Au Togo, voici ce que l’opposition réserve au parti au pouvoir

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Sortie fragilisée de la présidentielle, l’opposition s’organise pour préparer les régionales, les premières du genre, qui devraient se tenir en 2021.

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La présidentielle du 22 février 2020 a été remportée sans surprise par le président sortant, Faure Essozimna Gnassingbé dès le premier tour, mais avec une victoire plus écrasante que jamais puisqu’il a recueilli 70,78 % des suffrages exprimés (contre 58,77 % en 2015 et 60,9 % en 2010). Près d’un an plus tard, les résultats du scrutin sont toujours contestés par une partie de l’opposition, à commencer par l’ex-Premier ministre Agbéyomé Kodjo, candidat du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD). Arrivé deuxième, avec 19,46 % des suffrages exprimés (contre 0,9 % en 2010), il continue de se proclamer « président élu » et a quitté le pays depuis qu’un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui, en juillet dernier.

Soutenu dans la course à la magistrature suprême par la coalition Dynamique Mgr Kpodzro (DMK), Agbéyomé Kodjo a par ailleurs devancé celui qui, depuis plus de dix ans, est considéré comme le principal leader de l’opposition : Jean-Pierre Fabre. Le président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) n’est en effet arrivé que troisième, avec 4,68 % des suffrages (contre plus de 35 % en 2015 et près de 34 % en 2010).

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Nouvelle carte électorale

« Le paysage politique actuel est fortement influencé par les résultats de la présidentielle de février 2020. Le scrutin a redessiné une nouvelle carte électorale, avec le basculement de certaines régions acquises historiquement à l’opposition, comme la Région maritime et ou celle des Plateaux », analyse le professeur Essohanam Batchana, enseignant-chercheur à l’université de Lomé. Aussi, les partis de l’opposition comptent bien se réorganiser pour mobiliser les Togolais avant les élections régionales – les premières du genre –, qui devraient se tenir en 2021, et les législatives, prévues en 2024.

Après sa cuisante défaite en février 2020, Jean-Pierre Fabre a observé un silence de huit mois avant de remonter sur scène. Aujourd’hui, il veut croire en sa nouvelle stratégie, qu’il résume en deux points : ne plus boycotter d’élections – comme les législatives de décembre 2018, lorsqu’il était membre de la Coalition des 14 (C14), qui a volé en éclats – et ne plus prendre part à un regroupement de partis. Une décision justifiée par les attaques menées contre l’ANC par de soi-disant alliés. « Nous sommes l’objet de manœuvres de déstabilisation ourdies par de prétendus amis qui assurent défendre la même cause que l’ANC », déplore-t-il, accusant certains cadres de l’opposition d’être « des entraves à la marche résolue vers l’alternance et le changement auxquels aspirent les Togolaises et les Togolais ».

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Toutefois, il ne tourne pas définitivement le dos à l’unité d’action, mais il estime qu’à l’avenir cette unité ne pourra se faire qu’avec « une opposition sérieuse et responsable pour préparer la suite de la lutte », ainsi qu’il le revendiquait le 10 octobre dernier, lors d’un conseil national de l’ANC. « Jean-Pierre Fabre semble grandi par les événements survenus ces derniers temps dans l’espace politique national, et son engagement actuel est bien courageux », estime Senyéebia Yawo Kakpo, enseignant-chercheur en sciences juridiques et politiques à l’université de Kara.

Les leçons du passé
Si, pour rebondir, le leader de l’ANC peut profiter de l’absence et des ennuis judiciaires d’Agbéyomé Kodjo – accusé d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État et de troubles aggravés à l’ordre public –, il doit aussi savoir rassurer les Togolais qui croient encore en lui et ramener les déçus au bercail.

« Nous allons travailler constamment pour éveiller davantage les consciences et garder les populations mobilisées afin d’accroître leur adhésion à l’option préconisée par l’ANC, celle des pères de l’indépendance et fondateurs de notre nation, explique Jean-Pierre Fabre. Cette option est gravée dans notre hymne national : ne jamais baisser les bras, “lutter sans défaillance” pour vaincre et vivre libres, unis et solidaires, indépendants et souverains. Et nous vaincrons parce que la persévérance gagne, parce que notre cause est juste. »

Également bien décidé à tirer les leçons du passé pour remobiliser les populations, l’ex-député Paul Dodji Apévon, président des Forces démocratiques de la République (FDR), s’engage à agir avec « plus de loyauté, plus d’humilité, plus de sacrifice et plus d’amour. La haine, les dénigrements et la vengeance ne nous mèneront à rien ». Une position que semble partager la DMK, dont deux membres – Gérard Djossou, président de la commission des affaires sociales de la coalition, et Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson – ont par ailleurs été arrêtés à la fin de novembre 2020, puis inculpés dans le cadre d’une enquête pour atteinte à la sécurité intérieure de l’État. « Nous ne pouvons pas nous enfermer pour dire que les autres ne comptent pas. Personne ne peut mener cette lutte seul », assure Fulbert Sassou Attisso, ex-coordonnateur de la coalition.

Source : Togoweb.net