La prostitution sur les réseaux sociaux est un phénomène en pleine expansion au Togo et plus particulièrement dans le Grand Lomé. Le plus vieux métier au monde est en train de migrer de la rue pour s’imposer sur les réseaux sociaux. La cyber-proxénétisme est en vogue dans notre pays et doit faire réfléchir.
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Elles sont majoritairement des jeunes filles aux formes biens définies par dame nature. Souvent des intellectuelles, elles ont des coachs et sont représentées par des agences de placement créées en ligne sur Facebook, Whatsapp ou Instagram. Sur ces réseaux, elles gèrent leurs projets d’entreprise unipersonnelle et appâtent des clients en publiant de petites annonces subtiles et déguisées.
Âgée de 20 ans, Cynthia (nom d’emprunt) parle de son entreprise spécialisée dans la vente de son corps de femmes et les secrets de l’agence de représentation dont elle est membre.
« Nous sommes plus de 120 filles dans notre agence. Moi, je ne suis qu’à l’étape première. Il y a 4 étapes et chaque étape correspond à sa proie. Il faut comprendre que c’est relatif à l’argent. Les filles à l’étape 1, gèrent des clients qui peuvent payer 10 mille F CFA en allant jusqu’à 30 mille FCFA par heure. Le top niveau, qui est l’étape 4, là-bas les aînées gèrent des clients de 100 mille jusqu’à 500 mille F CFA l’heure. Elles vont parfois à des missions à l’étranger. J’ai hâte d’arriver à ce niveau. C’est le niveau du high-life », a-t-elle confié les yeux pleins d’étoiles.
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Selon notre interlocutrice, il faut être initié pour adhérer à ces groupes secrets. Il faut un test sexuel et il faut aussi une formation en auto-défense.
« Moi, à mon arrivée, j’ai été testée et formée pour être bisexuel. Je satisfais actuellement des lesbiennes de même que les hommes. Mais le test auquel on nous soumet n’est pas facile. J’ai couché avec 10 hommes et 10 femmes pendant une semaine. Arrivée en qualité de novice en la matière, c’était difficile pour moi. Mais j’ai résisté… parfois grâce à l’alcool. C’est-à-dire, je me dope avec de l’alcool et le tour est joué. J’ai vite tapé dans l’œil de notre responsable et elle m’a intégrée au groupe », a-t–elle révélé sans trop de gêne.
Cynthia parle d’un aspect méconnu de cette pratique. Le côté spirituel de la chose. La prostitution simple, selon elle n’est pas une bonne chose. « Il faut toujours se protéger. Mais pas par des rituels où on fait des sacrifices humains », a-t-elle précisé.
Dans leur Agence, Cynthia et ses camarades sont présentées aux ‘’dieux de la sensualité’’. Il s’agit en réalité d’une divinité qu’elles invoquent pour la réussite de leurs affaires et pour leur protection contre tous types de dangers.
« Régulièrement, nous venons faire des offrandes au dieu de la sensualité. Nous lui offrons des parfums et autres objets que je ne vais pas citer ici. Nous venons faire nos réunions et offrandes en de petits groupes et souvent, c’est dans des hôtels que nous les faisons. Puisque notre agence n’a pas de siège. Son siège, c’est sur Facebook ou Whatsapp. Mais attention, tout est bien sécurisé. Et il y a des rituels que nous faisons. Ce sont des prières, parfois même, c’est des versets bibliques que nous récitons. Nous avons aussi un livre où sont écrites des prières à ce dieu. Mais ce n’est pas de la sorcellerie. Nous avons prêté serment entre nous de ne jamais dire certains secrets que je ne vous dirai pas ici. C’est un serment qui nous lie comme des sectaires… Nous dépassons même des sectaires, je vous assure. Nous sommes unies et sereines sur ce côté », fait savoir la belle Cynthia.
