Les élections législatives du 20 décembre 2018 organisées unilatéralement entre les partis de la mouvance présidentielle avec la complicité de la CEDEAO doivent être considérées comme un coup de force électorale avec l’appui des forces armées togolaises, défenseurs du système militaro-civil ésotérique de Faure Gnassingbé.
Le redémarrage de l’insurrection populaire prévue pour le 12 janvier 2019 sous la forme d’une manifestation pacifique annulée du fait des interdictions du Gouvernement togolais et reportée au 26 janvier 2019 sonne comme un sentiment de revers. L’interdiction unilatérale du Gouvernement togolais concernaient les villes de l’intérieur du pays, mais pas Lomé.
Une remobilisation et une vigilance accrues s’impose si le Peuple togolais maintient sa lutte. Cela passe par une alternative politique sans ceux qui ont conduit à l’impasse politique, signe avant-coureur de violences futures.
1. Identifier les Citoyens Togolais Indépendants
Il n’y a pas d’autre issue pour la Coalition des 14 partis politiques devenue la Coalition des 13 partis que de revoir sa stratégie. Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’élargir la C13 mais bien de repenser globalement la stratégie de lutte, en tenant compte des enseignements du passé récent. Notamment avec ceux des Togolais et Togolaises qui se sont déjà beaucoup impliqués dans cette lutte à leur place et à des titres divers, qui se considèrent comme des « indépendants » mais veulent une véritable alternative en termes de système politique de type décentralisé fondé sur une démocratie participative.
En effet, par le biais des élections législatives du 20 décembre 2018 entre partisans de l’autocratie ambiante, le système centralisé d’un pouvoir militaro-civil-ésotérique, avec ses capacités d’élargissements à la marge à des partis dits « indépendants » ou « satellites » ou « du centre » ou encore « d’opposition dits modérés », ont repoussé dans le temps les chances de réussite des luttes pacifiques au Togo. Rappelons tout de même qu’une partie de la C14 a systématiquement refusé d’écouter, d’entendre et de collaborer avec les composantes de la société civile et de la Diaspora qui affichent leur indépendance.
L’implication du Peuple togolais devra être conjuguée avec celle d’une partie des forces armées au service de ce Peuple et non au service de l’oligarchie au pouvoir et ses satellites privés étrangers.
2. Proposer une Alternative Politique par, avec et pour les Citoyens Togolais
Aussi, la notion « d’élargissement » ou encore de « changement » doivent être définitivement enterrées pour opter pour la notion « d’alternative politique et de gouvernance éthique ». En effet, ceux qui prônaient le changement ont systématiquement refroidi les ardeurs du Peuple togolais pour la construction d’une alternative crédible fondée sur un « Programme pour l’Avenir du Togo ».
Aujourd’hui chaque togolais se doit de faire le bilan des effets positifs ou négatifs de son propre alignement sur les stratégies adoptées depuis l’insurrection populaire et pacifique du 19 août 2017. La déstabilisation initiale du système de Faure Gnassingbé fut un tremblement de terre dont le régime a pris la mesure et la profondeur du malaise politique et social. Le Peuple togolais doit être assuré que l’exécutif togolais va s’employer par tous les moyens pour stopper toute nouvelle déstabilisation. Tous les stratagèmes et alliances politiques contre-nature ont été mis en place pour aboutir à neutraliser toutes les formes ou velléités de reprise de la lutte populaire.
Le refus de mettre en place les réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales apparaît comme un échec des partis d’opposition pour obtenir la mise en œuvre de la volonté du Peuple togolais. Aussi, la conclusion directe est que ceux qui ont choisi une lutte contre le pouvoir de Faure Gnassingbé qui passe par « 27 dialogues », « l’intermédiation de la CEDEAO avec une feuille de route approuvée à 75 % », « l’acceptation du 3e mandat usurpé de Faure Gnassingbé » et une procédure électorale où la CENI et la Cour constitutionnelle ne sont que des structures d’enregistrement de la « contre-vérités des urnes » en sont pour leur frais.
Ceux qui ont échoué ne peuvent plus représenter le Peuple togolais sans renouveler à l’infini leur stratégie de neutralisation des luttes populaires.
