Bulletin de presse du 27 Novembre 2017 : Le rectificatif du budget de 2017 est une dissimulation et une supercherie

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En décidant de déployer des militaires à SOKODE, BAFILO, MANGO, etc, le gouvernement était obligé de faire face à de nouvelles dépenses de financement d’une opération non prévue dans le budget initial de l’année 2017. Pourquoi alors dissimuler cette nécessité comptable, en faisant croire aux députés et aux togolais que le projet de loi de finances rectificative pour la gestion 2017 était destiné à promouvoir sa politique de dynamisation de l’activité économique par le biais du remboursement d’une bonne partie de la dette intérieure commerciale pour un montant de 70 milliards de FCFA ? Quelle supercherie !

Le discours du ministre de l’économie et des finances a été un enchaînement d’incohérence et d’ambiguïté. Comment explique-t-il que la situation sociopolitique nationale a eu un impact négatif sur l’activité économique et subséquemment sur la mobilisation des ressources internes, plus particulièrement fiscales, mais que malgré cela, il projette à 1410,2 milliards de FCFA les recettes contre 1227,4 milliards de FCFA initialement prévues ? C’est un véritable charlatanisme.

Le ministre a l’outrecuidance d’annoncer une augmentation de 15,1% du budget rectifié par rapport au budget initial, tout en faisant croire à un nouveau budget équilibré en recettes et en dépenses. Quelle impudence ! N’y a-t-il personne à l’assemblée nationale ou dans le parti UNIR pour relever cette esbroufe ? Ainsi Mr Faure Gnassingbé savait en allant chercher un rwandais pour lui confier la gestion de toutes nos régies financières ! Par ailleurs et pour cause, je comprends comment toutes nos banques ont été mises en faillite et pourquoi elles ont été privatisées, au bénéfice des étrangers. La banqueroute de notre économie nationale découle incontestablement de la nomination des cabotins, des impotents intellectuels et des aigrefins en charge de nos finances et de notre économie nationale. Comme l’habit ne fait pas le moine, le diplôme ne fait pas l’expert.

Les fonctionnaires du FMI, qui discutent avec nos ministres et leurs collaborateurs, peuvent-ils m’expliquer comment quand il y a des recettes en diminution, on arrive en théorie à les augmenter, tout en accroissant les dépenses non productives et à équilibrer le budget ? Le ministre de l’économie et des finances affirme que les dépenses sociales liées à la fonction enseignante ont connu une augmentation de seulement 4,6 milliards de FCFA. Ce qui choque très vivement si l’on considère l’importance du rôle de l’éducation nationale dans la vie et le progrès d’une nation. Les états délabrés de nos écoles et universités et surtout les revendications et les grèves actuelles des enseignants ne troublent-ils pas leurs consciences ? Le ministre soutient que les nouvelles dépenses d’investissement visent à renforcer les infrastructures routières ainsi que celles liées au projet de construction du nouveau siège de l’assemblée nationale. Or il est établi qu’il n’y a de richesse que d’homme. Quand donc est-ce que les africains et nos dirigeants comprendraient-ils que la substance essentielle de l’univers est non-substance ? Il est ainsi prouvé que : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

Il est plus facile de détourner les fonds publics en les consacrant à des dépenses dans les infrastructures plutôt que dans la formation, les soins de santé, les logements et la nourriture des hommes. Le discours du ministre révèle que la construction du siège de la nouvelle assemblée nationale sera plus coûteuse et que les remboursements des crédits en cours seront différés. C’est une subtilité destinée à gagner du temps et à rasséréner les fonctionnaires du FMI. L’illusion du mandat social sera abandonnée sûrement dans la réalité mais pas dans les discours afin de continuer à tromper l’opinion publique. Le FMI prescrit au gouvernement de poursuivre l’assainissement des finances publiques. Le ministre affirme alors que les recettes fiscales et non fiscales ont été revues à la baisse respectivement de 625,4 milliards de FCFA à 614 milliards de FCFA et de 56,1 milliards de FCFA à 53,3 milliards de FCFA pour se conformer au cadrage du programme conclu avec le FMI. Mais pour faire diversion et en contredisant ce qu’il avait attesté plus tôt dans son discours, il prétend que les recettes budgétaires vont enregistrer une augmentation de 7,4 milliards de FCFA pour atteindre 814,1 milliards de FCFA contre 806,7 milliards de FCFA prévus dans le budget initial. Il a poursuivi en certifiant que les recettes budgétaires liquides accusent une baisse de 47,2 milliards de FCFA, passant de 550,2 milliards de FCFA à 503 milliards de FCFA, tandis que les recettes non liquides vont augmenter de 35,8 milliards de FCFA pour atteindre 111 milliards de FCFA, conformément au nouveau cadrage du programme.

