4e mandat : la duplicité des cadres musulmans (enfin) révélée!

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La situation politique que vit le Togo depuis le soulèvement populaire du 19 août 2017 n’a laissé personne indifférent, sauf la société civile musulmane pourtant bien organisée. En effet la communauté musulmane togolaise compte deux organisations: L’Union musulmane du Togo et l’Association des cadres musulmans du Togo.

La première, l’UMT [Union Musulmane du Togo, NDLR] est connue comme porteuse de l’uniforme du RPT-UNIR. Son silence ne fait que traduire sa complicité avec le parti au pouvoir. Quant à l’ACMT [Association des Cadres Musulmans du Togo, NDLR], on la voit plus active dans le domaine des voyages religieux. Mais c’est elle qui a le courage de prendre position dans la situation que nous vivons actuellement.

Dans un communiqué intitulé Déclaration n°001/BNC/ACMT/2020 sur la situation sociopolitique du Togo » rendue publique le 24 janvier 2020, l’ACMT craint que le Togo ne réédite lors de la présidentielle du 22 février les événements douloureux connus dans le passé. Donc, pour elle, il s’agit de prévenir, au vu de ce qui se passe aujourd’hui, à savoir le siège militaire de certaines régions et les bastonnades incessantes des populations de ces régions. La cessation de ces exactions n’est pas le souci de l’ACMT, mais c’est le fait que ces exactions sont le signe annonciateur de ce qui risque de se passer demain.

Que se passe-t-il donc aujourd’hui ? Selon l’ACMT, il se passe des choses à Mango, à Bafilo, à Sokodé et dans les quartiers Zongo de Lomé et Kpalimé. Dans ces zones, tout individu peut être saisi et bastonné à tout moment et sans raison. Alors, l’ACMT parle de stigmatisation religieuse, ethnique ou régionale. Il se trouve que la majorité de ces zones est musulmane, tem ou du nord. Ce qui semble avoir ému l’association musulmane, c’est l’appartenance religieuse de la majorité des victimes. Les forces de l’ordre battrait les gens parce qu’ils sont musulmans. Si c’était le cas, le premier responsable de la sécurité du pays qui est un El hadj devrait être le premier à être battu.

Est-ce parce que les victimes sont à majorité tem? Aucune des fêtes annuelles du pays tem n’a été annulée cette année. Elles ont toutes eu lieu sur le terroir en présence des autorités politiques et administratives. Aucune bastonnade n’a été signalée lors de ces manifestations publiques.

Le fait que les bastonnades soient accompagnées d’arrestation de responsables d’un parti politique devrait ouvrir les yeux de l’ACMT sur le but des bastonnades. On comprend les Cadres musulmans qui, dans leur communiqué, se soucient de savoir comment l’on va interpréter leur prise de position:

« Dans une situation aussi complexe que crispée, comment interpeller sans être accusé de parti pris? » s’interrogent-ils, et ils poursuivent : « ne rien dire quand des populations innocentes sont bastonnées, obligées de quitter leurs maisons, vivent dans la peur simplement parce qu’elles se trouvent dans une zone géographique donnée du pays, sera interprété comment ? Comme une trahison? Comme une complicité? Comme de la lâcheté? ».

En somme c’est pour ne pas être traités de « lâches », de « complices » ou de « traites » par la population qu’ils ont été contraints d’intervenir. Ces propos de l’ACMT semblent s’adresser à quelqu’un dont on craint les coups de bâton. Ils confirment l’idée que pour l’association, ce qui se passe aujourd’hui n’est pas son problème mais c’est ce qui risque de se passer demain.

Pour conjurer ce qui risque de se passer demain, au lieu d’interpeller le président de la République responsable de la sécurité des Togolais, l’ACMT s’adresse aux candidats à l’élection présidentielle. La tenue de l’élection présidentielle elle-même est pour elle un fait acquis. Elle s’adresse donc aux sept candidats, indistinctement. Ils seront tenus responsables de ce qui risque d’arriver. Elle situe J.-P. Fabre, Kodjo Agbéyomé et les autres au même niveau de responsabilité que Faure Gnassingbé. Autant dire que l’ACMT n’accuse Faure de rien

La pression populaire a poussé l’ACMT à ouvrir la bouche, mais quand elle l’a ouverte l’odeur qui en est sortie sent un parfum RPT-UNIR.

Zakari Tchagbalé

Source : Togoweb.net