Deux semaines après l’homicide dont a été victime le Colonel Bitala Madjoulba, on ne connaît toujours pas les circonstances réelles de sa mort, encore moins les auteurs, les éventuels commanditaires du crime et leur motivation.
Rien de surprenant en principe puisque dans ce genre d’affaires, il n’est pas inhabituel que l’enquête s’inscrive dans une durée plus ou moins longue, et soit tributaire d’un certain nombre d’éléments dont ceux qui investiguent n’ont pas la maîtrise. En effet, le temps judiciaire est souvent aux antipodes de celui médiatique.
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Ce qui l’est, c’est le silence voire l’omerta qui entoure la mort de cet officier. Il ne s’agit pas de revendiquer une instruction sur la place publique qui en violerait le secret, ni d’exiger la participation des enquêteurs au tourbillon médiatique.
Mais simplement, de demander de rendre « officiellement publique », la disparition d’un homme, un Colonel, Commandant du 1er Bataillon d’Intervention Rapide (1er BIR), l’une des unités d’élite de l’armée togolaise, ex-Commandant du Centre d’Entraînement des Opérations de Maintien de la Paix (CEOMP) et 2è Régiment d’Infanterie d’Adidogomé, Chevalier de l’Ordre du Mono et Officier National de Mérite ; excusez du peu.
Or à ce jour, la Grande Muette est demeurée silencieuse comme pour coller justement au substantif dont elle est affublée. Comme le Ministère de la Défense ou encore le Procureur de la République, qui ne s’est laissé aller à quelques déclarations que chez nos confrères de RFI.
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Il nous semble que dans ce genre de contexte, comme cela a pu être fait relativement à d’autres dossiers et en considération du profil du de cujus, la publication d’un communiqué, fût-il laconique, aurait assuré un service minimum.
La parole officielle aurait ainsi eu plusieurs vertus, dont deux importantes. En premier lieu apaisante et rassurante. Apaisante par la présentation de condoléances publiques à travers les médias d’Etat.
Ceux-ci ont par exemple et paradoxalement diffusé le reportage sur la passation de charges au profit du nouveau commandant du 1er BIR, sans jamais avoir annoncé que son prédécesseur était décédé.
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Rassurante en la promesse et l’engagement d’une enquête sérieuse pour rendre justice à l’officier défunt. Ceci aurait pu, peu ou prou, permettre de faire l’économie du coup de sang et des mouvements d’humeur de nos compatriotes de Siou et des localités avoisinantes, attristés et atterrés par la disparition d’un des leurs, et dont les seules sources d’informations étaient whatsapp et le téléphone arabe.
En second lieu, l’absence de parole officielle laisse les réseaux sociaux construire leur propre histoire. Elle fait le lit des théoriciens du complot, des conspirationnistes, des détectives auto-désignés, des « messieurs-je-sais-tout » et qui pourtant ne sont au courant de rien, ou encore des « Columbo tropicaux », le flair et l’intelligence en moins.
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Source : Togoweb.net