Détournements, corruptions…Il n’y a pas que les Etats-Unis qui trouvent chaotiques la gestion des deniers publics au Togo.
Dans une note publiée en 2002 -et qu’il a remise au goût du jour hier mercredi 25 mars 2020 sur sa page Facebook- l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo a fait quelques révélations relatives à son expérience à la tête de l’exécutif togolais…Extrait
(…)Bien qu’étant ordonnateur du budget, il m’a été pratiquement impossible de donner des instructions pour le paiement de la moindre dette publique, d’ordonner le paiement des salaires sans le contreseing du Président de la République.
Les ressources de l’Etat sont gérées de façon opaque, ce qui crée au passage un système dans lequel le Premier Ministre et le Ministre de l’économie, des Finances et des Privatisations sont dépourvues de tout pouvoir d’initiative, le premier, privé de la maîtrise du processus de décision, le second devenu un chef comptable tandis que le Directeur de l’Agence nationale de la BCEAO devenait trésorier-payeur de l’Etat togolais
Ainsi les recettes fiscales et douanières de l’Etat sont versées dans un compte unique à la BCEAO placé sous le contrôle du Président de la République qui autorise lui-même toutes les dépenses sans consultation du Premier Ministre. En l’absence de tout contrôle, ce système laisse la porte ouverte à tous les abus depuis les prélèvements sans justification à la source dans les régies financières de l’Etat avant le versement des recettes fiscales et douanières sur le compte ouvert dans les écritures de la BCEAO.
D’autres dysfonctionnements non moins pernicieux affectent l’efficacité de l’action publique notamment la forte allégeance requise des membres du Gouvernement tout comme des Directeurs des sociétés d’Etat envers la personne du Président de la République, ce qui les oblige à ne rendre compte de leurs actes qu’au chef de l’Etat faisant ainsi de la fonction du Premier Ministre un ersatz administratif au mépris des dispositions de la Loi fondamentale de notre pays notamment dans ses articles 76 à 78. Ces articles donnent au Premier Ministre pouvoir de déterminer et de conduire la politique de la Nation de diriger l’action du Gouvernement et de coordonner les fonctions de ses membres
Or le Président de la République agit comme si nous étions dans un régime d’exception, assurant le contrôle des trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
Rien d’étonnant dès lors si ces dysfonctionnements engendrent des comportements irresponsables chez certains agents de l’Etat, encouragés dans leurs actes d’insoumission voire de rébellion par des milieux obscurs qui semblent se délecter dans ces opérations de déstabilisation et de sabotage de l’action publique.
Sinon comment expliquer que certains responsables de sociétés d’Etat se soient publiquement attaqués au Premier Ministre, Chef du Gouvernement en se livrant en toute impunité dans les médias d’Etat à des critiques malveillantes à son encontre. Le procédé est non seulement surprenant, mais il est aussi insolent au sens étymologique du terme car il fait entorse aux règles qui président au fonctionnement de l’Etat, à l’organisation de ses rapports avec ses démembrements et au respect de la hiérarchie dans un Etat républicain.
Par une sorte d’inversion des valeurs, caractéristique des Etats déliquescents, gangrenés par la confusion des genres, propres aux hommes liges égarés par la haine et la jalousie. Les termes de ces documents jouent de la confusion entre la critique objective et des accusations infamantes contre ia personne du Premier Ministre.
Dans le même registre le Président de la Commission nationale de lutte contre la corruption et le sabotage économique créée à l’initiative du Premier Ministre et qui relève sur le plan administratif de l’autorité du gouvernement s’en est pris tout récemment à deux reprises au Premier Ministre dans des correspondances indignes d’un grand serviteur de l’Etat. Ce comportement qui aurait entraîné des sanctions immédiates sous d’autres cieux a été considéré comme un acte de vertu républicaine par ceux qui ont délibérément choisi de fouler au pied les lois et les règlements de notre pays.
Dans le registre macabre, c’est le fils aîné du Chef de l’Etat qui profère en toute impunité des menaces de mort contre le Chef du Gouvernement en signant sa forfaiture par un coup de téléphone à” l’’Aide de Camp’’ de ce dernier. Et comble de l’imposture ! C’est l’aide de camp qui a été mis aux arrêts de rigueur pour soixante(60) jours et qui a vu sa promotion au grade de capitaine bloquée.
D’ailleurs nombreux sont nos compatriotes qui se plaignent des cas graves de violation des droits de l’homme et d’abus d’autorité que le fils aîné du chef de l’Etat exerce sur les laborieuses populations, les agents de l’Etat servant dans la partie septentrionale de notre pays. Ces violations sont, du reste, connues du public togolais comme l’attestent les différentes formes de tortures que le colonel Ernest Gnassingbé inflige à ses victimes au camp Landja de Kara et que le journal ’’La Tribune du Peuple ’’ décrit par le menu, grâce à des témoignages, dans sa livraison N° 21 du 26 juin 2002 aux pages 3, 4 et 5. (…)
Source : Togoweb.net
Rien de neuf
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