Une autre logique politique voudrait que la C14 ne puissent plus représenter seuls et de manière exclusive, les exigences du Peuple togolais, et continuer à ne pas tenir compte de ceux qui de leur côté se sont très largement impliqués dans cette lutte en les mettant en garde contre les écueils prévisibles de cette stratégie perdante.
En définitive, ceux qui neutralisent la lutte du Peuple togolais ne peuvent plus être ceux qui décident ou pas de la réussite de la lutte du fait de l’absence d’un programme commun et une incapacité à mettre en place une stratégie gagnante pour une alternance politique par, avec et pour les citoyens togolais. La capacité des « neutralisateurs » à représenter le Peuple togolais doit être mise en cause.
Donc, on ne peut élargir la C14 ou la C13 ! Il faut d’abord déconstruire pour pouvoir reconstruire sur des fondations solides l’unité combative du Peuple togolais.
Aussi, le RCDTI et le CVU-TOGO-DIASPORA proposent un regroupement de ceux qui souhaitent une alternative au Togo. Cette alternative doit passer par un programme commun, dont les bases peuvent être trouvées avec le programme pour l’Avenir du Togo. Mais ce programme n’est pas conçu comme un programme « clé en main » mais bien fondée sur une démarche décentralisée et doit permettre l’expression d’une démocratie participative.
3. Illégitimité de Faure Gnassingbé N’est Pas Levée par la CEDEAO
Personne ne peut et ne doit reconnaître Faure Gnassingbé et son futur nouveau Gouvernement car il est illégitime pour n’avoir pas respecté la Constitution de 1992 et en filigrane avoir mis en place un système politique fondé sur l’unilatéralisme des décisions. Ceux des partis politiques qui ont accepté de jouer ce jeu politiquement morbide, sont soit des « carriéristes », soit des traitres, soit des naïfs, soit des adeptes de la « ventrologie » au point de perdre toute crédibilité en matière de représentativité du Peuple togolais. Qu’une partie du Peuple togolais ne fasse pas de différence entre ces catégories est une constante en Afrique, au Togo en particulier. Sauf que la perte de confiance entre le peuple et ses dirigeants finit par augmenter le taux de violence du fait de la colère collective et le sentiment d’humiliation d’une majorité des citoyens togolais.
La CEDEAO, malgré son stratagème de facilitation-médiation, n’a pas fait disparaître la crise politique et sociale qui affecte le Togo, ni le problème de l’illégitimité de Faure Gnassingbé et l’autocratie exercée par son système militaro-civil-ésotérique. Cette question devra trouver une solution pacifique ou non pacifique.
Si le Peuple togolais lui-même n’en est pas conscience, alors le jeu hypocrite et sournois de la politique togolaise pourrait continuer à l’infini sans une alternative crédible politique mais avec seulement un changement des visages, de type « peau noire – masque blanc » ou plus exactement « peau RPT/UNIR – masque Indépendant/Centriste/Opposant modéré ».
4. Élections législatives togolaises : Simple Contre-Vérité des Urnes
Bref, les élections législatives du 20 décembre 2018 n’ont résolu aucun des problèmes de la crise togolaise mis en exergue par l’insurrection du 19 août 2017. Faure Gnassingbé ainsi que le parlement issu des dernières élections législatives sont des avatars qui ne peuvent se maintenir au pouvoir que grâce au filtres-déformant de la contre-vérité des urnes, qu’ils ont institutionnalisée. Ces gens ne représentent pas le Peuple togolais. Si le Peuple togolais pour des raisons bassement matérielles estime qu’il peut avaler cette couleuvre sans trépasser, alors le marathon démocratique continuera sa route vers plus d’éthique et le respect des valeurs humaines et sociétales.
