L’information était connue de tous, mais n’a été confirmée que lors du Conseil des ministres du mercredi 11 août 2021. Le Burkinabé Mahamadou Bonkoungou, PDG d’EBOMAF, serait devenu le propriétaire de la banque togolaise pour le commerce et l’industrie (BTCI).
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Le conseil présidé par Faure Gnassingbé a adopté le projet de décret fixant les modalités et le prix de cession d’une partie des actions de l’Etat dans le capital social de la BTCI. Selon le gouvernement, cette privatisation est le fruit de sa volonté de nouer des partenariats avec le secteur privé pour accélérer la croissance économique.
« C’est dans ce cadre que conformément aux dispositions légales, une commission d’évaluation des privatisations (COMEP) a été mise en place afin de procéder à l’évaluation de ladite société, de donner son avis sur le projet de cession et de proposer le juste prix. Le présent décret permet la poursuite du processus de cession d’une partie des actions détenues par l’Etat à la société de droit togolais IB Holding », a indiqué le conseil des ministres.
Il a été également précisé, dans le communiqué gouvernemental que la société IB Holding a été retenue sur les cinq soumissionnaires à l’issue de l’appel d’offres ouvert à cet effet. « Pour mémoire, près d’une centaine d’investisseurs avaient exprimé leur intérêt quant à la privatisation de la BTCI. Dans la conduite de ce processus de privatisation qui devra assurément favoriser la contribution du système bancaire au financement de l’économie nationale, le gouvernement, qui conserve 10% du capital, veillera à la préservation des intérêts des employés ainsi qu’à la consolidation du système financier », a assuré le gouvernement.
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Cette privatisation, on le sait bien, n’enchante nullement les Togolais qui assistent jour après jour, à la cession à des investisseurs étrangers des entreprises nationales. Mais le plus inquiétant, c’est que ces opérations se déroulent dans des conditions qui suscitent de nombreuses interrogations. C’est aussi le cas de la BTCI.
L’une des voix à s’indigner de cette privatisation est l’ancien ministre de la Sécurité François Akila Esso Boko qui a réagi via sa page twitter. «Privatisation de la BTCI : quel fiasco! La BTCI est en banqueroute du fait d’une gestion calamiteuse. Elle a été transformée en véritable caisse noire. Les parvenus, les coquins et coquines du régime y puisaient sous couvert de prêts exorbitants pour la plupart non-remboursés», s’indigne-t-il, affirmant que grâce à un tour de passe-passe grotesquement monté, la BTCI est retombée dans les mains de la «minorité pilleuse et de ses ramifications».
Et de prévenir : « Afin que nul n’en ignore, les hommes d’affaires et structures étrangères qui ont servi d’écran et de prête-nom à cette opération de main-basse sur la BTCI, doivent se rendre à l’évidence qu’en temps opportun la BTCI retournera dans le patrimoine national ».
Et tout porte à croire que l’ancien ministre en exil depuis 2005 a tout à fait raison. En effet, la société IB Holding semble avoir été créée exclusivement dans le but de racheter la BTCI. Sur le site internet du Centre de formalité des entreprises (CFE), il est clairement dit que la société a débuté ses activités le 29 juin 2021. C’est en réalité la date de sa création. Comme objet social de l’entreprise, il est écrit : « La prise de participation dans les entreprises du secteur bancaire notamment les établissements de crédit, les établissements de monnaie électronique, les systèmes financiers décentralises, les compagnies financières, les entreprises de services auxiliaires et toute autre entité dont l’activité y serait rattachée ».
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Un mois et demi donc après sa création, IB Holding s’adjuge la BTCI à 90%. Et pourtant, comme l’a précisé le gouvernement, cinq soumissionnaires avaient été retenus parmi la centaine d’investisseurs qui avaient exprimé l’envi de racheter cette banque. C’est donc le dernier né de ces entreprises qui a réussir la prouesse d’arracher la BTCI, à l’image d’un enfant né avec une cuillère dorée dans la bouche. Une prouesse qui ne fait qu’en rajouter à la polémique même de cette privatisation.
« Etant donné que l’appel d’offres a duré plusieurs mois et qu’il y avait d’autres soumissionnaires, il est légitime de se demander si les droits de ces derniers ont été respectés. Y a t-il eu trafic d’influences, corruption, délits d’initiés, favoritisme? », s’interroge-t-on, puisqu’au Togo Mahamadou Bonkoungou est déjà le maître d’œuvre de la route Lomé-Kpalimé, financée à hauteur de 214 milliards de francs CFA, un gros marché de BTP.
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L’autre anomalie évoquée par des sources, est le fait qu’il existe déjà une entreprise dénommée IB Holding qui est de droit français appartenant à l’avocat Laurent Buffler. Certains y voient déjà une situation conflictuelle puisqu’ne matière de propriété intellectuelle les noms des entreprises sont souvent frappés de droit d’auteur.
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Source : Togoweb.net