« Le sens révolutionnaire est un sens moral ». Dans Les Misérables, Victor HUGO tire les leçons de l’incroyable tragédie existentielle, des supplices, des confinements de l’homme aux conditions épouvantables qui le ravalent au plan de la bête pour fleurir une oasis des jouisseurs impénitents qui finissent par croire que quand la fortune soutient leur inconduite de Seigneurs, ils méritent vénération de leurs « obligés », de leurs victimes. Le déclassement méthodiquement brutal que les seigneurs imposent à ceux qu’ils dénaturent pour les transformer en des loques au service exclusif de leur cause, de leur fortune, comporte en lui-même les germes d’une révolution de consciences
Tout système d’exploitation, de servage, d’esclavage, de mépris de la vie provoque des lacérations béantes dans les cœurs et dans les âmes pour susciter chez les victimes des intuitions infaillibles de l’instinct de liberté. Tous les hommes sont gracieusement pourvus de conscience. Les tribulations, les souffrances indicibles, si elles se prolongent sans aucun horizon de soulagement, de liberté, fermentent la haine des victimes qui se mue en un venin mortel, ingénieux et clairvoyant. Pour peu que les peuples en souffrance ordonnent leur raison, ils y dégagent incroyablement une cohérence et appréhendent avec lucidité les escalateurs à inventer pour se sortir de l’abîme. Leur audace dérive de la proportion des obstacles dressés sur leur chemin.
Dans une République étranglée par des parvenus-pilleurs qui croient au verrouillage des institutions et à la puissance de feu des appareils de répression, le règne d’usurpation et de brigandage politique secrète en lui-même dans la durée les armes imparables de la délivrance. Le temps fait toujours son œuvre ; il a un secret, celui d’élever à la lumière ceux qui sont injustement abaissés, parce que leur expérience devient féconde, énorme pour inciter naturellement à une transcendance de leur désastre.
Aujourd’hui au Togo, les faux-serments sur les résultats du combat démocratique, les évitements éternels d’exécution de l’Accord Politique Global (APG) autant que le refus de l’ordre logique des Recommandations de la Commission Vérité-Justice et Réconciliation (CVJR) impriment à la collectivité nationale un brillant esprit de discernement et un tranchant réflexe de mobilisation. La rue revient au galop et l’expression populaire flambe de son incandescence contre les errements politiques d’un clan dynastique aux subterfuges et diversions dénués de sens.
L’autonomie de la conscience du peuple ne lâche pas ses aspirations, ses volontés claires et ses espérances. Elle se fait remorquer par des leaders de la droiture, de la rectitude pour une mutation socio-historique, politico-civique absolument nécessaire à l’oxygénation du vivre-ensemble
Comment renforcer les consciences, les fortifier à la responsabilité et au devoir patriotique de conquête du pouvoir ?
Quelle place faire aux forces nouvelles de ravitaillement de la résistance nationale pour libérer la patrie par le Grand Rassemblement des combattants aux visions démocratiques pour l’égalité des citoyens ?
1) Une stratégie d’éclatement de la responsabilité citoyenne
Toute responsabilité est lourde à assumer et sans responsabilité, il n’y a pas d’action d’engagement pour construire le présent et s’orienter vers l’avenir. Partout, nous devons marteler ce principe dans la formation militante pour un patriotisme vivifiant. Ils sont bien conscients, et massivement, d’une relégation dans la pénombre de l’évolution sociale, économique, démocratique qui exclut le partage de la richesse nationale et des jouissances nécessaires au bien-être des peuples
Si dans la représentation de chaque citoyen, nous érigeons l’éthique de la responsabilité et ses valeurs, alors seulement les populations comprendront qu’on n’attend pas l’avenir comme un train de générosité qui nous livre à souhait ce dont nous avons besoin.
Un pouvoir de la rapine, d’enrichissement illicite, de la spoliation aux embruns d’injustice n’a que des hosties de l’indigence à distribuer et des chaînes à nous mettre au cou pour triompher de nous. Tout Togolais de bonne conscience sait souverainement de son jugement autonome que les commodités existentielles autant que les protections élémentaires de masse sont cruellement dans une politique du manque pour mieux nous asservir. L’esprit qui préside au règne des prédateurs impénitents est absolument l’avidité du gain et de la fortune. Ce paradoxe d’administration d’une République doit nous élever à la lutte âpre pour recouvrer notre dignité citoyenne, notre fierté civique sans lesquelles nous ne sommes que des choses dépourvues de résolution.
La minorité « fauriste » est une lamelle de jouisseurs accoutumée au brigandage politique avec la peur au ventre dès que l’unité d’action citoyenne s’exprime. Elle n’a qu’un seul recours, la brutalité fauve, c’est-à-dire un réflexe de représailles dans un jeu de bouc-émissaire.
Tous les tyrans en difficulté face à l’insurrection citoyenne procèdent ainsi. Mais, dans la résistance étanche des peuples, ils n’ont d’autre choix que la sépulture précoce ou l’abandon de leur pouvoir. Ce qui signifie qu’ils sont foncièrement fébriles pour être dans la durée des gagneurs, quand la rage populaire se durcit en un séisme proprement engagé par les forces vives rassemblées pour défendre la République.
Apprenons à notre peuple que la misère lancinante, globale dans tous les compartiments de notre société nous livre fatalement à la mort, à chaque instant et tous les jours. Si nous nous persuadons que nous pouvons nous en sortir, préparons-nous à diffuser sur l’ensemble géographique la hargne de la responsabilité citoyenne qui libère les peuples.
