C’est assez extraordinaire ce qui se passe au Togo en matière de gouvernance du clan Gnassingbé. Le père qui ne connaissait que le métier des armes avait fait une gestion plus efficiente du pays.
Son bilan peu honorable, bien qu’il soit pour 38 ans de règne sans partage, caractérisé par le marasme économique et financier et la gestion patrimoniale et opaque des finances publiques, avait néanmoins eu le mérite de n’avoir pas bradé les sociétés d’Etat.
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Même si le ministre des Droits de l’Homme Christian Trimua proclame urbi et orbi que le père a laissé, après son règne au long court, « un pays socialement délabré, économiquement exsangue et politiquement divisé », il a eu cette lucidité de n’avoir pas concédé à vils prix les entreprises étatiques.
Au contraire, imbu de patriotisme et soucieux de l’indépendance économique du Togo, il aurait même eu le génie de nationaliser les richesses du pays, notamment les mines. Il aurait failli payer de sa vie cette audace en refusant de se laisser corrompre par les impérialistes de la CTMB et en décidant de « porter de 35 à 51% la part du Togo dans la société exploitante des mines de phosphate et de faire assurer désormais la commercialisation de ce phosphate par un organisme public, l’Office togolais des phosphates (OTP) ». C’est cette nationalisation, dit-on, qui aurait conduit en 1974 à ce qu’on avait appelé l’attentat de Sarakawa.
Le fils est tout l’opposé du père. On l’avait vendu extrêmement cher aux Togolais en 2005 quand il avait fait effraction dans leur vie dans les conditions apocalyptiques qu’on connaît. On avait dit de lui qu’il avait fréquenté de prestigieuses universités occidentales, Paris Dauphine en France et l’Université George Washington aux États-Unis où il était sorti nanti d’une maîtrise en Sciences de gestion et un Master of Business Administration (MBA). Fort de ce bagage cossu, il était auréolé d’image d’économiste exigeant lorsqu’il avait capté le pouvoir.
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Les Togolais s’attendaient qu’il se mette vite au travail pour recoller les morceaux de la gestion économique exangue de son père. Mais il s’est singulièrement éloigné de cette ligne de conduite depuis son arrivée au pouvoir. Non seulement, il ne fera pas mieux que son pater, mais sa gouvernance à lui est sertie d’une longue liste de gestion approximative des sociétés étatiques, de corruption et de scandales financiers et autres crimes économiques, le tout alimenté par l’impunité
Comble d’imposture, les richesses et entreprises publiques, les structures bancaires, la SOTOCO, la CEET, les phosphates, les mines, les télécoms, etc. sont bradées à tour de bras aux multinationales et aux étrangers. Plus rien aujourd’hui n’appartient aux Togolais. Comme ironisait l’autre, un beau jour, quelqu’un débarquera pour sommer les populations de plier bagages et de se trouver une nouvelle terre d’asile parce qu’il est le propriétaire exclusif du Togo.
Aujourd’hui, c’est le Port de Lomé, présenté comme le poumon de l’économie nationale, liquidé au groupe Bolloré qui scandalise l’opinion. « Juste avant et après la réélection de Faure Gnassingbé en 2010, révèle Médiapart, le groupe Bolloré a obtenu une prolongation de concession du port de Lomé, assortie d’avantages dorés sur tranche : construction d’un 3ème quai, exonérations fiscales, nouveaux entrepôts.
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Détail piquant : Bolloré a aussi obtenu une nouvelle concession de manutention portuaire…qu’il exerçait en fait depuis sept ans sans qu’elle n’ait jamais été formalisée par écrit ».
En français facile, le port de Lomé, « l’élément moteur de la croissance économique» comme le clamait un ministre de Faure Gnassingbé, a été offert cadeau au groupe Bolloré. Plus révoltant, le multimilliardaire breton est exempt de charges fiscales pendant que la petite boutique d’alimentation générale tenue par le voisin du quartier est fermée pour non payement d’impôt. Que dit la chanson déjà ? Les ennemis de l’Afrique, ce sont les….
Liberté N°3338
Source : Togoweb.net