En cette journée des cancers pédiatriques, qui touchent chaque année 2 550 enfants, gros plan sur un atelier où les petits malades, comme Camille, apprennent à se réapproprier leur corps.
Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir lui mettre sur cette tête en argile ? Camille hésite : couronne ou renard ? La première aurait du sens, particulièrement. Car, ce mercredi-là, est un jour particulier pour la petite princesse de 8 ans. A l’institut Gustave-Roussy de Villejuif (Val-de-Marne), on célèbre la « fin du protocole », explique sobrement Laëtitia, sa maman.
Comprendre, la dernière des chimiothérapies pour battre à plate couture ce satané ostéosarcome qui s’est logé un matin de juin dans son petit genou droit. Comme il l’a fait avec elle, le cancer s’attaque chaque année à 2550 enfants. Ce vendredi 15 février, c’est la journée internationale contre le cancer pédiatrique. Une journée pour dire aussi aux familles que les avancées sont bien réelles. Une journée pour appeler chacun à soutenir la recherche*.
Finalement, Camille opte pour le renard. « Ben oui, c’est mon animal préféré », résume-t-elle d’un haussement d’épaules. En plus, elle en a déjà vu un, dans son jardin à Chartres (Eure-et-Loir)… il avait mangé une poule ! Alors, sur sa jolie robe pailletée, l’écolière enfile un tablier. Et là voilà, droite sur le fauteuil roulant qui lui est – pour l’instant – nécessaire, en train de modeler la terre dans l’atelier art plastique au cœur de l’hôpital où elle passe une batterie d’examens.
Yeux qui se creusent et têtes nues
Depuis plusieurs semaines, Gustave-Roussy et le musée parisien Rodin se sont associés pour proposer aux enfants malades de 5 à 23 ans un programme d’art plastique autour du corps, eux dont le leur a été malmené par la maladie.
« Le corps change beaucoup. C’est du poids perdu, un visage plus pâle, des yeux qui se creusent. Notre fille faisait de la danse classique, elle est très coquette. C’est très important qu’elle se le réapproprie, apprenne à l’aimer, à se trouver belle », explique sa maman, qui partage avec la cadette de ses trois enfants le même bracelet avec le visage de Jésus, symbole d’une foi à laquelle la famille soudée s’accroche plus que jamais.
Bien sûr, un détail frappe sur les sculptures que réalisent les enfants. Ce sont des têtes nues. Sur celle de Camille, il y a un adorable foulard bleu et rose. Avant le vilain diagnostic, d’immenses cheveux blond vénitien tombaient jusqu’en bas du dos. Quand il a fallu les couper, elle a demandé à garder la tresse. « Là, elle voit que cette sculpture est sans cheveux mais que c’est une tête forte ! s’enthousiasme Laëtitia. Si belle qu’elle sera exposée ! » Et pour cause, le fruit du travail fait l’objet d’une vidéo diffusée ce vendredi à Rodin et d’une exposition à Roussy à partir du 20 février.
Le temps à l’hôpital est moins long
« Le travail que l’on fait permet de faire marcher leur imaginaire, de s’évader, de faire travailler leurs mains », note Camille Park, l’artiste qui oriente les enfants.
Ici, comme chez elle, la petite Camille est peu bavarde. Elle parle rarement de sa maladie. Mais, à demi-mot, elle glisse que les ateliers lui font du bien. « J’aime bien, parce qu’après, c’est beau. Et que le temps à l’hôpital est moins long. Ça fait longtemps que je viens », dit-elle sans lâcher les yeux le moule qu’elle remplit d’argile. Cette activité elle veut la continuer. Bientôt, elle pourra reprendre l’école et poursuivre ses œuvres, loin de l’hôpital.
* Pour participer à la campagne Guérir le cancer de l’enfant au XXIe siècle, rendez-vous sur leur site Internet ou donnez par SMS (5 euros) au 92 250.
Source : www.cameroonweb.com