Commande de produits pétroliers au Togo : Comment l’ancien ministre Legzim-Balouki s’est fait alimenter son compte personnel de plus 500 millions FCFA en 14 mois

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corrompue bernadette legzim balouki

Lorsqu’on parle de corruption au Togo, les autorités n’aiment pas qu’on implique les ministres. Et pourtant ! Le scandale dit pérolegate est très loin d’avoir connu son épilogue. Nous avons pu accéder à certains mouvements sur un des comptes de la société Management hydrocarbures de la famille Adjakly à l’endroit de dame Bernadette Legzim-Balouki. Les constatations font froid dans le dos. Mais une conclusion s’impose : la justice togolaise ferait œuvre utile en se tournant vers les pilleurs qui siphonnent l’économie togolaise plutôt que de chercher à condamner un lanceur d’alerte qui n’aura fait que son travail. La commande de produits pétroliers est une pourriture au Togo.

Combien l’une des sociétés de la famille Adjakly, Management Hydrocarbures, a-t-elle pu virer sur un des comptes personnels de l’ancien ministre du Commerce Bernadette Legzim-Balouki durant son mandat au ministère? Et combien de ministres au total ont pu bénéficier des largesses de cette société en charge de la commande des produits pétroliers ? Zoom sur quelques mouvements en faveur de dame Legzim-Balouki nommée députée à l’Assemblée nationale.

Union Togolaise de Banque (UTB). Compte courant numéro 32 473807 7 004 0 00. Propriétaire : Management Hydrocarbures.

  • 30 mai 2014; Libellé : MadFav Mme Legzim-Balouki ; date de valeur : 28 mai 2014 ; montant : 000.000 DR ;
  • 17 octobre 2014, toujours pour le compte de Legzim-Balouki, avec comme date de valeur le 16 octobre 2014, un autre montant de 620.000 DR ;
  • 11 novembre 2014, avec le 10 novembre 2014 comme date de valeur, un autre virement de 000.000 DR ;
  • 6 janvier 2015, un 4ème virement de 000.000 avec comme date de valeur le 5 janvier 2015 ;
  • 10 juillet 2015, un 5ème virement de 000.000 DR toujours pour le compte de dame Legzim-Balouki, avec pour date de valeur le 9 juillet 2015.

En faisant le compte, on se retrouve avec un total de 528.620.000 FCFA versés par la société de Francis Adjakly sur un compte personnel de l’ex-ministre du Commerce Bernadette Legzim-Balouki. En moins de 14 mois !

Comme on le voit, c’est entre mai 2014 et octobre 2015 que ces mouvements de fonds se sont opérés, c’est-à-dire avant la création légale de cette société (29 avril 2016). La preuve en est l’annonce légale de création de Management Hydrocarbures. Mais alors, que signifie ce système qui veut que la société des Adjakly exerce sans existence légale ? Que comprendre par ces mouvements en rapport avec la date de création de Management Hydrocarbures ? Plus du demi-milliard versé sans existence légale et une ancienne ministre.

Management Hydrocarbure

Société à Responsabilité Limitée au Capital de 10.000.000 de F CFA Siège social: Lomé, Tokoin Atsante, Boulevard Gnassingbé Eyadema BP 14337

Constitution de Société

– Aux termes d’un acte reçu par Maître Sylvia Adjoa HUNDT-AQUEREBURU, Notaire à Lomé, le 29 avril 2016, il a été constitué une Société à Responsabilité Limitée, présentant les caractéristiques ci-après :

Dénomination: Management Hydrocarbure Sarl

Objet : La société a pour objet au Togo et partout ailleurs :

Toutes opérations généralement quelconques pouvant concerner directement ou indirectement l’achat, la vente, l’échange, l’importation, l’exportation, la consignation, l’emmagasinage, le warrantage, le transport de tous produits non prohibés, marchandises, denrées et objets de toute nature et de toutes provenances. La représentation commerciale sur tous les plans.

Le commerce général, L’import-export; Transit, gestion logistique ; Achat et vente, marketing ; La Gestion immobilière et autres.Toutes opérations de tous types d’activités dans les formes les plus diverses relatifs aux objets précités ou susceptibles d’en faciliter l’extension ou le développement. Et d’une manière générale, toutes opérations commerciales, mobilières ou immobilières qui pourraient se rattacher directement ou indirectement à l’objet social ou à tous autres objets similaires ou connexes, susceptibles d’en faciliter le développement, la réalisation ou l’extension.

