Communiqué conjoint du 27 avril 2020 adressé au peuple togolais
Réseau de la Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI) et Collectif pour la Vérité des Urnes – Togo – Diaspora (CVU-Togo-Diaspora)
Contact : [email protected] qui transmettra
Le Peuple togolais se voit priver de son droit légitime de faire le bilan des 60 années d’indépendance. En approfondissant l’examen de sa condition et le niveau de l’amélioration de son bien-être et ses libertés, il lui est difficile de faire un bilan positif des 60 années d’indépendance du Togo ? Ce 27 avril 2020 est un bien triste anniversaire dit « d’indépendance » pour le Peuple togolais épris de liberté. Devenu martyr au cours de ces 60 années, ce Peuple est bien obligé de constater qu’une oligarchie dotée d’un système de politique autocratique s’est graduellement accaparé le pouvoir au Togo. Les six décennies écoulées ont été régulièrement jalonnées par l’abus de pouvoir et le sang versé par des milliers de combattants pour la liberté et le refus de la dictature. Ils sont encore nombreux en prison pour des raisons politiques. Avec le 4e mandat, l’héritier Gnassingbé s’est-il acquis une indépendance vis-à-vis du Peuple togolais ?
1. La contre-vérité des urnes : vestige de la gouvernance coloniale coercitive
Au début du 20e siècle, l’Afrique est entièrement sous la domination du colonialisme européen sauf l’Ethiopie et le Libéria. L’exploitation gratuite des colonies par les métropoles européennes reposait sur deux principales formes d’implantation et d’administration territoriales, notamment les systèmes francophone et anglophone. L’objectif visé était l’exploitation économique où la colonie ne devait coûter aucun centime à la métropole, au contraire. Outre l’autofinancement de la colonie par l’impôt et les droits de douane, assorti du travail forcé ou des corvées pour les travaux publics, la colonie devait fournir à la métropole ou aux propriétaires d’esclaves, les matières premières dont ils avaient besoin pour leurs enrichissements personnels et collectifs, au détriment de l’industrialisation interdite en colonie. L’agriculture, les mines, le commerce et les voies de communication étaient fondés sur la non-transformation en Afrique des produits des Africains tirés du sol africain.
Les structures de gouvernance africaine ont été graduellement évacuées par une forme subtile de superposition et de supériorité affichée de la civilisation envahissante. La religion a permis de faire accepter de véritables annexions culturelles, territoriales et économiques. Avec l’introduction du système démocratique et électoral, il fallait trouver un subterfuge : ce fut la contre-vérité des urnes.
Le système francophone administré par la France se déclinait en trois systèmes de gouvernance coercitive pour une Afrique coloniale française découpée en trois entités fédérales sous-régionales (Afrique occidentale (AOF, 1895), Afrique équatoriale (AEF, 1910) et Madagascar, 1897) :
La colonie avait une administration directe sous tutelle du ministère des colonies en France. Sur le terrain, un gouverneur général de la fédération contrôlait des gouverneurs territoriaux, qui contrôlaient à leur tour des commandants de cercle, des chefs de subdivision, des chefs de canton et des chefs de villages. Les colonisés étaient de nationalité française-indigène, car soumis au code de l’indigénat 1.
- La colonie de peuplement, partie intégrante de la France, était constituée de départements d’outre-mer, comme l’Algérie, et de territoires d’Outre-Mer (TOM). Ce type de colonie dépendait du ministère de l’intérieur qui déléguait un gouverneur et un préfet qui administrait directement le territoire. Si les colons atteignaient le nombre de 400 000 sur le territoire, des assemblées locales étaient mises en place pour eux mais les populations autochtones étaient maintenues dans le statut de l’indigénat.
- Le protectorat était un territoire où les colons étaient suffisamment nombreux pour pouvoir contrôler les gouvernements locaux dans le cadre d’une association avec la France. Ce fut le cas du Maroc, de la Tunisie.
Le système anglophone principalement hérité des Britanniques se caractérisait par une administration indirecte dite « indirect rule » où les populations autochtones étaient associées à l’administration de la colonie par les colons. De type libéral et moins coercitif, on pouvait relever quatre formes de colonies :
- Les colonies de la Couronne britannique dépendaient du « Colonial Office » créé en 1854. Le pouvoir était réellement exercé par les chefferies africaines locales. On peut citer Gold Coast (actuel Ghana), la Gambie ou la Sierra Leone.
- Les compagnies à charte où les territoires étaient confiés à des compagnies privées et commerciales anglaises. Ces dernières gouvernaient selon leurs propres règles notamment les soldats et les douaniers. On peut citer le Nigeria et les anciennes Rhodésie du Nord et du Sud (principalement l’actuel Zimbabwe et la Zambie).
