Les malversations au sein des sociétés d’Etat sont monnaie courante et sont parfois encouragées par le gouvernement. La session des députés du vendredi 22 juin dernier consacrée à l’adoption de la loi de finance rectificative du budget de l’Etat 2018 a révélé un prêt de huit milliards à la Société Nouvelle des Phosphates du Togo (SNPT) dont personne ne semble connaître les tenants et les aboutissants y compris le ministre de l’Economie et des Finances.
En effet, il a été constaté une augmentation sur la ligne des impôts de certaines sociétés en l’occurrence BTCI, SNPT, Togo Telecom, Orabank, BIA-Togo et une certaine Eprocess International alors que pour d’autres, il y a une baisse drastique de prévisions notamment Togo Cellulaire, Brasserie BB, Ecobank et Cimtogo.
Cette situation qui contraste avec l’exposé des motifs, a attiré l’attention de certains députés sur la gestion de certaines sociétés notamment la SNPT qui n’a plus versé de dividendes à l’Etat depuis quatre ans. Il ressort des explications du ministre de l’Economie et des Finances Sani Yaya que l’Etat togolais a encaissé plus de huit milliards de crédit TVA auprès de cette société. Quand et comment ? Personne n’est en mesure de répondre.
Or, conformément à l’article 4 de la Loi de finance, le gouvernement ne peut liquider une recette ou réaliser des dépenses qui n’ont pas été prévues. A quelle loi de finance correspondent alors les 8 milliards alors que depuis quatre ans, aucun ministre de l’Economie et des Finances ni Directeur de Trésor Public n’a connaissance de cet prêt de 8 milliards ?
A la question de savoir qu’en est-il des dividendes non versées de la SNPT depuis 2014, Sani Yaya affirme qu’après confrontations, la SNPT fait savoir que c’est plutôt l’Etat togolais qui lui doit pour lui avoir avancé sous forme de crédit TVA 8 milliards. Et la société attend donc la compensation.
La révélation du ministre Yaya a surpris beaucoup de monde et consacre l’inauguration des mensonges au nouveau siège du Parlement pour sa première activité. Comment un crédit du gouvernement peut-il être inconnu du ministre de l’Economie et des Finances ? Cela conforte la position de ceux qui estiment que les dividendes de ces sociétés servent à d’autres fins. Bien évidemment, il a fallu que les députés de l’opposition poussent à bout Sani Yaya pour qu’il lâche le morceau sans peut être le savoir. C’est inconcevable que des magouilles de ce genre passent inaperçues.
La Cour des Comptes et la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale sont interpellées afin que l’origine de ce crédit soit élucidée. C’est trop facile que des individus fassent main basse sur les deniers publics dans la grande impunité. Si la SNPT a pu faire un crédit de 8 milliards, cela suppose qu’elle contribue chaque année au budget national depuis 2014 sans que cela soit inscrit au budget.
Où vont ces dividendes ? A quoi a servi le crédit de 8 milliards ? Des questions qui méritent des réponses d’urgence et le chef de file de l’opposition doit également user de ses prérogatives pour en savoir davantage.
Source : Le Correcteur N’825 du 25 Juin 2018
Source : www.icilome.com