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Le business est très lucratif, révèle-t-elle. Les proxénètes et prostituées circulent dans la capitale comme des hauts fonctionnaires d’Etat. « J’ai une amie aînée dans notre agence, jusqu’alors, sa famille croit qu’elle travaille dans une grande banque de la place. Elle a une grosse bagnole, et s’est payé une villa tout récemment dans la capitale. Elle dit à ses proches qu’elle travaille dans une banque. Quand elle se réveille, elle s’habille proprement et vient rester chez moi à la maison. Si elle n’a pas un investissement de jambes en l’air, elle ne peut pas s’offrir une telle vie. Moi-même parfois, je gagne 50 mille dans certaines semaines, bien qu’étant une débutante. Mais durant la fête de Saint valentin, j’ai eu à travailler tous les jours et j’ai gagné 130 mille F CFA. Mais je vous assure que ça n’a pas été facile. J’avais tellement mal dans mon vagin que c’était insupportable », a confié celle-ci avec un petit sourire aux commissures.
Tout comme Cynthia, Mimi, Josée et Laure (des noms d’emprunt) ont elles aussi, des actions dans le business du sexe. Toutes de jeunes bachelières, elles ont décidé de raccrocher les études pour se lancer dans le monde des affaires et pas de n’importe quelle affaire.
En attendant de trouver mieux, ces trois amies ont elles aussi créé leurs agence de prestation en ligne. Au départ, elles ont débuté comme une agence d’hôtesses. Mais le groupe s’est vite transformé en une agence d’un autre type plus lucratif selon elles. Sur Facebook, elles ont plusieurs comptes avec des noms masqués. Le trio qui se surnomme : ‘’les trois folles pipeuses’’ disent avoir décidé de sucer en profondeur, les poches des hommes. Elles sont spécialisées dans des séances de partouse (sexe en groupe).
« Ensemble, nous sommes plus fortes. C’est pourquoi chaque matin, nous nous consultons. Si nous avons chacun des clients, nous donnons rendez-vous à ces derniers dans un seul hôtel. Et arrivées sur les lieux, nous exigeons de nos clients, qui étaient venus chacun de son côté, que l’acte se passe dans une seule chambre. Nous arrivons à les convaincre et les choses habituellement se passent bien. Faisant cela depuis un certain moment, nous avons commencé par faire l’amour entre nous. Nous couchons ensemble entre filles si nous n’avons pas de clients sous la main et nous sommes toujours ensemble », a témoigné Mimi, la plus jeune des trois (elle a 19 ans).
Les « Trois folles pipeuses » en connaissent un rayon sur l’aspect spirituel de leur métier. « Si tu es capable de sortir la nuit, c’est que tu es quelqu’un. On se prépare toujours car, on ne sait pas qui nous allons rencontrer. Mais après tout, nous n’avons rien de mal contre qui que ce soit. C’est l’argent que nous voulons », a laissé entendre, Laure (20 ans nantie d’un BAC II série G3).
En clair, il ressort des propos de Cynthia, Mimi, Josée et Laure qu’elles pratiquent également l’homosexualité et des rituels vaudou dans leur métier afin de faire prospérer leurs affaires et surtout, se protéger contre de mauvaises rencontres.
La prostitution est sans doute, dangereuse pour la santé de ceux qui l’a pratiquent. Pour cette raison, les prostituées préviennent le danger en faisant régulièrement des soins médicaux. Elles sont très attentives et prennent grand soin de leur appareil génital.