- Les dominions étaient des territoires gouvernés par des colons blancs principalement d’origine néerlandaise (1652). Ces territoires bénéficiaient d’une large autonomie de gestion. Le cas emblématique est l’Afrique du Sud qui fut gouvernée par les Boers.
- Les protectorats britanniques existaient aussi comme le Bechuanaland, l’actuel Botswana qui bénéficiait d’un régime similaire à celui des dominions.
Le protectorat comme entité politique est une des conclusions du partage unilatéral de l’Afrique opéré sans la présence ni l’avis des Africains, lors de la Conférence de Berlin 2 sous le Chancelier Otto von Bismarck. Le 5 juillet 1884, le Togoland (Deutsche Kolonie Togo) est devenu un protectorat allemand en Afrique de l’Ouest, ce entre 1884 et 1914. La 1ère guerre mondiale de 1914-1918 bouleverse le paysage colonial. Dès 1916 le Togo est administré de facto par la France, puis à la fin de la guerre et suite à la capitulation allemande, le traité de Versailles oblige en 1919 l’Allemagne à abandonner les 2/3 du territoire togolais de 88 500 km2. Le Togo devient un « territoire sous mandat » de la Société des Nations (SdN), administré par la France, les 1/3 restants passant « territoire sous mandat » des Britanniques, avec effet à partir de 1921. Lorsque le 24 octobre 1945 l’Organisation des Nations Unies remplace la SDN, le Togo devient un « Territoire sous tutelle », jusqu’en 1956. Le Togo français fut membre de l’Union française (1946-1958), d’abord en tant que « territoire associé » (1946-1956) puis, sous le nom de « République autonome du Togo », en tant qu’État jouissant de l’autonomie interne (1956-1958).
La partie anglophone rejoindra le Ghana et la partie francophone et française accèdera à l’indépendance le 27 avril 1960.
Le système anglophone colonial a permis rapidement de valoriser la représentation locale défendant les intérêts locaux alors que le système francophone colonial s’est caractérisé par une représentation locale devant mimer ou représenter les intérêts des colons ou des propriétaires d’esclaves.
De cet héritage découle la capacité de renouvellement de la contre-vérité des urnes au Togo. Celle-ci fut favorisée par une organisation peu optimale des élites dites de l’opposition togolaise et un clergé « obéissant » d’abord à l’ordre établi, et profitant par la même occasion pour neutraliser les velléités d’organisation de la contestation en toute indépendance.
2. 60 ans d’Indépendance, le Coronavirus nous demande de réfléchir lors du confinement
En 60 ans, le Togo n’a finalement pas véritablement pu parvenir à l’émancipation politique. Après la colonisation allemande jusqu’à la première guerre mondiale, puis sous procuration de la France (sous colonisation et mandat français par le traité de Versailles de 1919, puis sous la double tutelle successive de la Société des Nations, puis de l’ONU (1921 et 1956), le Togo a connu sa première existence autonome sous forme de République le 24 août 1956, ce qui l’a conduit, non sans luttes, vers l’indépendance du 27 avril 1960 3. Toutefois, dans le cadre de conventions franco-togolaises et d’accords de défense et monétaires secrets, la France avait conservé sa compétence sur la monnaie, la défense et la diplomatie. Autrement dit, la France a conservé ce qui fonde l’indépendance de l’Etat togolais. La polémique sur la sortie de la France de l’administration du Franc CFA n’est pas une vue de l’esprit. Il s’agit d’un leurre colonial qui « transforme les pays qui l’utilise en pays insulaire par rapport au reste du continent africain 4 ».
La seule véritable parenthèse démocratique du Togo aura duré 33 mois, sous l’égide du seul Président élu démocratiquement à ce jour, Dr. Sylvanus Olympio, premier Président d’un pays africain ayant accédé à l’indépendance et assassiné lâchement le 13 janvier 1963. Durant cette période cinq partis dominaient la vie politique du Togo, le Comité de l’unité togolaise (CUT) qui exerçait le pouvoir avec son allié la JUVENTO, le Parti togolais du progrès (PTP) et l’Union des chefs et populations du Nord (UCPN) qui fusionnèrent en 1959 pour devenir l’Union démocratique des populations togolaises (UDPT), et le Mouvement populaire togolais.