Ceux qui iront dans le Gouvernement et au parlement issu des élections du 20 décembre 2018 seront soumis au diktat du pouvoir militaro-civil-ésotérique. Le Peuple togolais et sa Diaspora, la 6e région du Togo toujours pas recensée, ni autorisée à voter librement, ont le choix :
- Soit, ils veulent continuer à se faire représenter par ces hors-la-loi de 1992, alors ce Peuple et sa diaspora ne doivent plus se plaindre d’avoir accepté l’inacceptable et surtout d’avoir fait confiance à des représentants qui les ont emmenés vers une impasse. En effet, il n’y a pas eu de contestation des résultats du vote, ni de manifestation immédiate afin de marquer leur désapprobation. Cela a permis au pouvoir togolais de mener à bien sa stratégie consistant à empêcher toute forme d’alternative politique au Togo, sauf si c’est Faure Gnassingbé qui le réalise comme c’est déjà le cas en toute illégalité avec l’usurpation du mandat présidentiel entre 2015 et 2020 et en prévision, les mandats entre 2020 et 2035, puisqu’il est question pour Faure Gnassingbé et UNIR/RPT de remettre les compteurs à zéro en 2020 et se représenter.
- Soit, le Peuple togolais et sa Diaspora persistent dans la lutte pacifique et continuent à accentuer la désobéissance civile sous toutes ses formes en ne laissant retomber l’effet d’entrainement des premiers acquis du 19 août 2017.
5. Trahir le Peuple en Entrant dans un Gouvernement d’Union Nationale
Ainsi le RCDTI et le CVU-TOGO-DIASPORA mettent en garde tous ceux, des partis politiques ou de la société civile y compris dans la Diaspora alignée, que leur participation à un Gouvernement faussement appelé d’« Union Nationale » serait considérée comme une trahison supplémentaire des aspirations du Peuple togolais et une légitimation du maintien de Faure Gnassingbé et son système en place jusqu’en 2035. Par ailleurs, les gouvernements d’union nationale sur le sol africain n’ont jamais rien donné de bon. Au contraire, c’est le règne du statu quo et des rapports de force, souvent extérieurs, qui empêchent la souveraineté nationale de s’exprimer. Les décisions fondées sur des faux consensus, à l’instar de ceux des Nations Unies, conduisent toujours à opter pour le plus petit dénominateur commun, autrement dit l’absence d’action et donc la neutralisation du pays. Le leadership alternatif est indispensable. Mais le faux consensus africain autour de la centralisation des décisions ne permettra pas d’avancer. Le principe de la centralisation aboutit toujours à bloquer toutes les initiatives au Togo.
Aussi, le RCDTI et le CVU-TOGO-DIASPORA préconisent de réfléchir à l’adoption d’approches politiques fondées sur la décentralisation et la démocratie participative.
Dans un tel système, les traitres, les opportunistes, les hypocrites en politique, sont rapidement identifiés comme ne pouvant représenter le Peuple. Mais avec le système actuel de la hiérarchie pyramidale et de la centralisation exacerbée par une grande partie des forces armées non républicaines, le Togo se retrouve avec une stratégie non gagnante.
Les réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales n’ont pas eu lieu. Le recensement et le vote de la Diaspora n’existent pas. Les nombreux sympathisants de la démocratie croupissent en prison malgré les quelques prisonniers graciés récemment.
En faisant écho aux nombreuses demandes du Peuple togolais, on s’aperçoit que la C14 et ceux qui s’alignent religieusement sur sa position oublient que la colère du peuple togolais gronde. En refusant d’autoriser les marches pacifiques de la société civile dans les villes de l’intérieur du pays qui ont enregistré d’énormes taux de mobilisation populaire ces dernières semaines, mais en autorisant uniquement sur Lomé celle de la C14, la mouvance présidentielle divise le Peuple togolais.
La C14 devrait ainsi faire très attention au risque d’apparaitre comme celle qui, en fin de compte, légitime le pouvoir en place et refuse de retrouver dans la mobilisation des forces populaires les bases de représentativité élargie du Peuple togolais.
6. Élargir la Base de la Représentativité du Peuple Togolais
La société civile au Togo et sa Diaspora doivent être reconnues en tant qu’entité à part entière. Mais, il semble que ces entités représentant plus de 70 % de la population togolaise n’ont pas de représentativité. Il faut donc évoluer vers de nouvelles « alliances » pour une nouvelle alternative politique au Togo. Cette alliance devra d’abord se faire entre les mouvements citoyens puis, sur la base de leur proposition et un système et une méthodologie de prise de décision fondée sur la démocratie participative, intégrer au fur et à mesure les partis politiques qui sont prêts à signer une Charte sur leur indépendance vis-à-vis du pouvoir militaro-civil-ésotérique de Faure Gnassingbé. Ce n’est que sur cette base de confiance retrouvée qu’il sera possible de travailler ensemble afin d’évoluer, dans le cadre d’une transition vers la vérité des urnes et la vérité des comptes publics. Cela passe par l’échafaudage d’un programme pour l’avenir du Togo que pourra sanctionner une Conférence inclusive.
