Le gouvernement togolais suit de près l’évolution judiciaire du dossier Bolloré, mais se réserve de tout commentaire. A raison. Le dossier est gros et lourd. Une partie du Port autonome de Lomé concédée contre publicité dans le cadre de la présidentielle de 2010, c’est assez sérieux pour que ce ne soit pas n’importe qui qui l’ouvre pour se prononcer.
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Mais déjà sur les réseaux sociaux, il en est qui commencent à défendre on ne sait quoi. Seulement, ne parle pas du droit qui veut, mais qui peut.
Un confrère les qualifie de « mercenaires de la riposte ». Pas contre la Covid-19, loin de là ; celle-là ne rapporte pas assez d’argent. Mais des mercenaires ne tarderont pas à occuper le paysage médiatique togolais pour parler de l’ombre en ignorant la proie. C’est ainsi, du moment qu’une suite favorable peut en découler.
Le dossier Bolloré ne se résume pas à la juge Isabelle Prévost Desprez qui a décidé d’envoyer l’affaire en correctionnelle pour que le principal acteur soit écouté, plutôt que d’accepter le plaider-coupable, synonyme de miettes à débourser par Vincent Bolloré. Mais ce faisant, elle devient, du moins auprès de ceux qui pensent que la justice française devrait se contenter de quelques millions d’euros et passer à autre chose, l’empêcheuse de tourner en rond.
Il ne faudra alors pas s’étonner que des arguments tentent de faire un lien entre un futur déplacement annoncé du premier magistrat togolais dans l’hexagone, et cette affaire. Comme si c’était la juge qui a décidé le magnat français à plaider coupable.
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On ne sera pas surpris que, plutôt que de s’intéresser aux conditions de concession du 3ème quai à Vincent Bolloré et à ce qui a motivé une si longue période de concession, on cherche à jeter en pâture la rigueur de la juge et à trouver derrière elle des mains politiques la poussant à agir comme elle le fait. C’est le propre de l’homme qui dispose d’un pan de liberté à intervenir sur des chaînes pour influencer la pensée collective.
Pendant que le gouvernement observe une réserve prudente et justifiée, il y aura des zélés qui auront leur mot à dire, entre « copains » et sans admettre de voix dissidente qui risque de battre en brèche leurs argumentaires unidirectionnels.
Combien de juges au Togo peuvent se permettre ce qu’Isabelle Prévost Desprez a osé ? Le justiciable au Togo en a besoin pour ne plus trembler lorsqu’il apprend qu’il est convoqué par un juge. Au Togo, nombreux sont ces juges qui courent après les intérêts ; qui ne savent pas dire non quand l’ordre vient d’en haut ; qui sont très sensibles au nerf de la guerre ; et dont le cœur ne tremble pas, même lorsqu’ils condamnent l’innocent et donnent l’absolution au coupable.
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La justice togolaise, du moins ses juges devraient franchement s’affirmer par leur indépendance qui ne doit plus seulement être un mot, mais qui doit se traduire dans leurs comportements et décisions. Ce n’est que par-là que tous les citoyens seront égaux devant la loi.
Liberté
Source : Togoweb.net