Il y a des morts qui ne cessent de hanter les vivants. L’assassinat du colonel Madjoulba Bitala en est un cas. Chef corps du premier Bataillon d’Intervention Rapide (1er BIR) à Lomé, l’officier supérieur a été abattu dans son bureau dans la nuit du 3 au 4 mai 2020. Des enquêtes ont été ouvertes dans la foulée. Les résultats aussi rendus mais classés « secrets défense ». Depuis lors, les supputations vont bon train. Beaucoup se demandent comment les assassins ont pu avoir accès au bureau de la victime qui, il faut le rappeler, était à la tête d’un régiment de 500 hommes armés jusqu’aux dents.
« Qui a tué cet officier qui venait de prendre part à l’investiture du chef de l’Etat ? ». L’énigme demeure. Mais, peut-être pas pour longtemps. Puisqu’on tend vers un procès. Un procès qui dira les noms des commanditaires et des exécutants ! Mais, malheureusement le peuple ne saura rien dans l’immédiat. D’autant plus que la justice militaire est désormais chargée de s’en occuper pour maintenir le « secret défense ».
Un procès à huis clos !
On tend vers la fin du suspense mais en vase clos. Les divers remaniements et les arrestations au sein des Forces Armées Togolaises (FAT) ces derniers temps en disent long. Surtout le rattachement du Ministère des Armées à la Présidence de la République. Mieux, le dépôt sur la table de l’Assemblée Nationale d’un projet de loi portant modification du code de justice militaire. Ce texte de loi est sans ambages.
Au titre des motifs de la réforme, figure l’affaire Madjoulba à la page 7. C’est écrit : « Il n’est plus un secret pour personne que notre pays a enregistré, il y a quelques années, un crime dans un camp militaire : un officier supérieur des forces armées togolaises a été assassiné dans son bureau. Cette affaire typiquement militaire a été confiée à la justice de droit commun en attendant la mise en place des juridictions militaires.
L’instruction étant suffisamment avancée, il y a lieu de faire en sorte que cette affaire soit jugée dans des conditions appropriées où peuvent s’allier le respect des droits de l’homme et l’observation du secret défense. La présente loi permettra d’organiser le transfert du dossier aux juridictions militaires ».
Un procès risqué !
Lorsqu’on lit entre les lignes, on s’aperçoit que les éléments du dossier sont compromettants. Ils sont en passe de faire trembler la République. Et comme « la démocratie s’arrête là où commence la raison d’Etat » selon Charles Pasqua, on a vite fait de prendre des dispositions pour éviter que la vérité soit connue du peuple. Ce pauvre peuple à qui on donne l’impression d’être considéré. Le comble, on apprend de sources dignes de foi que les avocats étrangers sont interdits de prendre part au procès en perspective pour des raisons de « secret défense ». Quoi qu’il en soit, la vérité sera connue tôt ou tard. « On ne peut pas cacher le soleil avec la main »
Source : Togo actualité
Source : Togoweb.net