7. Opter pour une Stratégie Commune et Gagnante
Enfin rappelons à ceux qui estiment nécessaire de suivre scrupuleusement les ordres du pouvoir en place que lors des manifestations, les interdictions dictées par un pouvoir non légitime en regard de la Constitution de 1992, sont aussi irrégulières que l’illégalité du pouvoir de Faure Gnassingbé dans son troisième mandat usurpé. Avec un parlement où les deux partis les plus importants sont UNIR avec 59 députés et la nébuleuse dits les Indépendants avec 17 députés, le rôle de l’opposition dite centriste, modérée ou alignée relève du « folklore ». Une démocratie fondée sur une République bananière uniquement avec des bananes plantains.
La mobilisation à Lomé et à l’intérieur du pays ne peut être sabotée par un petit nombre d’inconscients juste pour des raisons alimentaires. La lutte fondée sur la non-violence doit demeurer la base du retournement du rapport de force et servir de base à toutes les actions fondées sur les valeurs de justice, d’équité, de liberté et de vérité des urnes.
La guerre des « chefs » pour représenter le Peuple togolais doit cesser. La voie à choisir passe par une nouvelle convergence fondée sur la transparence des débats et un mode clair de prise de décision avec au préalable l’association des citoyens à l’élaboration du nouveau contrat social.
Si ceux qui ont conduit le Togo dans l’impasse actuelle veulent participer à l’avenir du Togo, alors qu’ils et elles fassent la nécessaire autocritique qui les conduirait à faire profil bas et acceptent, pour certains, de prendre leur retraite bien méritée, et pour d’autres que de nouvelles personnalités, sans casseroles, puissent avoir leur chance de proposer des alternatives crédibles aux citoyens togolais qui pourraient ainsi les aider à assoir un nouveau rapport de force. Le leadership sans programme commun est une erreur de stratégie.
L’avenir du Togo ne peut se construire avec ceux qui ont unilatéralement choisi cette stratégie inefficace, et donc aujourd’hui perdante. Ceci impose donc une nouvelle alliance pour une alternative politique.
8. Recommandations de RCDTI et CVU-Togo-Diaspora : Dynamique de Vigilance
Le RCDTI et la CVU-TOGO-DIASPORA recommandent au Peuple togolais :
- de ne pas accepter que la prochaine marche pacifique prévue le 26 janvier 2019 sur l’ensemble du territoire du Togo ne soit pas annulée une nouvelle fois ;
- de déconstruire pour reconstruire sur des fondations solides leur certitude afin d’identifier, sur une base de la décentralisation, une nouvelle représentativité du Peuple togolais, avec des membres indépendants à l’égard du pouvoir UNIR/RPT, y compris au sein de la Diaspora plurielle ;
- d’apporter son soutien et sa contribution lors de la préparation du Programme sur l’avenir du Togo ;
- de soutenir les démarches conduisant à la Conférence inclusive qui se tiendra en plusieurs étapes et sans la mouvance présidentielle au départ ;
- de s’engager à ne plus rompre leur pacte moral avec les valeurs humaines et les forces de la justice et du bien.
Alors la convergence citoyens togolais indépendants vers une nouvelle souveraineté aura pris son envol. Encore faut-il rester systématiquement vigilant !!!
Le 13 janvier 2019.
La Direction du :
Réseau de Coordination de la Diaspora togolaise indépendante (RCDTI) et du Collectif pour la Vérité des Urnes-Diaspora Togo (CVU-Togo-Diaspora)
Dr Yves Ekoué Amaïzo
Jean Pierre Akoete Balikpo
François Fabregat
Apelete Félix Kodjo
Christian Mensah
Dr Antoine Randolph
Toutes les associations qui souhaitent être signataires de ce texte peuvent le faire en écrivant par courrier électronique à l’adresse ci-dessous. Leur nom sera rajouté à la liste de associations.
Contact : [email protected] qui transmettra
27Avril.com