Bezem Kassan, 38 ans, est une designer textile récemment installée au Togo.
Elle vivait à Londres depuis des années quand elle a choisi de venir s’installer au Togo, le pays de son père. Et c’est avec l’objectif de « donner une touche particulière à l’univers de la mode au Togo », mais aussi d’approfondir l’approche graphique de ses créations, que la jeune femme a posé ses valises à Lomé début 2016.
Née en Russie en 1982 d’une mère française et d’un père médecin psychiatre originaire de la région de Kara (nord du Togo), Bezem Kassan a grandi à Paris, où elle a obtenu son diplôme des métiers d’arts (université de Paris-Est-Marne-la-Vallée) et s’est lancée dans la création de costumes historiques pour le cinéma avec sa meilleure amie, Mai Lan Chapiron, métisse franco-vietnamienne. En 2000, elles lancent leur marque, Bezemymailan. Le duo de créatrices confectionne alors nombre de costumes pour le collectif de réalisateurs Kourtrajmé, dont le frère de Mai Lan, Kim Chapiron, est membre.
Elles habillent des stars, parmi lesquelles Monica Bellucci, Vincent Cassel et Les Nubians – célèbre groupe de musique formé par deux sœurs, elles aussi métisses, mais franco-camerounaises –, reçoivent le soutien financier de la société Hermès… Alors que leur griffe est devenue « culte », les deux amies mettent fin à leur collaboration en 2003, Mai Lan souhaitant se consacrer à sa carrière de chanteuse (son dernier album, Vampire, est sorti cette année) et Bezem à la création de costumes.
Influence togolaise
En 2006, celle-ci décroche un contrat avec le Royal National Theatre de Londres, dont elle habille les comédiens pour une importante production. Elle emménage à Brixton (quartier sud de Londres) et y ouvre un atelier, tout en faisant des séjours de plus en plus fréquents au Togo.
Depuis son installation à Lomé, l’hyperactive designer partage ses journées entre les chantiers de ses clients, disséminés un peu partout dans le pays, et son atelier loméen, Ni vu ni connu, qui confectionne des vêtements et des accessoires, mais aussi des éléments de décoration (notamment pour les hôtels), de la literie ou encore des salons, destinés au marché local et à l’exportation.
Ce sont des pièces uniques ou réalisées en séries limitées, caractérisées par des lignes graphiques, un style toujours sophistiqué, très contemporain, et des touches de couleur parfois insolites. « La fusion des traditions africaines et asiatiques donne quelque chose d’assez original », résume Bezem Kassan. La créatrice, qui a beaucoup voyagé, s’inspire d’influences ethniques et culturelles extrêmement diverses, qu’elle a décidément l’art de (mé)tisser comme nulle autre.
Jeune Afrique