Le Togo connait ensuite une période de 4 ans marquée par une lutte entre ceux qui ont choisi de rester dans le giron de « l’influence française » et ceux qui souhaitaient s’en affranchir. Cette lutte s’est soldée par la prise de pouvoir des militaires le 13 janvier 1967 avec l’instauration du règne ésotérique, militaire et civil du système Gnassingbé. Après la dissolution de tous les partis politiques par décret du 13 mai 1967, le Togo va vivre 24 ans sous le règne du Parti unique, le Rassemblement du peuple togolais (RPT) créé à Kpalimé en novembre 1969, par Etienne Eyadéma Gnassingbé. Le parti unique sera même institutionnalisé par la Constitution du 9 janvier 1980. Il faudra attendre le 12 avril 1991, pour que le multipartisme soit légalement restauré, sous la pression Populaire qui aboutira à la Conférence nationale souveraine du 8 Juillet au 28 août 1991. Ce n’est que contraint et forcé par la vox populi que le père a endossé les habits de la démocratie pour aussitôt en usurper subtilement les attributs. Le fils Faure Gnassingbé, tout aussi subtilement, s’est érigé en fidèle continuateur du système du père. Tous deux ont subtilement choisi de ne plus contester la démocratie, mais d’en usurper les attributs.
Le bilan aurait pu être moins accablant si certains n’avaient pas préféré jouer au jeu de la démocratie de façade.
Mais, une partie importante des élites togolaises, certaines décédées, d’autres en vie, ont choisi la voie dite de la « paix », non sans l’appui des religieux de tous bords (animisme, christianisme, islam, etc.) qui ont systématiquement conservé le Peuple dans l’ignorance en neutralisant sa capacité à développer sa propre culture de combat 5. Leur responsabilité est immense.
Entre 1967 et 2020, 53 ans se sont évanouis dans les limbes d’une fausse-démocratie pour offrir un 4e mandat présidentiel 2020-2025 à Faure Gnassingbé, un citoyen rejeté par la grande majorité du Peuple togolais. En effet, le 27 avril 2020 sera marqué dans l’histoire par la célébration non pas de l’indépendance du Togo, mais bien du refus du système politique des Gnassingbé, en l’espèce Faure Gnassingbé et ses militaires, de rendre des comptes publics aux populations togolaises. En interne, le poids de la famille Gnassingbé sur les pouvoirs de plus en plus éclatés des forces militarisées soutenant le pouvoir s’est amoindri. Cette famille se trouve piégée par une sorte de diktat des différents chefs militarisés, amnésiques de tout ce qui se rapporte aux droits humains et aux droits des Peuples.
Aussi, l’arrivée du Coronavirus COVID-19 6 pourrait être comprise comme une suspension du temps pour permettre une réflexion approfondie sur les 60 ans de dépendance du Togo vis-à-vis de partenaires invisibles, mais bien présents, à l’instar du coronavirus, qui empêchent d’apporter un mieux-être au Peuple togolais. Alors, peut-être que le Coronavirus a une mission particulière au sein du système Gnassingbé. Le bilan devra être fait pour savoir si le COVID-19 a permis de faire avancer le Togo vers le retour de sa liberté de choisir ses dirigeants ou pas.
3. Une neutralité coupable 7 de la France dans le 4e mandat de Faure Gnassingbé ?
Avec l’appui des puissances extérieures de plus en plus discrètes mais toujours très actives au cours des 60 ans d’Ablodè dits d’indépendance, le Togo est passé de son indépendance juridique proclamée le 27 avril 1960 à une succession de gouvernance de la falsification de la vérité des urnes, où l’abus de pouvoir, l’abus de la violence et l’abus de droit font office de légalité.
Il suffit d’ailleurs que les dirigeants politiques des Etats africains ou internationaux se drapent dans une forme moderne de « neutralité coupable » pour qu’automatiquement, la contre-vérité des urnes s’enrichisse d’un doux duvet appelé « légitimité ». La France qui aurait officiellement enterré la Françafrique 8, ne serait pas innocente dans ce processus, au point de faciliter le musèlement par la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) 9 de certains médias togolais accusés d’affirmation sans preuves dans leurs colonnes.
Le problème est que la France officielle ne change sa position en faveur des Peuples africains que lorsqu’elle est acculée face à ses contradictions suite à des contrats d’armements ou d’appui à la sécurité ou lorsque les Peuples décident de prendre leurs affaires en main sans se préoccuper de son avis. Le cas de la Tunisie est le plus emblématique. Sinon elle ne prend position qu’en fonction de ses intérêts. Le cas de la Côte d’Ivoire où le recomptage des bulletins de vote a été refusé au profit du bombardement d’une Présidence ; ou encore le cas du Gabon où le candidat de l’opposition a été lâché au profit du maintien du statu quo. Aussi, face à ces quelques exemples, le Peuple togolais devrait être très prudent quant à croire qu’un appui viendrait de l’extérieur.
