Cité quotidien : Quels engagements des élues pour de vraies collectivités locales ?

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S’il y a des élus locaux, c’est certainement parce qu’à un moment donné, on s’est laissé guider par un souci de proximité dans la prise en charge des problèmes de la collectivité. Et la proximité permet justement de prendre en compte tous les aspects de la vie des citoyens, de mieux voir ce qui les différencie, mais surtout ce qui les unit, ce qui fait en quelque sorte leur identité commune.                           

 Partager la même localité, en effet, ne consiste pas seulement à habiter côte à côte mais cela signifie surtout, au présent, partager un certain rapport à une localité, se donner un projet d’avenir commun et pour cela, se sentir lié à un même passé.                                                                                                               

Il appartient aux élus locaux de veiller à cela pour avoir en face d’eux, ou plutôt à leurs côtés, une communauté de citoyens et non des individus isolés groupés dans une foule anonyme.

Comment les élus locaux pourraient-ils en arriver à cette situation? En développant justement la proximité dont nous faisions mention. En effet, il est important que les citoyens sachent que les élus locaux se préoccupent de leur bien-être, à travers la lutte contre la pauvreté par exemple. Mais pour que ces élus deviennent leurs élus, il faudrait certainement aller plus loin.

Imaginons, en exemple, ce que cela donnerait dans le cas de Lomé, si les maires et conseillers municipaux se donnaient pour tâche de susciter un nouveau profil d’habitant de la capitale de notre pays. Il faudrait d’abord qu’ils prennent la peine d’observer la vie à Lomé et donc de faire un constat : Lomé est, en quelque sorte, en train de perdre son âme et plus particulièrement les plus vieux quartiers.

Cette observation les mettrait ensuite en mouvement pour un certain nombre d’actions :

                  Ils se battraient, par exemple, contre l’ignoble spéculation foncière qui pousse les plus riches à acquérir pour une bouchée de pain les biens immobiliers que les familles n’arrivent plus à entretenir, pour en faire souvent des locaux purement commerciaux.  

Ils n’accepteraient pas que les étrangers acquièrent ces biens grâce à des prêts noms.

               Ils s’inquiéteraient de l’expansion d’une architecture caractérisée par les gros immeubles de plusieurs étages, difficiles à entretenir et s’insérant si mal dans les quartiers à maisons basses du vieux Lomé.

Et pour que les citoyens, surtout les plus jeunes s’impliquent dans ce type de lutte, les élus se donneraient pour peine de leur faire mieux connaître la localité qu’ils habitent. Ainsi dans le cas de Lomé, ils se demanderaient s’il ne serait pas intéressant d’expliquer aux jeunes :

          Pourquoi tel quartier s’appelle « Assivito »: de quel petit marché s’agit-il ?

       Pourquoi y a-t-il une école Boubacar N’Diaye, apparemment un sénégalais, en plein Lomé ?

Ils pourront aussi montrer aux jeunes des lieux et les intéresser au patrimoine de notre pays :

Où est la première école construite à Lomé?  

L’hôpital Sylvanus OLYMIO est-il le premier de la ville de Lomé ?

Ils organiseraient avec les écoles des circuits qui permettraient aux habitants, comme aux visiteurs de repérer les vieux bâtiments coloniaux et leur utilisation.

Des visites organisées aux vestiges des wharfs ne pousseraient-elles pas des citoyens à s’engager pour entretenir les plages où eux-mêmes se rendent pour faire du sport ou se détendre ?                                

 Et que dire des carrefours enlaidis par une forêt de pancartes des plus gigantesques au plus bancales ? Les habitants de Lomé ne seraient-ils pas sensibles à la beauté de leur environnement ? La célébration d’une journée de patrimoine ne contribuerait-elle pas à la consolidation du lien social ?

Et si on peut mobiliser les citoyens autour des questions de survie quotidienne, n’est-il pas également possible de les rassembler autour des questions environnementales telles que la gestion des déchets et des eaux usées mais plus que cela, ces citoyens n’auraient-ils pas à cœur de préserver les espaces verts s’ils savaient que ceux-ci contiennent par exemple des arbres plantés depuis plusieurs décennies, ou faisant à l’origine partie de lieux sacrés ?

Il est évidemment urgent de répondre aux questions de transport dans cette agglomération de Lomé qui dépasse le million d’habitants avec la spécificité de jouxter une frontière territoriale mais doit-on pour autant laisser transformer en stations de zémidjan les abords de n’importe quel bâtiment ?

En fait, ce qui ferait des élus locaux les élus des citoyens de leur commune ou de leur village ce serait de communier aux mêmes préoccupations, celles partagées avec tous les Togolais mais aussi celles spécifiques à leurs localités, d’y chercher ensemble des solutions à mettre en œuvre par tous. Et cette attitude n’aboutirait pas simplement à une certaine popularité des élus locaux mais aiderait à résoudre d’autres problèmes.                                                                                                                                           Ainsi on peut se demander pourquoi les habitants de Lomé ne sont pas choqués par les noms attribués par on ne sait qui à leurs rues, noms de plantes inconnues ou noms d’occidentaux célèbres.

Le premier Togolais à rassembler des objets qui ont ensuite servi de base au musée de Lomé, Hubert KPONTON, ne mériterait-il pas que son nom soit donné à une rue ou à un bâtiment public ?                   

 Et Bella BELLOW ne serait-elle pas mieux mise à l’honneur par une plaque dans une rue que par une effigie sur un billet de banque qui n’a même plus cours ?

Mais plus que cela, le régionalisme qui fait que les citoyens peuvent habiter un endroit pendant des années, y avoir fondé une famille, ils s’y sentent moins attachés qu’à la localité d’origine de leurs parents, ne céderait-il pas devant des collectivités locales plus soudées par le présent et un projet d’avenir commun à tous ?                                                                                                                                                                        Il ne s’agit évidemment pas de renier son origine, il s’agit d’engagement citoyen pour le développement de l’endroit où on vit avec sa famille, où on travaille, où on a des loisirs.                                       

  Et pour que cet engagement puisse se faire ne faudrait-il pas en retour que l’on accepte que tous ceux qui habitent un endroit aient droit à la parole plutôt que les seuls ressortissants ? Il faudrait qu’on en arrive par-là à reconnaître que les jeunes urbains partagent des réalités, que les jeunes ruraux sont proches quelles que soient leur ethnie d’origine et la région du pays où ils habitent.

C’est alors que les collectivités locales acquerraient la force de l’engagement de leurs membres. En effet ceux-ci se sentiraient concernés au premier chef par les problèmes de leur localité car ils auraient contribué eux-mêmes à mettre à jour ces problèmes et à rechercher des solutions qu’ils proposeraient aux élus. La mise en œuvre de ces solutions dépendrait des élus qui devraient alors avoir une connaissance suffisamment approfondie des réalités de leur circonscription électorale pour mesurer l’urgence et la faisabilité de telle ou telle autre approche.

Oui il y a un changement de mentalité à faire advenir chez les habitants des communes urbaines et rurales mais cela ne devrait-il pas commencer chez les élus locaux qu’on aimerait plus soucieux de bien connaître les réalités des localités dont ils sont les élus et de s’engager pour y faire face, que d’obtenir un siège dans une assemblée locale?   

Si Notre Avenir nous appartient, une conviction du Rameau de Jessé, alors l’engagement des élus locaux et de tous les citoyens pour le bien commun est une urgence.

[email protected]    Lomé, le 14 Octobre 2022

Source : icilome.com