Alerte de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des DH Christian Trimua menace la LTDH

0
224

Depuis quelques mois, la Ligue togolaise
des droits de l’homme est la cible du gouvernement. Les menaces des membres du
gouvernement dont le ministre en charge des droits de l’Homme prennent de
l’ampleur. Une situation préoccupante pour l’Observatoire pour la protection
des défenseurs des Droits de l’Homme, partenaire de la Fédération
internationale des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre
la torture (OMCT). Ci-dessous l’alerte.

Togo : Le
ministre des DH menace la LTDH

Jeudi
16 janvier 2020

TGO
001 / 0120 / OBS 001

Menaces

Togo

16
janvier 2020

L’Observatoire pour la protection des
défenseurs des droits de l’Homme, un partenariat de la FIDH et de
l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), vous prie d’intervenir de
toute urgence sur la situation suivante au Togo.

Description de
la situation :

L’Observatoire a été informé de sources
fiables des menaces à l’encontre de la Ligue togolaise des droits de l’Homme
(LTDH) [1].

Selon les informations reçues, le 15
décembre 2019, le ministre des droits de l’Homme, chargé des relations avec les
institutions de la République, M. Christian Trimua, a accusé la LTDH de publier
de fausses informations dans l’émission New World Forum diffusée sur la chaîne
de télévision New World TV [2]. Le ministre a pris pour exemple le dernier
rapport de la LTDH, intitulé « Togo : Torture et simulations d’exécutions
sommaires croissent à l’ombre d’une justice injuste » [3] et publié en novembre
2019, déplorant que la photographie de la page de garde du rapport ne provienne
pas du Togo et critiquant le «manque de professionnalisme », les «
extrapolations » et l’« instrumentalisation » faite par la LTDH. Le ministre a
indiqué que « si la LTDH ne change pas sa méthodologie et ne se
professionnalise pas un peu plus, ils nous amèneront à prendre des mesures »,
sans préciser la nature de ces mesures.

Dans ce rapport, la LTDH revient sur le
bilan des autorités togolaises en matière de promotion et de protection des
droits humains, en se centrant sur les cas de torture et autres traitements
cruels et inhumains, conditions de détention, violences policières, etc. Elle y
documente et dénonce notamment des actes de torture commis à l’encontre d’un
ancien militaire [4], au sujet desquels le ministre s’est déclaré ne pas être
en mesure de confirmer « s’ils sont vrais ou pas » lors de son allocution
télévisée.

Suite à l’allocution du ministre, le 6
janvier 2020, un article du site web togolais d’actualités Télégramme228,
intitulé «Vers la dissolution de la LTDH par le gouvernement ?» [5], a été
largement relayé sur les réseaux sociaux.

L’Observatoire rappelle que ce n’est pas
la première fois que le gouvernement togolais menace la LTDH en raison du
contenu de l’un de ses rapports. Le 30 juillet 2018, un communiqué de presse du
gouvernement a accusé la LTDH de prétendues « informations fallacieuses et non
fondées » en réponse à un rapport publié la veille au sujet de la répression
des manifestations qui se développaient à travers le pays depuis le mois d’août
2017. Dans son communiqué, le gouvernement indiquait « se réserve[r] le droit de
donner une suite judiciaire à ce dossier après analyse complète du contenu
dudit rapport ». A ce jour, aucune suite judiciaire n’a été donnée.

L’Observatoire s’inquiète de ces
nouvelles menaces, qui ne visent qu’à tenter de décrédibiliser la LTDH et son
travail de dénonciation des violations des droits humains commises dans le
pays. L’Observatoire appelle les autorités togolaises à s’abstenir de toute
forme de harcèlement à l’encontre de la LTDH, et plus généralement des ONG et
défenseurs des droits humains au Togo, et à se conformer en toutes circonstances
aux normes régionales et internationales relatives à la liberté d’expression et
d’information.

Actions requises
:

L’Observatoire vous prie de bien vouloir
écrire aux autorités togolaises en leur demandant de :

i.
Mettre un terme à toute forme de harcèlement, y compris au niveau judiciaire, à
l’encontre de la LTDH et de l’ensemble des défenseurs des droits humains au
Togo ;

ii.
Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits
de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre
1998, et plus particulièrement à ses articles 1 et 12.2 ;

iii.
Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle
des droits de l’Homme et des instruments régionaux et internationaux relatifs
aux droits humains ratifiés par le Togo.

Adresses :

·
S.E. M. Faure Essozimna Gnassingbé, Président de la République du Togo, Email :
[email protected] Twitter : @FEGnassingbe

·
M. Komi Sélom Klassou, Premier Ministre, Téléphone : +228 221 20 19, Fax : +228
221 74 68, Twitter : @PrimatureTogo @KSKlassou

·
M. Pius Agbetomey, Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Fax : +228 22 22
29 06 / +228 22 21 54 91 Courriel : [email protected] /
[email protected], Twitter : @MinJusticeTG

·
Col. Damehane Yark, Ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Fax :
+228 22 22 61 50 / +228 22 22 21 84

·
M. Christian Trimua, Ministre des droits de l’Homme, chargé des relations avec
les institutions de la République, Téléphone : +228 22 20 07 58, Twitter :
@MDHRIR_Togo

·
S.E. M. Yackoley Kokou Johnson, Ambassadeur, Mission permanente de la
République du Togo auprès des Nations unies à Genève, Suisse. Fax : 022 566 83
05 E-mail : [email protected] / [email protected]

Prière
d’écrire également aux représentations diplomatiques du Togo dans vos pays
respectifs.

Paris-Genève, le
16 janvier 2020

Merci de bien vouloir informer
l’Observatoire de toute action entreprise en indiquant le code de cet appel.

L’Observatoire partenaire de la FIDH et
de l’OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes
de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. La FIDH
et l’OMCT sont membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union
européenne pour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la
société civile internationale.

Pour contacter l’Observatoire, appeler
la ligne d’urgence :


E-mail : [email protected]


Tel et fax FIDH : 33 1 43 55 25 18 / 33 1 43 55 18 80


Tel et fax OMCT : + 41 22 809 49 39 / 41 22 809 49 29

[1]
Fondée en 1990, la LTDH est l’une des plus anciennes organisations nationales
de défense et promotion des droits humains. C’est une organisation membre de la
FIDH.

[2]
Voir : https://youtu.be/Q_Rs26serks

[3]
Voir : https://www.icilome.com/logonewsx/userfiles/2019/12/878700-LTDT-RAPPORT-SUR-LES-CAS-DE-TORTURES-ET-DE-VIOLENCES-POLICIERES-AU-TOGO-2019-11.pdf

[4]
Un ancien militaire détaché à la garde présidentielle, M. Abalo, aurait subi
une session d’“ordalie” : il aurait été amené à plonger sa main dans du beurre
de karité bouillant pour en faire sortir un fer et révéler par cette pratique
son innocence ou sa culpabilité. M. Abalo est toujours en détention.

[5]
Voir : http://telegramme228.com/vers-la-dissolution-de-la-ltdh-par.html

Source : TogoActu24.com