Les Nations Unies, les organisations régionales européennes ou africaines sont au diapason avec les gouvernements nationaux qui les financent, sans compter les liens ésotériques. Aussi, le Peuple togolais doit apprendre que l’indépendance est une conjonction de la détermination des élites à organiser un Peuple conscient de son indépendance et souhaite le préserver. Toute compromission cachée sous des apparences de compromis finissent par mener à des impasses. Faut-il rappeler les organisations sous-régionales africaines comme la Communauté économique et de développement des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) qui ont systématiquement failli, en particulier au Togo, dans l’offre de solutions qui se sont révélées faussement inclusives au détriment de l’intérêt des populations togolaises ? Des aveugles ? Non ! De l’incompétence ? Sûrement pas ! Des Liens ésotériques et économiques qui pour préserver quelques intérêts particuliers empêchent que l’on puisse voir la vérité en face, comme l’absence de vérité des urnes au Togo ? Assurément !
4. L’Indépendance des Gnassingbé vis-à-vis du Peuple Togolais Victime
La victime est et demeure le Peuple togolais. Surtout lorsque l’armée clanique togolaise, ignorant des droits humains, n’a que faire de se retrouver un jour devant un tribunal pour non-respect de la Charte Africaine des Droits Humains et de Peuples (CADHP), voire pour crimes contre l’humanité. Par exemple quand elle cache ses abus de violence derrière le couvre-feu à durée indéterminée imposé du fait du Coronavirus.
Pourtant, les responsables togolais devront se préparer à venir rendre des comptes devant une juridiction indépendante, que ce soit sur le sol africain, ou ailleurs à l’international, puisqu’au Togo, toute tentative pour obtenir justice est systématiquement neutralisée et vouée à l’échec… Avec la non-séparation des pouvoir entre l’exécutif et le judiciaire, c’est le chantage, le kidnapping, la condamnation abusive, l’emprisonnement, la disparition de pièces à conviction, les avocats alimentaires, les bastonnades, les assassinats qui sont le droit commun. Et tout cela constitue l’artillerie dont use et abuse le système politique Gnassingbé, juste pour se maintenir au pouvoir ! Quel déni d’indépendance !!!
Le Peuple doit retrouver une nouvelle indépendance, cela passe par une condamnation de l’Etat togolais pour avoir empêché la souveraineté du Peuple togolais de s’exprimer et le respect de ses droits humains élémentaires.
Si l’ancienne puissance coloniale se décline de plus en plus sous forme de la loi insoutenable de certaines multinationales privées opérant au Togo, il faut de plus en plus prendre conscience d’entreprises ou d’Etats africains qui utilisent le Togo comme une « Suisse de l’Afrique ». Il faut comprendre un centre d’excellence pour le blanchiment et le recyclage de l’argent sale. Paradoxalement, il arrive que des confréries religieuses voire des congrégations ecclésiastiques ou ésotériques deviennent complices de ce genre d’opérations et osent même rendre Dieu responsable de cette forfaiture.
Non, décidément, le Togo n’est pas indépendant.
Alors, l’Etat légalisé par une Cour constitutionnelle illégale et anticonstitutionnelle au Togo a choisi de laisser toute liberté à Faure Gnassingbé de choisir sa date d’investiture malgré le confinement imposé par le COVID-19. Tout cela pour acquérir, – acheter diront certains – une légitimité auprès d’une communauté africaine et internationale qui se fout éperdument de la vérité des urnes et du droit souverain du Peuple togolais de choisir ses dirigeants. Mais de quelle légitimité s’agit-il ? Celle d’une minorité, femmes comme hommes, qui défendent leurs intérêts bien compris aux dépens du Peuple togolais ? Assurément !!!
Faure Gnassingbé a donc en digne héritier de son père, allumé ce 27 avril 2020, la flamme du feu qui devrait tôt ou tard sanctifier le sol togolais. Il a cru sanctifier l’indépendance des Gnassingbé vis-à-vis du peuple togolais victime. Une erreur ? L’avenir nous le dira. La démocratie « apaisée » d’antan, risque de devenir la « démocratie inclusive et conviviale » … Une « fake démocratie », une fausse démocratie s’entend !
