Il fallait oser. Une Française a porté devant les tribunaux le désert sexuel de son couple et obtenu gain de cause. Elle reprochait à son conjoint, avec qui elle était mariée depuis 21 ans, de la délaisser sexuellement. La cour d’appel d’Aix-en-Provence a estimé qu’il y avait préjudice et a condamné le mari à lui verser 10 000 euros de dommages et intérêts.
Cet arrêt a été rendu en mai dernier mais il n’a été révélé que cette semaine, dans la Gazette du Palais. Le juge des Affaires familiales de Nice qui avait prononcé le jugement de divorce de ce couple en 2009 l’avait déjà fait aux torts exclusifs de l’époux.
Le mari s’est défendu en récusant l’absence de désir mais en expliquant qu’il était bien trop fatigué pour faire l’amour. En effet, il a évoqué un simple espacement des rapports, du fait de ses problèmes de santé et d’une fatigue chronique générée par ses horaires de travail. Cela n’a pas suffi. Les magistrats ont estimé que cela ne justifiait pas une incapacité totale. Pour les magistrats aixois, les attentes de l’épouse étaient légitimes dans la mesure où les rapports sexuels entre époux sont notamment l’expression de l’affection qu’ils se portent mutuellement.
Pour l’avocate Emmanuelle Pierroux, dont les propos ont été récueillis par l’AFP, la thèse développée par les magistrats aixois est erronée et choquante car le devoir conjugal n’implique pas nécessairement l’existence d’une sexualité active entre époux. « À quand, ironise-t-elle, l’élaboration d’un tableau des préjudices d’abstinence forcée sur le modèle de ceux des maladies professionnelles, annexés au Code de la Sécurité sociale ? »
Faut-il s’effrayer de voir le lit conjugal ainsi livré en pâture ? Se réjouir de constater que l’épanouissement sexuel d’une femme soit pris en compte dans ce jugement, là où la morale populaire veut que ce soient plutôt les hommes qui réclament des rapports ? Ou compatir pour cet homme qui va probablement mettre des années à se reconstruire un semblant de virilité ?
Source : www.cameroonweb.com