Affaire Adjakly: comment Gilbert Bawara a livré le ministre Adédzé

0
734

Il y a quelques jours, le Ministre Gilbert Bawara était sur le plateau de New World Tv dans l’émission FORUM. Ne sachant pas tourner autour du pot et dans un style simple mais aiguisé, Gilbert Bawara n’a pas seulement parlé du monde des enseignants mais également du fameux « dossier petrolegate ». Pour une sortie sur ce sujet, c’en était vraiment UNE. Gilbert Bawara a, en quelques minutes, éclairé la lanterne des téléspectateurs et de l’opinion sur ce dossier ébranlant le Ministère du Commerce dont le titulaire (Adédzé Kodjo) se trouve être le Président du Comité de Suivi des Fluctuations des Prix des produits pétroliers (CSFPPP) où certaines langues parlèrent d’un détournement d’argent public autour de 500 milliards de FCFA.

Lire aussi:Dernière minute: du nouveau dans l’affaire Adjakly

Cette sortie du Ministre Bawara sur le sujet toujours pendant devant la justice interroge à plus d’un titre et pose des certitudes.

Pour ce dernier, on ne saurait parler de détournement d’argent public du moment où l’état togolais dans son budget, n’a aucune ligne couvrant ou assurant la commande publique des produits pétroliers.

Plus loin, Gilbert Bawara affirme  » qu’il n’y a rien de plus faux qu’on a voulu dénommer Pétrolegate « .

Cependant, ce qui choque l’opinion, est que dans le même Gouvernement, le Ministre en charge du travail vient de confirmer ce que tout le monde, du moins, soupçonnait et que nous avons documenté dans nos précédentes  publications  sur le dossier à savoir:

– que le Gouvernement togolais n’importe pas les produits pétroliers donc qu’il ne les achète pas,

– qu’aucune ligne budgétaire n’est prévue pour l’achat desdits produits pétroliers,

– et donc qu’aucun détournement de fonds publics n’est possible dans ce domaine.

Pour reprendre à point nommé les propos du Conseil de la famille Adjakly sur Africa 24, il y a quelques semaines dans l’émission « LE TALK »,  » cette affaire  est un fake news majuscule à la puissance giga tout ce que vous voulez ».

Outre les propos du Ministre Bawara sur ce sujet qui tente de soulever la poussière même dans une rivière, il y a lieu de s’interroger sur le silence assourdissant du Ministre du Commerce Kodjo Adédzé dont le département est l’ancrage institutionnel du Comité de Suivi des Fluctuations des Prix des  produits pétroliers (CSFPPP) dont il  en est le Président avec comme vice-président son collègue de l’économie et des finances, Sani Yaya.

Un silence assourdissant surprenant à plus d’un titre car depuis que cette histoire a commencé, le Ministre Adédzé Kodjo n’a fait aucune sortie pour éclairer les lanternes, infirmer ou confirmer quoique ce soit.  Ce qui est étonnant et interrogateur.

Lire aussi:Arrestation d’Adjamagbo, affaire Adjakly… Les grosses révélations de Mediapart

Rappelons également qu’au début de cette affaire, l’Assemblée Nationale avait souhaité avoir des explications sur les révélations du journal et prendre ses responsabilités. Mais, il nous en souvient également que le Ministre Adédzé n’avait pas pu se présenter personnellement devant les Honorables Députés pour répondre à leurs questions, du moins dire ce qu’il connait de ce dossier, mais avait simplement envoyé une correspondance, à lire, aux Députés. C’était en fait clair que le Ministre du Commerce n’était pas en personne devant les Députés pour des échanges.

En poursuivant nos investigations, nous sommes tombés sur une correspondance en date du 06 juillet 2020 du Ministre du Commerce, Kodjo Adédzé, à l’attention de Madame la Présidente de l’Assemblée Nationale. Nous vous proposons ici en fac similé quelques morceaux d’architecture. A seule fin de vous confirmer que nous n’avons jamais brassé du vent en abordant à maintes reprises ce dossier.

Un autre fait qui avait retenu notre attention, était le passage à la Télévision Togolaise (TVT), dans une émission explicative de l’actuel Coordonnateur du CSFPPP, Monsieur Kondoh Dieudonné. Une fois encore, le commun des mortels aurait souhaité que ce soit le Ministre-Président du CSFPPP vu la gravité du sujet. Encore une fois, un lieutenant était envoyé aux fronts, il ne pouvait pas refuser d’exécuter les instructions de son Général, ce lieutenant. Feu Général Eyadéma n’avait-il pas raison en déclarant  » qu’on ne peut pas aller à la guerre avec les peureux  » ? Nous laissons les lecteurs en juger et surtout faire leurs commentaires car nous n’avons aucunement la prétention de donner des leçons à qui que ce soit et n’avons même pas la science infuse.