Tout le reste du discours du ministre devant les députés n’est qu’une confirmation de la fraude morale et de l’inaptitude du ministre à mettre en œuvre une politique économique, sociale et financière pour un pays en profonde crise. Nous voyons dans l’habillage du rectificatif budgétaire la même manœuvre que celle du gouvernement de l’ancien Président du Bénin, Thomas Boni Yayi, qui présentait des budgets surestimés qu’il n’arrivait pas à exécuter, mais qui lui faisait gagner du temps pour fanfaronner avant de finir par se faire rappeler à l’ordre par le FMI et la Banque mondiale. C’est la nouvelle pratique de dirigeants africains hâbleurs et incompétents. Cette lubie et la lubricité qu’elle comporte servent également à tromper les opinions publiques et à attirer des prédateurs étrangers qualifiés d’investisseurs ou de partenaires. La collusion avec ces derniers leur permet aussi de répandre dans les médias à travers le monde que des pays africains ont ou vont connaître des croissances de leurs PIB de plus de 6 ou 7% dans l’année. Tout cela est fait au préjudice des peuples africains, qui fuient leurs pays pour aller mourir dans la mer méditerranée ou sont vendus comme esclaves en Libye ou ailleurs.

Le Général Charles De Gaulle affirmait que l’efficacité et l’ambition de la politique doivent être conjuguées avec la force et l’espérance de l’économie. Aucun gouvernement ne peut donc tenir en dehors de cette réalité. Ce n’est pas avec des artifices aussi grossiers comme celui de ce rectificatif budgétaire que le gouvernement actuel va détourner notre pays du bouleversement tragique qui le menace. C’est incontestable que la politique et l’économie sont liées l’une à l’autre comme l’action et la vie. Il faut au Togo en ce moment un gouvernement qui motive les togolais par de bons salaires, qui les remet au travail et qui rétablit la justice sociale, la discipline et les libertés. Il nous faut un plan de développement audacieux, qui a l’adhésion massive des togolais. Ce n’est certainement pas l’alliance des chimères, des chantages, des démagogies, des ressentiments, des répressions et des lâchetés qui sauvera notre patrie. Les palliatifs actuels ne peuvent pas atténuer les excès du régime et le guérir de ses infirmités. Nous sommes au bord du désastre. Il ne peut donc s’agir d’un combat d’un camp contre un autre. Il s’agit de sauver notre nation du naufrage et de redonner de la dignité et de la fierté aux togolais.

Je réaffirme que l’économie comme la vie est un combat au long duquel il n’y a jamais de victoire qui soit définitivement gagnée. Nous devons agir uniquement dans l’intérêt supérieur et le prestige de notre nation. Les intérêts particuliers ou partisans n’ont jamais la faveur de la providence. J’ai été comme un métronome à la conférence nationale souveraine. J’ai été le conseiller spécial aux affaires politiques du Premier Ministre de la transition avant de démissionner. J’ai été membre du Haut Conseil de la République (HCR) et co-leader avec Me Yaovi Agboyibo du groupe de 45 hauts conseillers sur 79, qui ont finalisé la lettre et l’esprit de la constitution de 1992. L’échec de notre engagement en ce tournant décisif de notre histoire est demeuré une douleur lancinante pour moi mais un enseignement irremplaçable et irrécusable. Je ne serai plus jamais partisan. Car je sais définitivement que les particules élémentaires telles que les protons, les électrons, les quarks et les bosons qui composent un atome d’or ou de plomb sont exactement les mêmes. Ce qui différencie l’or du plomb est la disposition et la quantité des impulsions d’énergie et d’information de leurs particules. Je me préoccupe du progrès et de l’unité de notre nation et avant tout de la dignité et du bien-être des enfants du Togo. Que Dieu Tout-Puissant continue à m’inspirer, à nous protéger et nous assiste pour arrêter la descente actuelle du pays aux abîmes.

Nicolas LAWSON
Président de l’Institut des Affaires Economiques (IAE – TOGO)

Source : www.icilome.com

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  1. Franchement, moi non plus je n’ai pas compris cette ambiguïté. Décidément, ils ont plus d’un tour dans leur sac

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