Durée : 99 ans à compter de la date de son immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.

Siège Social : Lomé, TokoinAtsante, Boulevard Gnassingbé Eyadema BP 14337

Capital Social : DIX MILLIONS (10.000.000) de Francs CFA divisé en MILLE (1000) parts égales de DIX MILLE (10.000) Francs CFA chacune, intégralement libérées, souscrites en totalité par les associés.

Gérance : La société est gérée et administrée par Messieurs Francis Sossah ADJAKLY et Fabrice Affatsawo ADJAKLY qui ont les pouvoirs les plus étendus pour toutes les opérations entrant dans l’objet social.

Répartition des Bénéfices : Le solde des bénéfices, après prélèvement de la réserve légale, sera réparti entre les associés proportionnellement à leurs parts.

Le dépôt légal a été effectué au Greffe du Tribunal de Première Instance à compétence commerciale de Lomé, et la société a été immatriculée au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier tenu audit Greffe, sous le numéro TG-LOM 2016 B 694.

Que devient alors la déclaration des biens et avoirs ?

La déclaration des biens aura-t-elle encore sa raison d’être si d’anciens ministres, des députés et autres directeurs généraux peuvent « légaliser » leurs corruption et concussion en déclarant des biens illégalement acquis comme étant leur propriété ? Comment condamner les sceptiques qui pensent que c’est de la poudre aux yeux des partenaires techniques et financiers ? Voilà une ancienne ministre qui, en l’espace de 14 mois, voit un de ses comptes crédités de plus du demi-milliard, parallèlement à ses émoluments mensuels, ses indemnités et autres dispositions « économicides ». Que découvrirait-on si on devrait fouiller sur tous ses comptes et durant tout le temps passé au gouvernement ? Ce n’est pas exagéré de dire que la commande de produits pétroliers est mise en coupes réglées entre les mains de prédateurs peu scrupuleux de la santé de l’économie togolaise. La Médiatrice de la République ferait un AVC devant des biens de certains haut perchés qu’on ne serait pas étonné. Le clan Adjakly aurait aussi cadeauté l’ex-ministre d’une demeure et d’un véhicule à faire pâlir d’envie les jaloux des « acquis » de dame LegzimBalouki.

Pendant ce temps, écoles et enseignants volontaires ont un besoin cruel d’accompagnement. L’année 2014 fut pour le Togo une période de hausse du prix du carburant. On était loin d’imaginer que certains se sucraient sur le dos de la majorité. Bien qu’elle soit dans les bonnes grâces du clan, la ministre avait toujours ses bons étatiques de carburant.

Condamnation du journaliste, une honte nationale, un recul dans la lutte contre la corruption

Demain, l’épilogue d’un procès inique se tiendra au tribunal de Lomé. Plutôt que de se pencher sur les dessous de la commande des produits pétroliers, des juges voudront faire tomber la « guillotine » sur la tête d’un lanceur d’alerte qui a eu le malheur de dire qu’il y a corruption dans les sous-sols du ministère du Commerce. Nous l’avons écrit hier, si inspection réelle il devrait y avoir, non seulement ça devrait concerner tous les comptes des membres de la famille Adjakly qui s’étaient frottés avec la commande du pétrole au Togo, mais surtout le rôle joué par des ministres durant leur passage au ministère du Commerce. Et pour y parvenir, la Cellule nationale de traitements des informations financières devrait être mise à contribution pour retracer tous les mouvements de comptes suspects.

Avec cette petite partie de l’iceberg bourré de l’argent du pétrole et qui éclabousse dame Legzim-Balouki, on n’aimerait pas être à la place des juges qui siègeront demain. C’est à se demander à quoi jouent les autorités togolaises en rebattant les oreilles des citoyens avec les expressions désuètes et anachroniques du genre, lutte contre la corruption, relecture des textes de la HAPLUCIA, transparence dans les finances publiques.

L’inspection commanditée a-t-elle relevé la culpabilité de dame Legzim-Balouki, ou bien a-t-elle sciemment occulté la responsabilité de celle-ci dans ce scandale ? La crédibilité de l’audit en dépendra très fortement. Surtout que le clan ne serait pas le seul à s’être sucré sur le dos des citoyens.

Godson K.

Source : Liberté

Source : 27Avril.com