La marée humaine observée dans la ville de Sokodé hier au premier jour des manifestations de la Coalition des 14 partis de l’opposition, était tout simplement impressionnante. Non pas pour le nombre qui était dans la rue (puisqu’on connaît déjà la détermination de cette ville), mais à cause de ce que subit cette population de la part du régime de Faure Gnassingbé depuis le 19 août 2017.
L’on ne croyait pas Sokodé encore si déterminée. Parce qu’elle fait partie des villes assiégées depuis plusieurs mois. Presque régulièrement, des militaires y font des descentes musclées, bastonnent la population sans autre forme de procès, en laissant derrière eux des blessés graves et d’autres personnes obligées de fuir la ville pour sauver leur peau.
La dernière descente date du mois dernier, où les militaires, arrivés dans la ville, ont commencé par tirer des grenades lacrymogènes et des balles réelles, tapant sur tout ce qui bouge. Dans la foulée, le monument historique qui symbolise l’âme même du peuple Tem et qui est dressé dans le village de Kparatao, a été criblé de balle, endommageant sérieusement cette statue qu’admirent les touristes.
Toute cette campagne contre les populations de Sokodé a pour but de les dissuader à prendre part aux manifestations de la Coalition des 14 partis de l’opposition. Mais comme on le dit souvent, rien ne peut arrêter un peuple en marche vers sa liberté. Et la ville de Sokodé a fait la démonstration ce jeudi, 1er jour des manifestations.
Ce sont des milliers de gens qui ont pris d’assaut les rues de Sokodé, scandant des slogans hostiles au régime de Faure Gnassingbé qui leur fait subir des atrocités pas possibles, à les en croire. Parmi cette foule immense, ce sont ceux qui portent encore les séquelles de la répression dans cette ville qui ont impressionné plus d’un. Ces derniers, malgré tout, croient toujours à l’alternance et à la fin de ce régime.
« Tant que nous avons encore le souffle en nous, nous participeront aux manifestations. Même si nous devons nous traîner par terre pour arriver. Les traitements particuliers que le régime réserve à notre région, avec son lot de blessés, de morts et de réfugiés, ne nous feront pas taire. Nous préférons mourir pour cette cause (la libération du Togo) que de finir comme un chien. Nous ne demandons pas qu’on nous donne le soleil ou la lune. Notre demande est simple : qu’on fasse les réformes et que ce régime parte en 2020. C’est aussi simple que ça. Si c’est pour cela qu’on doit nous tuer, alors nous sommes prêts pour l’ultime sacrifice. Vous voyez tout ce monde dans la rue, la plupart d’entre eux ont déjà subi la répression militaire dans cette ville et trainent encore les blessures. Mais ils sont encore là, décidés à obtenir ce qu’ils veulent », a confié un manifestant dans la ville.
La démonstration de force à Sokodé jeudi traduit l’expression d’un peuple à bout de souffle, fatigué d’un régime cinquantenaire qui continue de le marginaliser. En réalité, les expéditions punitives, les descentes musclées des militaires et autres répressions qui pleuvent sur cette population ne font que la galvaniser.
En tout cas, le déluge humain observé hier dans les rues montre que Sokodé reste toujours debout.
I.K
Source : www.icilome.com