Une autre interrogation concerne même la volonté et l’action de diligenter un audit sur la gestion du CSFPPP ou de la commande des produits pétroliers. C’était allé très vite et surtout dans tous les sens  qu’on se questionne sur le degré d’implication du Ministre-Président du CSFPPP sur l’opportunité et l’urgence de cette mission d’audit.

Autrement dit, quelles étaient les réelles motivations en diligentant cet audit et également les mobiles cachés ? Le Ministre-Président du CSFPPP s’était-il positionné en première ligne ou c’était son collègue Ministre de l’économie et des finances-Vice-Président du CSFPPP qui  aurait été à la manette? Nous ne saurions bien l’affirmer. Tout ce que nous savons, les auditeurs provenaient de l’Inspection Générale des Finances (IGF) et de la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP), les deux services étant sous l’autorité du Ministre Sani Yaya de l’économie et des finances. Et ces auditeurs ne peuvent en aucun cas se déplacer sans une sollicitation expresse ou une instruction de leur supérieur hiérarchique qu’est le Ministre de l’économie et des finances, pour aller faire un audit d’un sujet assez important.

L’autre question que l’on pourrait se poser, qu’est-ce qui était tant à l’origine de cette diarrhée ou empressement pour un audit dans des conditions que nous avons tous connues ?

Somme toute, au-delà des recommandations des auditeurs contenues dans leur rapport de mission en sa version provisoire, les observations des mis en cause n’avaient pas tardé.

De la nécessité de cerner avant de vouloir…agir autrement

Le milieu du pétrole étant complexe et obéissant à des règles bien précises qu’il faudrait savoir et comprendre avant tout jugement, il était important de maitriser certains aspects très cruciaux pour ne pas paraitre ridicules au finish dans ses conclusions.

Rappelons que les mis en cause par le rapport d’audit de 2020, les sieurs Adjakly et Kondo Comlan avaient, dans leur document-observations aux pages 3 et 4, déploré que  » Les auditeurs ont ainsi pu écrire que « le CSFPPP (…) procède à la commande des produits pétroliers, à leur réception, à leur facturation et livraison aux marketers « .

Ils ne s’étaient pas arrêtés à ce qu’ils ont déploré, ils ont précisé ce qui est et doit être compris et assimilé avant toute évolution (nous reproduisons intégralement) :

– Le CSFPPP procède à la commande des produits : ceci est vrai et c’est à peu près la seule chose vraie qui figure dans le rapport concernant les rôles du CSFPPP dans la chaîne d’approvisionnement en produits pétroliers au Togo.

– Le CSFPPP procède à la réception des produits : cette assertion est incorrecte. Une lecture plus soignée de l’ensemble des documents relatifs aux appels d’offres aurait permis aux auditeurs de constater que c’est la STSL qui procède à la réception des produits.

– Le CSFPPP procède à la facturation des produits aux marketers : cette assertion est incorrecte. Les produits sont facturés par les fournisseurs, par l’intermédiaire des sociétés d’intermédiation qui sont leur mandataire à cet effet….

– Pour mémoire le CSFPPP est un comité dépourvu de personnalité juridique et de patrimoine. Il ne peut donc émettre des factures. Par ailleurs, l’Etat ne facture pas les marketers.

– Le CSFPPP procède à la livraison des produits aux marketers : cette assertion est également incorrecte. Les fournisseurs envoient à la STSL des autorisations de relâche, sur la base desquelles les marketers peuvent aller prendre livraison des produits auprès de la STSL. C’est la STSL et la STE qui procèdent à la livraison des produits aux marketers.

Lire aussi:Pétrolegate: les zones d’ombre de l’affaire Adjakly

Précisons que dans son rapport de mission, version provisoire en date du 23 octobre 2020, la mission conjointe de l’Inspection générale des Finances (IGF) et de la Direction Générale  du Trésor et de la Comptabilité publique  (DGTCP)  en sa recommandation 70 invitait le Ministre du Commerce Adédzé Kodjo en sa qualité du Président en exercice du Comité de suivi des fluctuations des prix des produits pétroliers (CSFPPP) à révoquer messieurs Adjakly Francis Sossah, Adjakly Fabrice Affatsawo et Kondo Comlan Ononh-Nofoumi et à les mettre à la disposition de la justice.

A suivre…

Le Médium

Source : Togoweb.net