Au Togo, la population préfère les microfinances aux banques

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Pour obtenir un prêt et financer la réalisation de leurs projets, dans le cadre de l’entreprise ou à titre personnel, beaucoup de Togolais se tournent vers des institutions financières, notamment les banques et les microfinances.

Mais les conditions d’accès souvent compliquées pour les premières, obligent les candidats aux prêts à adopter les secondes ; accordant ainsi aux microfinances leur préférence.

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Banques , microfinances et sociétés de crédit-bail constituent pour l’essentiel les institutions financières dans notre pays. Les dernières, plus récentes, sont encore relativement moins connues que les deux premières. Cellesci offrent dans leurs services, outre des produits d’épargne, des prêts aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises.

Dans les banques, les clients ont droit à différents crédits dont immobilier, affaires, automobile et scolaire etc. Les microfinances proposent globalement les mêmes offres.

S’il y a quelques points communs, la microfinance a pour sa part comme objectif de fournir des services financiers aux personnes à faible revenu. Elle s’inscrit dans une démarche d’appui aux ménages à faible revenu en leur facilitant l’accès aux  services financiers abordables et de qualité pour financer des activités génératrices de revenus.

Elles aident également les ménages à revenu faible à stabiliser leurs dépenses de consommation et à se prémunir contre les risques. Au Togo 87 institutions dont 7 réseaux constitués de 103 structures de base sont dénombrées par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

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Quant aux banques, au-delà de gérer les moyens de paiement, elles ont également pour vocation d’assurer la sécurité des transactions financières et d’accorder des crédits. Au 3è trimestre 2020 , le Togo comptait 14 banques dont 11 filiales et 3 succursales.

Procédure simplifiée

La procédure d’obtention de crédit dans les institutions  de microfinance dans notre pays est plus simple. « Au plus une semaine après l’introduction de la demande, vous rentrez en possession de votre crédit », assure Laurent Assignon, agent de crédit à FUCEC-Togo. Dans les microfinances, le futur débiteur pour une première demande de prêt, devra naturellement disposer d’un compte dans la structure datant d’au moins de 3 à 6 mois selon les institutions.

Celui-ci doit être opérationnel durant cette période à travers des dépôts et des retraits réguliers d’argent. En plus de cette exigence, l’éligibilité est conditionnée à la fourniture d’une garantie de remboursement. Celle-ci est constituée entre autres de cautionnement de deux personnes ayant chacune une activité génératrice de revenus, des preuves de source de revenus du futur emprunteur. Celui-ci devra disposer, en outre, du tiers de la somme souhaitée à emprunter.

« Une fois ces conditions réunies, nous passons à l’étude du dossier pour nous assurer de la possibilité du client ou des personnes cautions à solder le crédit dans le délai», détaille l’agent de crédit. S’agissant du taux d’intérêt, il varie de 14 à 16 % selon l’institution.Les microfinances développent également des prêts de groupe avec des garanties collectives.

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« Dans ce cas, le crédit est octroyé à des groupements dont les membres exercent généralement des activités identiques. Le groupement se constitue en caution et le paiement du crédit se fait également collectivement » explique M. Assignon.

Parcours de combattant dans les banques

Si le crédit est accessible avec un processus simplifié dans les microfinances, il peut constituer un véritable parcours de combattant pour les emprunteurs qui optent pour les banques. En effet, celles-ci exigent des conditions souvent inaccessibles pour les candidats.

Globalement, pour les personnes physiques, il faut être salarié et titulaire d’un contrat à durée déterminée ou indéterminée, ouvrir un compte chèque dans les livres de la banque, avoir une domiciliation ferme et irrévocable du salaire signée par l’employeur.

Dans les dossiers de demande de prêt, Les 3 derniers bulletins de salaire devront être joints à la demande et la banque devra vérifier le coefficient d’endettement du demandeur Celui-ci devra également souscrire à une assurance décès invalidité et perte d’emploi, ainsi qu’à la signature d’une convention de crédit sous seing privé, indispensables à la validité du dossier. Les banques exigent par ailleurs une garantie de solvabilité qui est généralement le titre foncier. « Les banques sont sans pitié si vous ne payez pas dans le délai auquel cas votre bien sera saisi », précise Elysée PAGNON, employé de banque.

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Le dépôt de dossier est suivi de son étude. « En fonction du salaire, nous calculons la quotité. Celle-ci détermine le montant à mettre à votre disposition » explique l’ employé de banque. « Ces conditions ne facilitent pas l’accès aux crédits dans les banques », regrette un agent de la fonction publique.

Si l’accès n’est pas facile pour les particuliers, il l’est encore plus pour les entrepreneurs. Ceuxci, pour être éligibles, devront fournir des documents qui renseignent sur l’entreprise, son  plan d’affaires, ainsi que des garanties de remboursement.

Une préférence aux microfinances

De fait, la majorité des Togolais choisissent les microfinances. D’après les données de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) sur la situation des sociétés de financement décentralisées au Togo, près de 2 millions de nos compatriotes ont recours aux services de la microfinance.

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« Les structures de microfinances, considérées pendant longtemps comme réservées aux couches vulnérables, intéressent de plus en plus les employés, voire de grands commerçants » relève Laurent Assignon.

Selon la même source, le taux de bancarisation dans notre pays en 2019 est de 25,1%. Malgré ce taux qui fait du Togo champion dans l’espace UEMOA, l’accès des ménages et des entreprises au crédit reste difficile avec des taux de l’ordre de 8%.

Focus Infos No 266

Source : Togoweb.net