Les leaders politiques qui se battent contre l’unicité d’action ou qui se singularisent par leur étroitesse d’esprit à s’isoler dans l’action politique n’ont plus de bouclier pour se protéger de la foudre populaire. Le « faurisme » est une citadelle prenable à la seule condition que la vaillance citoyenne crache sa bile sur toute l’étendue du territoire et dans la diaspora. Nous n’avons plus le droit de reculer ni de répit dans ce nouveau surgissement de la conscience citoyenne qu’il faut entretenir dans une coordination propre, effervescente, brûlante, avec cet objectif clair de restauration de la République.
Préparons-nous à des mobilisations-marathons ou de relais zone par zone, dans un quadrillage savamment organisé de notre pays. La coordination est une exigence populaire de la mobilisation pour un grand Rassemblement de l’Opposition en laquelle nous nous reconnaissons aisément. Engageons-nous, pendant trois semaines, à faire naître simultanément des épicentres au bouillon de l’engagement citoyen pour régler définitivement la question togolaise. Nous avons échappé à la technique de l’usure du temps propre au RPT/UNIR qui a longtemps rêvé se passer du consensus républicain qu’est l’Accord Politique Global et des Recommandations de la CVJR. Tous les indicateurs socio-politiques du rebond démocratique attestent que rien ne confine les Togolais à la résignation. Le renoncement à nous-mêmes n’est surtout pas notre principe de la vie. Nous approuvons fortement Honoré de BALZAC dans César Biroteau où il déclare : « En se résignant, le malheureux consomme son malheur ».
Nous sommes nés pour la liberté. De la mise en place des populations jusqu’au royaume d’Agokoli et aux séquences de la résistance avec les ramifications du mouvement de l’indépendance étendues aux mouvements du 05 Octobre 90, ce peuple n’a jamais renoncé à recouvrer ses aspirations profondes et s’élever à la proportion de ses ambitions.
2) Le temps de vérité
Le réveil des Togolais pour un renouveau de la lutte n’est certainement pas soudain. Il y a des solutions qui se forment d’elles-mêmes lorsque les circonstances militent en faveur de l’urgence d’un sursaut. La flamme de la résistance citoyenne passe à une vitesse de gradation quand les dirigeants se moquent d’eux-mêmes pour s’exposer en de singuliers pantins dans des subterfuges écœurants au lieu de s’atteler à réaliser les volontés clairement manifestes des populations.
Le flambeau de la résistance est dans l’âme des citoyens togolais. Il est longtemps précieusement conservé par le plus grand parti de l’opposition en osmose avec des leaders de valeurs acquis à la cause du vrai changement et de l’alternance démocratique. Aujourd’hui, il est ravitaillé par le Parti National Panafricain (PNP) qui devient une force nouvelle de transfusion d’un peuple anémié par des années de combat. L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) et le PNP sont condamnés à répondre aux réclamations populaires. Leur jonction, leur apparentement stratégique pour l’unité d’action devient une exigence apodictique, c’est-à-dire absolument nécessaire approuvée par la bonne foi d’un peuple enfin remis en confiance pour un accomplissement rageur qui entraîne tous les autres partis en lesquels nous nous reconnaissons véritablement comme des affluents appréciables de la convergence pour l’unité de frappe imparable de la tyrannie invétérée des GNASSINGBE.
Même les forces de défense et de sécurité ont acquis une expérience contagieuse de leurs diverses missions de maintien de la paix. Elles ne peuvent pas continuer à abattre les manifestants pacifistes pour sauver un homme, un régime totalitaire. Ceux qui commettent des crimes, eux aussi, en paient un lourd tribut. Le phénomène est observable chez les soldats américains dans toutes les guerres. Il n’est pas non plus absent dans les casernes européennes et africaines. Les corps habillés au Togo doivent jeter un regard sur la vie de tous les zélés trempés dans les massacres des Togolais et dans les crimes gratuits pour protéger un régime proprement ingrat et qui se débarrasse aisément de ses hommes de mains aux ordures multiples. Ceux qui versent le sang de leurs propres mains par cynisme ou par zèle ne savent plus grandir. La quiétude les quitte à jamais. Cette loi de la nature doit intégrer l’auto éducation de ceux qui sont déployés sur le terrain du service d’ordre. Une convergence citoyenne forte, légale, constitutionnelle dans les rues est aussi au service des corps habillés. Nous devons tous, à cet effet, retenir dans Servitude et Grandeurs françaises de Louis ARAGON : « C’est un grand moment de la vie d’un peuple que celui où tout le monde ou presque tout le monde s’applique à employer les mots dans leur véritable sens ».
Nous voulons tous le changement total, globalisant et sans exclusion. Cette volonté populaire est une vérité manifeste dans les cœurs et dans les rues. Elle diffuse sa contagion de solidarité qui appelle toutes les forces de la Nation, y compris les forces de défense et de sécurité à l’unité d’action de libération de la patrie.
Le peuple togolais s’appartient à lui-même. Il écrit une nouvelle page de son histoire à l’encre de sa dignité et de sa responsabilité. Cette destinée échappe aux corps habillés autant qu’aux leaders politiques qui ont l’obligation morale de suivre les sillons populaires que trace l’engagement citoyen. FABRE a éduqué les Togolais à la résistance. TIKPI ravitaille cette résistance parce que le peuple togolais est tout à fait prêt à passer à une nouvelle dynamique pour rompre définitivement les chaînes de la dynastie des GNASSINGBE. Les Che GUEVARA naissent partout où les sociétés sont en fractures minoritaires de jouisseurs de fortune qui condamnent la grande majorité au supplice cruel du manque. Quand une jeunesse et son peuple comprennent, comme NAPOLEON 1ER dans sa Lettre à Alexandre 1er, le 02 février 1808 qu’ « A tout peuple conquis, il faut une révolte », ils transcendent la peur et ils sont dans une dimension de confiance en eux-mêmes qui fait tomber les empires
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