Les consultations annoncées par le gouvernement togolais en vue de recueillir les avis et suggestions des partis politiques sur le format et les modalités du dialogue devant solder la question des réformes constitutionnelles ne cessent de susciter des débats. La Coalition des 14 partis de l’opposition accuse les autorités de se muer en juge et partie en prenant cette initiative. Au niveau du gouvernement, on défend une démarche cohérente qui permettra de mener un dialogue inclusif et efficace avec l’apport des principaux partis politiques représentés au parlement et des personnalités qui ont eu à exercer de hautes fonctions dans le pays.
Annoncée lors de la conférence de presse animée la semaine dernière par le gouvernement, la démarche visant à consulter des partis politiques et certaines personnalités politiques passe mal au niveau de la Coalition des 14 partis politiques de l’opposition.
Mais au niveau des autorités togolaises, on estime qu’il s’agit de simples consultations qui doivent permettre de recueillir les avis et les suggestions des principaux partis politiques et personnalités concernant leurs perceptions quant au dialogue national.
« Notre pays est doté d’institutions légalement et démocratiquement établies, qui fonctionnent et qui assument pleinement leurs responsabilités primordiales, comme protéger les Togolais, assurer leur sécurité, faire fonctionner l’administration et les services publics, payer les salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat. Ces institutions s’emploient quotidiennement à travailler et à agir au service de tous les Togolais, et de l’intérêt général. Le Président de la République et le gouvernement n’ont pas la même vocation que les partis politiques. Le dialogue politique s’inscrit naturellement dans le respect de l’ordre constitutionnel et des institutions démocratiques. Même ceux qui sont dans la rue agissent parce que l’Etat existe et leur garantit des droits et libertés. La permanence et la pérennité de l’Etat s’incarnent à travers des institutions. Dégager une vision commune et susciter une approche partagée quant au dialogue et aux modalités pour sa réussite, tel est l’objectif essentiel des consultations, ni plus ni moins», explique Gilbert Bawara, le ministre togolais de la fonction publique.
Le ministre Bawara révèle que les consultations sont essentiellement limitées aux principaux partis politiques siégeant à l’Assemblée nationale et à quelques personnalités qui sont les acteurs des évolutions politiques et institutionnelles du Togo depuis quelques temps, notamment quelques éminents anciens premiers ministres.
« En raison de leurs expériences et du rôle qu’elles ont joué à certains moments de notre histoire, ces personnalités peuvent apporter des éclairages et des contributions précieux», a ajouté Gilbert Bawara.
Le ministre de la fonction publique précise par ailleurs que ces consultations ne préjugent en rien des participants au dialogue. Pour lui, la démarche du gouvernement ne signifie pas que ce sont ceux qui sont consultés qui prendront part au dialogue.
« Bien sûr, il aurait été souhaitable de pouvoir consulter le maximum d’acteurs politiques et de la société civile, y compris les autorités religieuses ; mais cela n’est pas faisable. Toutefois, à l’issue des consultations, le gouvernement sera attentif aux idées et aux suggestions aussi bien de ceux qui sont consultés que de ceux qui ne le sont pas avec pour seul souci un dialogue inclusif et efficace avec un nombre limité de participants pour aller à l’essentiel», a-t-il dit, estimant qu’il ne faut pas en faire un point de fixation et surtout pas de crispation.
Sur l’accusation portée contre le gouvernement par l’opposition par rapport aux dirigeants ghanéens et guinéens, Gilbert Bawara salue les initiatives et les efforts déployés par les présidents Alpha Condé et Nana Akufo-Addo, mais explique que le dialogue concerne d’abord et avant tout les Togolais. Pour lui, ce qui est déterminant c’est la volonté des acteurs politiques concernés et le souci de ces derniers de faire aboutir les discussions.
A la question de savoir si le gouvernement veut tenir le dialogue avant la fin de l’année, Gilbert Bawara pense qu’il faut éviter de s’enfermer dans des contraintes insurmontables. L’essentiel, selon lui, c’est la volonté du gouvernement et des acteurs politiques de démarrer le dialogue et de le faire aboutir.
« Si nous pouvons aboutir le plus tôt possible, c’est tant mieux. Mais s’il y a une dynamique en cours, il faut la laisser aller à son terme en espérant que cela permettra d’atteindre les résultats qui sont attendus », conclut le ministre.
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