Quelque chose d’extraordinaire est en train de se passer dans ce pays et je crains que les Togolais n’y prêtent pas assez attention. Je ne connais pas Mgr Kpodzro particulièrement mais les Togolais sont d’accord pour dire qu’il n’est ni idiot, ni naïf, ni même aussi facilement manipulable. Il a choisi, à travers divers processus (politique, stratégiques et spirituels) Agbéyomé Kodjo comme candidat unique de l’opposition.
Kodjo a servi le père, Eyadema (ancien président du Togo, 1967-2005). Il a contribué par son intelligence à asseoir le Rpt (ancêtre de Unir) parti unique qui a dirigé d’une main de fer ce pays. Il a sans aucun doute sa part de responsabilité dans la trajectoire de la vie des Togolais. C’est d’ailleurs pour ça que sa première pénitence serait de contribuer à réparer ce qu’il a aidé à gâter. Mais je vois à travers son choix, trois signes.
Le premier, c’est que pour changer la vie d’un peuple, pour le sauver de l’oppression et de la tragédie, Dieu n’utilise jamais les saints ou les personnes prétendument “meilleures”. La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs peut devenir la pierre d’angle. Nous savons tous, que par rapport à son passé, Agbéyomé Kodjo a des choses à se reprocher. Pour ceux qui le connaissent, on peut tout lui reprocher mais pas l’insincérité. Autant il est intransigeant et combatif, autant il est sensible et humain, même humaniste. Je l’ai déjà vu, couler des larmes, évoquant ce que vivent les Togolais. Il a dû, à un moment, prendre un chemin qui n’est pas le bon. Mais aujourd’hui, est-ce qu’il y a un autre candidat mieux placé que lui pour remporter face à Faure Gnassingbé ?
Second signe, les attaques, souvent excessives, toujours véhémentes et choquantes contre sa personne. C’est le signe qu’il peut quelque chose. Jean Pierre Fabre, pour qui j’ai énormément de respect et qui le sait a déjà gagné deux fois la présidentielle au Togo, en 2010 et en 2015. Il n’a pas pu et ce n’est pas de sa faute, jouir de sa victoire légitime et délivrer les Togolais.
Est-ce qu’en nous présentant, par le biais du prélat Mgr Kpodzro, Agbéyomé, Dieu ne nous appelle-t-Il pas à saisir l’occasion d’un homme comme les autres, avec ses limites, son passé pas toujours lisse pour sortir ce peuple d’affaires ? Qui d’autres que lui peut tenir face à Faure Gnassingbé, son armée, sa dynastie, sa caste, sa rage et ses obsessions ? Si la personne est compétente, si elle a les bonnes relations, si elle dispose d’un puissant réseau, si elle connaît bien la maison de l’adversaire et ceux qui l’habitent, pourquoi ne pas mettre sous éteignoir ses péchés pour lesquels il n’a de cesse de demander pardon. Il a fait la prison deux fois, innocent dans chacune des deux affaires. N’est-ce pas une manière pour l’Eternel des armées de lui tirer les oreilles pour en faire l’instrument de sa Gloire ?
Quand bien même, sa responsabilité est assez limitée sur plusieurs des accusations dont il fait objet, il comprend les Togolais et je sais de quel regret il s’afflige. Avec Fabre, on sait où on va, on gagnera. Avec Fabre, on connaît le lendemain du scrutin, on revendiquera. Avec Fabre, on connaît la suite, on n’accèdera pas au pouvoir. Parce qu’il n’y a que celui qui a déjà jouer avec le rat palmiste qui sait où se trouver la 7e entrée de son corridor souterrain. Pourquoi ne pas essayer le mystérieux plan de Dieu dont on sait si peu de choses pour donner une chance à la plausibilité, à une issue autre que celle à laquelle les coups du destin nous soumettent depuis 50 ans.
Je n’aime pas Agbéyomé Kodjo parce qu’il est Saint, parce que de la sainteté, je n’ai pas le moindre résidu. Mais je l’admire que parce qu’il sait ce qu’il veut, parce qu’il sait rêver, parce qu’il est une force qui construit et surtout, parce que pour une fois, quelqu’un donnera l’insomnie à Faure Gnassingbé qui, au lieu de travailler pour nous sortir de la misère dans laquelle sa gestion hasardeuse et au pifomètre nous a plongés, a assez dormi. Ne rien faire, c’est laisser le pire nous gouverner encore pendant dix ans alors que nous avons le mauvais. Je préfère le mauvais.
Le 3 e signe, c’est que son choix rassure l’opinion nationale. D’une manière ou d’une autre et cela peut déchainer l’espoir. Même si l’espoir ne nous conduit pas à l’espérance, il est le début de quelque d’autre que le “rien” qui a, trop longtemps, rythmer la vie du Togo. Entre la même chose et autre chose, tentons autre chose voir ce que cela donnera. Et s’il gagne, il ne gagnera pas pour lui, ni contre Fabre, ni même contre Faure. Je le connais assez pour savoir qu’il gagnera pour tous et contre personne.
S’il ne délivrera pas des parchemins de l’impunité, il sait être raisonnable pour ne pas faire le pas alors que nous sommes au bord du gouffre. Il saura éviter le précipice pour garantir au Togo la stabilité et lui épargner la chasse à l’homme. On n’a jamais essayé quelqu’un qui a été dans le régime, essayons Agbéyomé.
Face à la barbarie de la routine, il n’y a que la barbarie de la riposte pour faire bouger les choses dans la conscience, oh combien émoussée du bourreau. C’est le Togo qui gagnera. Veillons et prions !
MAX SAVI Carmel
Note: Titre modifié
Source : Togoweb.net