C’est la confidence que nous fait Abidé (cyber-proxénète et prostituée de luxe). « Je n’ai pas demandé des conseils à un médecin avant de savoir que ce jeux pourrait me causer de sérieux problèmes quand je serai prête à devenir mère. Car souvent, après les rapports sexuels, je sens des douleurs vaginales et aussi, une mauvaise odeur se fait sentir sur moi quand je me réveille le matin. C’est ainsi que je suis allée voir un médecin à Agoé. Et quand il m’a consultée, j’ai été claire avec lui que je fais la prostitution. C’est lui qui m’a appris certaines choses. Avant, on faisait des choses dangereuses croyant qu’on se douche bien. Alors que c’est mauvais. Il m’a donné des astuces, et m’a aussi recommandé de venir régulièrement à la consultation. Donc moi à chaque fin du mois, je me fais consulter. Et si quelque chose va mal chez moi, il me traite. Je recommande ça à mes filles aussi et elles respectent cela », a-t-elle dit.
Les risques liés à la prostitution sont énormes tant pour la jeune fille qui s’adonne à cette pratique que pour la future mère qu’elle deviendra. Selon Dr Joseph YAKPEY, Gynéco-obstétricien au CHU Sylvanus Olympio de Tokoin, la prostituée peut avoir d’abord des problèmes de santé physique et contracter des maladies sexuellement transmissibles essentiellement. Elle peut aussi avoir des problèmes de santé mentale. Son estime de soi, peut se réduire et être en difficulté au sein de la société.
Pour les prostituées, les hépatites virales, l’infection à chlamydia est le risque de maladies est une réalité. A long terme, elle peut développer une stérilité.
Certaines maladies et infections sexuelles, si elles ne sont pas bien traitées, peuvent évoluer vers des complications et toucher les trompes. Quand ce conduit est désorganisé, la fertilité de la femme est touchée, puisqu’il faut que les trompes soient en bon état pour pouvoir faire passer l’œuf fécondé jusqu’à la cavité de l’utérus », prévient le médecin.
Les travailleuses de sexe sont également exposées à d’autres maladies liées à certaines pratiques sexuelles notamment, les mutilations génitales, les pénétrations orales et anales.
« Avec les pénétrations orales, la prostituée peut contracter des maladies comme des mycoses inexpliquées selon le partenaire infecté. Si elle utilise la voie anale, la sodomie qui est dangereuse, ça va entraîner des complications au niveau du sphincter anal qui lui permet une rétention des selles, de contrôler les besoins d’aller aux selles. Si ce sphincter devient lâche, la jeune femme aura des continences », a ajouté Dr Joseph YAKPEY, qui recommande fortement l’utilisation de préservatifs.
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Maman Ayoko, Herboriste-guérisseur pense de son côté que la prostitution est une maladie spirituelle qui doit se traiter avec des recettes spirituelles. « Tu peux donner 1000 conseils à une prostituée, elle ne va pas changer. C’est un esprit qui les pousse à faire cela. L’esprit fait partie du groupe des sirènes. Il y a différents types de sirènes. Certaines n’aiment pas le sexe, mais d’autres aiment tellement ça. Donc, ces dernières manipulent les corps humains pour satisfaire leurs besoins. Mais c’est dangereux pour la jeune fille qui est manipulée pour satisfaire un esprit… Nous guérissons ça. Il y a des plantes qui chassent ces sirènes. Ce sont ces plantes que nous donnons aux victimes et très vite, elles sont délivrées », a laissé entendre la spiritualiste.
Abordant dans le même sens que Maman Ayoko, des pasteurs rencontrés par l’Agence de presse AfreePress, ont également évoqué des causes spirituelles. Pour Pasteur Bruno Akakpovy, pasteur T. Moise, Evangéliste Abraham, « la prostitution est une arme que le diable utilise pour détruire le monde ».
La prostitution est une réalité au Togo. Mais l’aspect le plus dangereux de ce métier, est l’homosexualité et le proxénétisme qui se développent dans les coins et recoins du pays. Récemment, un cas de pédopornographie mettant en scène des enfants dont l’âge est compris entre 6 et 13 ans, a défrayé la chronique dans la préfecture de Zio.
Dossier réalisé par Amen ANIKA avec l’assistance de Noellie A. (stagiaire)
Avec Afreepress.info
Source : Togoweb.net