CEDEAO : Le dossier Togolais affecte l’agenda communautaire

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CEDEAO : Le dossier Togolais affecte l’agenda communautaire

La crise politique au Togo, on le sait, n’est plus que l’affaire de la classe politique togolaise. La Communauté internationale, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) notamment a récupéré le dossier et l’a confié à certains chefs d’Etat pour sa résolution. L’instance a tellement fait du règlement de cette crise dont les conséquences dépasseront les frontières du Togo que le dossier bloque manifestement son fonctionnement et relègue au second plan d’autres dossiers et/ou activités.

La CEDEAO bloquée par le Togo

Tous les regards des Togolais sont tournés vers la CEDEAO depuis plusieurs mois, avec le début du dialogue le 19 février pour une sortie de crise au Togo sous la facilitation du Président ghanéen mandaté par l’instance communautaire, adjoint récemment par son homologue guinéen Alpha Condé. Si l’on savait depuis lors que les recommandations viendraient de l’institution communautaire, l’attente est devenue plus forte et stressante depuis que l’information de leur annonce lors du prochain de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement a été révélée. C’est un secret de Polichinelle, la CEDEAO a fait sienne la quête de solutions de sortie de crise au Togo, au point que ce dossier affecte son fonctionnement normal.

« Il y a plusieurs chantiers qui concernent la CEDEAO ; le plus vieux, c’est forcément celui de l’intégration sur lequel toutes les attentions devraient être focalisées. Le président togolais lui-même en a fait sa priorité et annoncé des actions le 4 juin 2017 lorsqu’il était élu par ses pairs à la tête de l’institution. Mais après sa visite inopinée à la frontière Togo-Ghana qui lançait son mandat à la tête de la CEDEAO, il n’a rien posé comme autre acte concret dans ce sens. C’est simple, autant lui que ses pairs chefs d’Etat ont été réquisitionnés par la résolution de la crise politique au Togo (…) », confie une source dans les milieux diplomatiques.

Notre interlocuteur évoque à l’appui comme exemple de « dossier laissé en stand-by », celui de l’adhésion du Maroc à la CEDEAO. Si l’examen a bien débuté, selon le chronogramme établi, il devrait bien connaitre son épilogue, du moins évoluer. Mais il est aussi mis au frigo à cause de cette crise politique au Togo. D’autres dossiers importants à l’agenda de la communauté sont en stand-by.

C’est simple, les dirigeants sont bien conscients de l’importance de la résolution de la crise togolaise dans la bonne santé démocratique de l’espace. Si le Togo n’est pas encore à l’étape d’un conflit armé, les chefs d’Etat savent que peut reculer en termes de démocratie et de stabilité à cause de cette affaire et ils veulent la régler au plus vite avant de retrouver le fonctionnement normal. « La CEDEAO voudrait résorber ce dossier afin de se concentrer sur les chantiers communs. Elle en a fait sa priorité », confie notre source, qui ne cache pas la lassitude de certains dirigeants devant l’obscurantisme de leur collègue et le fait que ce dossier « bloque le déroulement du calendrier communautaire »…

Comme manifestation palpable de l’obsession (sic) de l’instance de régler absolument la crise et de se donner le temps nécessaire pour ce faire, le report du prochain sommet de la CEDEAO. Il était normalement prévu pour fin juin, et les sources avaient indiqué le 28 juin, en marge du sommet à Lomé le 14 avril 2018 sur la crise en Guinée-Bissau que Faure Gnassingbé a mis du sien pour régler et où le dossier togolais occupait le haut du pavé et le mandat de Faure Gnassingbé à la tête de l’institution a pris fin depuis le 4 juin 2018…Mais aux dernières nouvelles, c’est le 31 juillet qu’il aura finalement lieu.

Toujours au chevet du Togo

La dernière illustration de taille, c’est sans doute le déplacement à Lomé des Facilitateurs le mercredi 27 juin et la séance des discussions qui a eu lieu et consacré des avancées notoires qui, mises en œuvre, paveront la voie à une résolution rapide de la crise.

L’autre manifestation, c’est la sortie d’Emmanuel Macron sur le dossier togolais. « Le statu quo n’est plus possible au Togo », c’est la phrase forte sortie par le Président français qui retient les attentions. Et ses déclarations sur le rôle que devra jouer le Nigeria prouvent la tâche qu’il voudrait confier à Muhammadu Buhari dans la résolution de cette crise togolaise. Les analystes y voient un adoubement du Président nigérian dont on connait déjà la position…

Entre autres sujets dont la situation politique évolutive en Guinée Bissau, l’opérationnalisation des centres maritimes multinationaux de coordination et la transhumance, la crise politique au Togo était encore au menu de la 40e session ordinaire du Conseil de médiation et de sécurité de la CEDEAO samedi à Lomé, session présidée par le ministre des Affaires étrangères Robert Dussey et qui a lieu en présence du Président de la Commission Jean-Claude Brou. Les participants, des ministres en charge de la Défense, de la Sécurité et des Affaires étrangères des Etats membres, ont donc une fois de plus planché sur le dossier. En attendant donc le sommet même prévu le 31 juillet prochain où le sujet phare sera sans doute la crise togolaise. Le Conseil de médiation et de sécurité est chargé de prendre, au nom de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement, les décisions liées à la paix et à la sécurité et de mettre en œuvre les politiques de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité dans la sous-région.

Que fait Faure Gnassingbé lui-même, pendant que les instances communautaires se cassent la tête à régler la crise qu’il a créée ? Eh bien pendant ce temps, le « champion » du projet de 4e mandat se promène de canton en canton dans la Kozah pour suivre les luttes traditionnelles Evala, se déstresse (sic) donc…

Tino Kossi

Source : Liberté No.2708 du 09 juillet 2018

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