Boko empêché d’embarquer pour le Togo: des interrogations aux zones d’ombre

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Boko empêché d’embarquer pour le Togo: des interrogations aux zones d’ombre

Il y a quelques jours nous publiions un article où nous nous demandions d’après les tenants et les aboutissants de la décision du compatriote Akila-Esso Boko de revenir au pays. Nous émettions plusieurs hypothèses concernant les éventuelles garanties ou promesses à lui faites dans les diverses chancelleries occidentales qu’il avait eu à visiter. Nous nous posions surtout, comme beaucoup de nos compatriotes au pays et dans la diaspora se les posent, moult interrogations sur le rôle qu’il aura à jouer sur le plan politique une fois revenu. Ira-t-il avec armes et bagages vers le régime qu’il avait dû dénoncer il y a 14 ans, ou rejoindra-t-il la lutte contre la dictature aux côtés de l’opposition vraie? Voilà quelques-unes des nombreuses questions que notre dernier texte posait.

Aujourd’hui nous en savons un peu plus, ou pas du tout. François Akila-Esso Boko n’est pas revenu comme annoncé au Togo jeudi 28 mars 2019. Il fut empêché d’embarquer à bord de l’avion de la compagnie Air-France. Après cette humiliation de Boko à l’aéroport Charles de Gaulle, et après nos dernières interrogations, d’autres questions encore plus pressantes, et surtout beaucoup de zones d’ombre viennent s’ajouter à la confusion de la saga Boko.

Pourquoi malgré l’assurance du début qu’affichait Akila- Esso Boko, les choses n’ont pas marché? À quel niveau le ver s’est -il introduit dans le fruit? Pour une personnalité d’une telle grande intelligence, il est curieux que l’entourage, dont d’éminents avocats, et Boko lui-même n’aient pas pris des précautions pour éviter un tel faux pas, surtout quand on connaît la dangerosité du régime qu’on a en face. Pour quelqu’un qui a des ambitions de présidentiable dans son pays, de telles erreurs de parcours ne sont pas permises. Et s’il est avéré que la fuite de son interview sur RFI dans les réseaux sociaux avant diffusion officielle vient d’une maladresse de l’intéressé lui-même, alors M. Boko doit à l’avenir revoir ses méthodes, son entourage et surtout sa façon de communiquer.

Dans cet imbroglio il y a les théoriciens d’un deal caché entre Boko et Faure Gnassingbé pour qui le refus du régime Gnassingbé de laisser le Saint-Cyrien revenir au Togo ne serait que joué afin de faire passer Akila-Esso Boko pour un opposant redoutable, et ensuite revenir pour faire semblant d’être contre le pouvoir alors qu’il est à son service. Personnellement je ne penche pas vers cette hypothèse.
Et si Boko avait refusé de mordre à certaines des conditions que Faure Gnassingbé lui posait à travers ses émissaires, pour revenir en citoyen libre, cela pourrait avoir indisposé le régime de Lomé qui ne supporterait pas d’avoir dans ses murs une personnalité qui ne cesse de dire dans ses interviews qu’elle ferait une offre politique à l’opposition.

Trève de spéculations! Que ceux qui pensent que Faure Gnassingbé accepterait une solution à la Congolaise cessent de rêver. Nous avons en face un régime qui n’entend pas faire des réformes dignes de ce nom pour permettre des élections libres et transparentes. Nous avons en face un pouvoir, dont au centre Faure Gnassingbé, qui n’entend pas quitter le pouvoir de sitôt. Pour lui tout opposant qui refuse de se faire corrompre et qui n’est pas avec lui, est un ennemi à abattre. Tant que le statu quo sans réformes persiste, Faure continuera à se choisir ses opposants et ses candidats surtout pour la présidentielle de 2020. Les candidatures sérieuses seront empêchées, et puisque nous sommes en dictature les raisons fallacieuses et fantaisistes ne manqueront pas.

C’est pourquoi il faut s’organiser pour mettre fin à la dictature. C’est pourquoi la solution à la crise togolaise se trouve entre les mains du peuple. Seules les populations togolaises sont à même de renverser ce régime et mettre fin à l’arbitraire. Imaginez une marée humaine dans toutes les principales villes du Togo et le tour est joué. Le Parti National Panafricain (PNP) organise le 13 Avril prochain des manifestations pacifiques de rue dans plusieurs localités au pays et dans la diaspora de façon synchronisée. Peut-il y avoir meilleure occasion pour que travailleurs, étudiants, organisations des femmes, associations de toutes sortes et tous les indignés togolais se mettent dans la rue jusqu’à ce que ce régime d’un autre âge déguerpisse?

Samari Tchadjobo

Source : www.icilome.com