Les 26 et 27 mars derniers s’est tenue en distanciel la réunion ministérielle de la huitième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 8). Deux thèmes principaux étaient à l’ordre du jour des échanges. Il s’agit de l’atteinte d’une « croissance durable et inclusive avec une réduction des inégalités économiques » et la construction d’une « société durable et résiliente fondée sur la sécurité humaine » sur le continent africain. Le Togo, champion dans les emprunts obligataires, en a profité pour demander une annulation des dettes.
Le Togo s’est fait représenter lors de ce rendez-vous par la Secrétaire Générale de la Présidence de la République, chargée du Climat des affaires, Sandra Ablamba Johnson. Selon les informations, la ministre togolaise a axé son intervention sur la croissance durable, les effets des crises sécuritaires et sanitaires sur les flux de financement, la dette intérieure et la mobilisation des ressources en Afrique. Elle a profité de sa tribune pour faire un plaidoyer en faveur de l’annulation de la dette intérieure et la mobilisation des partenaires pour une relance de l’économie africaine. « Je voudrais lancer un appel pressant à l’ensemble de nos partenaires en vue de renforcer au-delà d’une éventuelle suspension de la dette, toute initiative visant l’annulation de la dette de nos Etats. En outre, une attention particulière devrait être également accordée à la problématique de la dette intérieure avec la possibilité d’apporter un soutien à sa convertibilité en une dette soutenable et à plus longue maturité », a-t-elle déclaré.
L’officielle a également -et ce n’est pas une première fois- sollicité « la mobilisation des partenaires à travers la réallocation des Droits de Tirages Spéciaux (DTS) ». Pour ceux qui ne sont pas des habitués des termes économiques, les DTS représentent la monnaie que peut émettre le FMI en faveur d’un pays afin que ce dernier dispose de la liquidité immédiatement. L’instrument créé en 1969 donne aux pays la possibilité de « tirer » jusqu’à un certain plafond des liquidités.
En lançant cet appel, Sandra Ablamba Johnson demande aux pays riches, partenaires du Togo, de céder une partie de leurs DTS aux pays africains. Mais en arrière-plan de cette sollicitation, la ministre plaide d’abord pour son pays le Togo. Un pays spécialisé dans la politique de la main tendue et dirigé par des personnes promptes à faire la manche, malgré les nombreuses ressources dont dispose le pays.
Habituée à courir derrière les fonds tel que le recommande le « leadership » de Faure Gnassingbé, la ministre demande aux partenaires une suspension de la dette ou carrément une annulation, ou encore transformer la dette à payer à court terme en dette payable sur le long terme. Autrement dit, repousser l’échéance de la dette.
Cet appel est lancé aux partenaires alors que le pays ne cesse de cumuler les dettes. Déjà pour le compte de l’année 2022, le Togo a levé 30 milliards de francs CFA à travers l’émission d’emprunts obligataires. De novembre 2021 à mars 2022, cela fait au total 85 milliards de FCFA d’emprunts obligataires pour une maturité de 15 ans. « Cette année, le pays ouest-africain prévoit de mobiliser 550 milliards FCFA pour financer son budget estimé à 1 779 milliards FCFA », rapporte le site d’information Togofirst. Ce qui veut dire que le 1/3 du budget est financé par des emprunts obligataires, donc des dettes. La part des sociétés d’Etat est quasi-invisible. Pourtant, Faure Gnassingbé et ses collaborateurs ont un train de vie digne des Emirats où le pétrole coule à flots.
C’est bien de dire que le Togo est un pays pauvre et qu’il faille le soutenir. Mais depuis des décennies que le pays vit de la mendicité d’Etat, qu’est-ce qui a changé ? Certains étrangers, pour bluffer les gouvernants, disent que le visage du pays a changé en termes d’infrastructures, mais c’est lorsqu’ils tombent malades à Lomé et regagnent vite fait leurs pays d’origine qu’ils se rendent compte que le Togo n’a pas d’hôpitaux dignes de ce nom, mais des cases de santé. Ils ne savent pas que même dans le Grand Lomé, les gens manquent d’eau potable et que des écoles ne disposent pas de salles de classes, encore moins de bancs.
C’est un beau plaidoyer qu’a fait la SG de la présidence de la République, mais la question est de savoir si tout ce qu’elle demande serait possible si les pays partenaires du Togo géraient leurs finances et leurs ressources comme le font les autorités togolaises. Si l’Allemagne, la France, les USA, la Chine, le Japon, l’Angleterre et autres pays riches géraient leurs ressources comme on le fait au Togo.
« Mme la ministre, est-ce que les pays dont vous sollicitez le soutien auraient la capacité de vous aider si les scandales de détournements des deniers publics étaient impunis ?, s’interroge un acteur politique. Auraient-ils de liquidités à injecter dans votre économie s’ils détournaient des centaines de milliards dans la gestion du carburant ? Le Rwanda qui inspire tant Faure Gnassingbé aurait-il des infrastructures routières si chaque kilomètre de bitume devrait être financé à trois reprises par des prêts ? ».
La solution pour que le Togo cesse d’appeler à l’aide viendra de la gestion responsable des ressources du pays, une véritable lutte contre la corruption… C’est plus efficace que la propagande tous azimuts à laquelle on assiste au Togo.
Sur un autre plan, on peut comprendre à travers cet appel à l’annulation des dettes, le recours automatique aux emprunts obligataires et la multiplication des taxes, que le Trésor public togolais est en difficulté.
G.A.
Source : Liberté / libertetogo.info
Source : icilome.com