch et, le fait qu’Ali Bongo Ondimba s’adresse dans une vidéo à ces partisans en anglais en est une preuve. De toute façon, les choses vont s’éclaircir dans les heures qui suivent.
Panique dans les rangs du pouvoir de Faure Gnassingbé au Togo
L’exécution le 25 décembre 1989 du dictateur roumain Nicolae Ceausescu et son épouse Elena dont les images ont fait le tour du monde a traumatisé Mobutu Sesseko au point qu’il avait limogé son ministre de l’Information qui a laissé passer la vidéo à la télévision nationale. Dans le même sillage, la pitoyable vidéo d’Ali Bongo Ondimba appelant ses partisans et amis à faire du bruit qui circule sur la toile a rendu l’ambiance glaciale au palais de Lomé 2.
Faure Gnassingbé au pouvoir depuis plus de 18 ans grâce aux fraudes électorales, est devenu par enchantement le parrain des putschistes de l’Afrique de l’Ouest. Son éternel ministre en charge des Affaires étrangères Robert Dussey n’hésite même pas à déclarer dans certains journaux : « La CEDEAO ne peut ignorer la clameur populaire en faveur des régimes militaires ». Faure Gnassingbé et son copain ministre des Affaires étrangères étaient loin de s’imaginer que le coup d’Etat allait s’inviter dans le jardin de l’un de leur plus grand allié en Afrique centrale. C’est chose faite désormais.
Pour ceux qui ne le savent pas, avant l’accession du fils Deby Itno au pouvoir, le Togo et le Gabon constituent en Afrique Subsaharienne les deux régimes de transmissions dynastique du pouvoir. Faure Gnassingbé a capté le pouvoir dans le sang en 2005 à la suite du décès de son père qui a passé 38 ans au pouvoir et, 4 ans plus tard, Ali Bongo s’est également emparé du pouvoir après 40 ans de règne de son défunt père. Les deux régimes se sont rapidement rapprochés et, selon des sources autorisées, il existe même un pacte secret entre les deux fils à papa pour la conservation du pouvoir par tous les moyens. Tous les moyens y compris même les plus inimaginables à savoir réseau maçonnique, pratiques mystiques, obscures, sataniques, etc.
Victime d’un AVC depuis 2018, Ali Bongo Ondimba reçoit pratiquement et officiellement Faure Gnassingbé 5 fois par an. De curieuses visites qui se soldent souvent par la formule consacrée « renforcement des relations entre pays frères ». Si Ali Bongo Ondimba, lui, n’est arrivé qu’une seule fois à Lomé depuis plus d’un an; des individus aux profils assez obscures circulent entre les deux pays régulièrement, soit à Libreville, Lomé ou Pya. C’est au nom de ce pacte entre les deux familles que Kpatcha Gnassingbé, pensionnaire du pavillon militaire à Lomé et toujours en détention, s’est retrouvé à Libreville quelques mois avant de retrouver la capitale togolaise il y a quelques semaines.
Ali Bongo Ondimba comme Faure Gnassingbé, après ses deux mandats a tripatouillé la constitution pour s’offrir un troisième mandat. En réalité, vu ses crimes de sang et les crimes économiques, malgré son état de santé, il a fait le choix de mourir au pouvoir. A la veille du scrutin présidentiel qui s’est déroulé le dimanche 26 août dernier, Faure Gnassingbé a dépêché une délégation de son parti UNIR (Union pour la République) pour apporter le soutien du régime togolais au troisième mandat de son ami du Gabon. Atcholé Aklesso, Secrétaire Exécutif d’UNIR, Chantal Dzigbodi Tsegan, présidente de l’Assemblée nationale togolaise, étaient à l’investiture du candidat du PDG Ali Bongo Ondimba. Ce dernier leur a d’ailleurs accordé une audience privée à l’issue de laquelle les deux envoyés ont déclaré être porteur d’un message de soutien de Faure Gnassingbé à Ali Bongo Ondimba. Sauf que le fameux troisième mandat qu’Ali Bongo Ondimba s’apprêtait à usurper comme toujours n’aura duré que 30 mn, entre 4h 30 mn et 5h. Lui et sa famille, ses proches sont désormais au frais bien gardés par les mêmes militaires qu’ils utilisaient hier pour terroriser le peuple.
Dans l’entourage de Faure Gnassingbé où on met les bouchées doubles pour un 5è mandat dans 18 mois, l’ambiance n’est pas à la gaieté. Les nouvelles du Gabon apparaissent comme une douche froide. Mieux, c’est la panique. En 18 ans de règne, le fils d’Eyadema aura, sans aucun bilan significatif, créé des ennemis partout en commençant par sa propre famille, dans l’armée avec le procès de Felix Abalo Kadanga en vue. Quant aux opposants, journalistes, activistes, c’est soit l’exil, la prison, la mort ou le ralliement. Il devra désormais passer le reste de son temps à la tête du pays dans une paranoïa permanente, surtout qu’il reste fidèle au conseil de son père : « Papa m’a dit de ne jamais laisser tomber le pouvoir ».
Ali Bongo Ondimba pensait également la même chose et voulait mourir au pouvoir, mais il s’est retrouvé avec tous ses proches dans la merde et l’heure des comptes a sonné pour ces gens qui, durant plus de 50 ans, se sont illustrés par des assassinats, des sacrifices humains, des détournements, etc. Faure Gnassingbé qui est un pur produit de la France a commencé depuis 2020 à jouer un jeu d’équilibriste et trouble dans la région. Un pied en France, un autre en Russie. L’unique objectif de cette escroquerie est de conserver le plus longtemps possible le pouvoir. Il est même devenu par enchantement panafricaniste et se propose si on s’en tient à son ministre des Affaires étrangères, une conférence sur le panafricanisme au Togo avec l’appui des Alain Foka, Claudi Siar et autres. Sacrilège !
La dynastie des Bongo relève désormais de l’histoire comme pour dire : toute chose à une fin. Faure Gnassingbé saura-t-il tirer les leçons de la chute humiliante de son frère jumeau et trouver une porte de sortie à la fin de son mandat en cours ? Les jours à venir nous situeront.
La Rédaction
Source : presse-alternative.info
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Source : Togoweb.net