Le Port autonome de Douala
(PAD) refuse une offre moins disant de Bolloré et attribue un terminal
à conteneurs à un groupe suisse, qui a fait une meilleure offre.
Mécontent, le groupe français a fait pression en vain sur le président
pour revoir la situation en sa faveur.
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Tel est pris
qui prenaient les Camerounais pour des nigauds. Le Port autonome de Douala
(PAD) et Terminal Investment Limited (TIL), l’adjudicataire provisoire de la
concession du terminal à conteneurs du combinat portuaire de Douala-Bonaberi,
ont entamé, le 25 septembre, les négociations devant aboutir à la signature de
la convention entre les deux parties.
Bolloré a tenté de faire échouer ce
contrat en faisant pression sur le président Paul Biya. Dans un courrier
dont a eu copie notre confrère d’InvestirCameroun,
mais non encore authentifiée, Cyrille Bolloré, le fils du milliardaire,
a demandé l’arbitrage de Biya pour une réévaluation de la situation.
« Monsieur le président de la
République [Paul Biya], alors que le groupe Bolloré se trouve entraîné,
contre son gré, dans une surenchère de turbulences médiatiques et
juridiques au Cameroun, j’ai l’honneur de porter à votre haute attention
cette correspondance afin de vous rendre compte de la situation », écrit Cyrille Bolloré, directeur général délégué et vice-président administrateur délégué du groupe.
« En dépit de plus de 20 ans de
partenariats réussis avec l’Etat du Cameroun, plusieurs de nos sociétés
locales, et notamment notre filiale portuaire DIT qui opère le terminal à
conteneurs de Douala – ont fait l’objet récemment de traitements
injustes ; c’est ainsi que DIT s’est vu réclamer, en l’absence de
fondement juridique, 24 milliards [de FCFA] de pénalités, qu’elle s’est
vu dénier le droit de mettre en application un accord signé avec le port
de Douala après 6 mois de négociations, et qu’elle n’a pas été
autorisée à répondre à l’appel d’offres relatif à sa propre succession
», poursuit le document.
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Bien meilleure proposition des Suisses
M. Bolloré rappelle alors les contrats
entre le groupe et le PAD, et menace de porter plainte devant le
tribunal international du commerce pour avoir été éjecté de la short
list des cinq préqualifiés pour l’exploitation du terminal à conteneurs,
au terme de l’appel à manifestation d’intérêt du 12 janvier 2018. Il
demande en outre au président Biya de revoir la situation pour que le
groupe Bolloré puisse revenir dans la course.
Le président Biya a malheureusement été sourd à l’appel de Bolloré. Et pour cause, selon notre confrère Agence Ecofin,
le Français a été écarté pour des raisons objectives. Car la fialiale
de Bolloré a fait l’offre la moins disante. L’autorité portuaire
annonce que le total de toutes les redevances de concession proposées
par TIL,
sur les 15 années de contrat à signer, est de 357 milliards de FCFA.
DIT, la filiale de Bolloré, ne proposait que 62 milliards de FCFA pour
la concession en cours d’achèvement. Et, en plus, les Camerounais
disposeront d’un montant de 24,3 milliards de FCFA payables une seule
fois à la signature du contrat.
L’authentification de la lettre de Cyrille
Bolloré reste à confirmer, mais selon notre confrère Agence Ecofin, il
existe une forte probabilité qu’elle soit réelle.
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Le groupe Bolloré est en position
dominante en Afrique où il détient la plupart des ports. Il est alors
soupçonné d’utiliser des méthodes peu orthodoxes pour obtenir des parts
de marchés. A travers ses filiales de communication, le groupe
intervient directement dans les campagnes électorales en Afrique. Il est
ainsi actuellement poursuivi par la justice française pour ses
pratiques de corruption au Togo et en Guinée.
Source : Togoweb.net