Mais à quel prix ? Celui de la dépendance de tout un Peuple et de sa Diaspora, citoyens de seconde zone, qui n’est toujours pas recensée et n’a pas de droit de vote ? Le peuple togolais ne pourra pas laisser cette descente en enfer s’opérer sans réagir, avec ou sans COVID-19. Alors, attention à l’utilisation abusive de l’achat des consciences de plus en plus institutionnalisé et s’opérant à huis clos…
5. Légitimité sous Covid-19
La légitimité au Togo s’acquiert principalement par le recours abusif à l’achat des consciences. Au niveau des Etats, obtenir une légitimité revient à accepter de s’aligner sur la défense des intérêts bien compris de puissances publiques et privées extérieures. Il va de soi que ceci n’est possible que si à l’intérieur du territoire national, le système sécuritaire est détourné de sa fonction première de protection des populations et de garantie de la démocratie vers la protection prioritaire et unilatérale de ceux qui sont au pouvoir, le clan et système Gnassingbé. C’est cela que soutient le Groupe des pays occidentaux et africains présent au Togo qui après avoir envoyé des messages de félicitations se prépare à avaliser le coup de force constitutionnel que constitue le 4e mandat présidentiel qui devrait, Inch Allah, démarrer le 4 mai 2020. Le coronavirus a peut-être empêché le Peuple togolais et sa Diaspora de manifester sa désapprobation et sa condamnation de la légalité de la contre-vérité des urnes dans la rue. Mais le coronavirus pourrait, paradoxalement se retrouver être un allié de taille de ce Peuple.
Le système Gnassingbé a usurpé la démocratie au Togo. Ce système politique a profité de la candeur du Peuple togolais avec la signature reniée et les engagements non tenus du RPT/UNIR, malgré les promesses sans cesse renouvelées depuis l’accord politique global faussement inclusif du 20 août 2006.
Dès lors que la pauvreté, la peur, les menaces et en définitive l’absence de consensus intelligent entre les figures de l’opposition finissent par être éclipsés par l’achat des consciences, l’indépendance du Peuple togolais est en danger. L’affirmation selon laquelle « personne ne peut acheter la voix des électeurs indépendants » demeure vraie. Ce qui pose problème est qu’au Togo, il est difficile d’être indépendant dans des conditions de menaces permanentes, y compris celle nouvelle du COVID-19.
Malheureusement, « Les sacs de riz « FAURE » et l’argent distribué, décliné sous toutes les formes possibles de compromissions et de dialogues de légitimation du statu quo », déterminent encore trop souvent le choix de certains électeurs togolais, mais aussi de dirigeants de partis politiques… Aussi, une troisième voie devra s’imposer par la force des choses… une voie indépendante 10.
La réalité est qu’il y a eu un formidable quiproquo institutionnalisé tant par le pouvoir que l’opposition qui a accepté de participer aux élections. La confusion entretenue depuis l’avènement des Gnassingbé au pouvoir en 1967 a consisté à confondre allègrement « élection » et « accession au pouvoir ». Pour la énième fois consécutive, une partie de l’opposition togolaise vient de faire l’amère expérience de la contrevérité des urnes où celui est censé avoir gagné ne peut accéder au pouvoir, ni dans la paix, ni par la force, car l’armée non républicaine et clanique se fait assister d’une armée privée grassement payée avec l’argent des contribuables togolais.
6. Recommandations de RCDTI et CVU-Togo-Diaspora
Le système ésotérique, militaire et civil des Gnassingbé a réussi entre 1967 et 2020 à transformer le système de parti unique initial du père en une démocratie représentative de partis politiques trop souvent alimentaires, où le système politique empêche le Peuple d’exercer sa souveraineté par l’intermédiaire d’organes représentatifs indépendants. Ce système a donc organisé l’indépendance des Gnassingbé vis-à-vis du Peuple togolais, ce qui est tout le contraire d’une indépendance dite « Ablodè » et d’une démocratie véritable comme les avaient conçues les pères de l’indépendance togolaise.
Après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 22 février 2020 par une Cour constitutionnelle anticonstitutionnelle du fait de l’absence du Sénat, il n’y a pas eu d’alternance au Togo.
RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA rappellent que le contentieux post-électoral portant sur le 4e mandat anticonstitutionnel de Faure Gnassingbé ne peut être systématiquement et unilatéralement réglé par l’abus de force et l’abus de droit.
RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA réitèrent leur demande de soutien financier auprès de tous citoyens, associations, sociétés, institutions, gouvernements ou même organisations bilatérales et internationales 11, dès lors qu’ils sont indépendants du système de Faure Gnassingbé.
RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA demandent au Peuple togolais de reprendre courage pour s’organiser pour une lutte renouvelée dans le cadre de la troisième voie, celle de la justice, du projet société commun, de la conférence inclusive et d’une période transitoire de pacification du pays avant des élections de la vérité des urnes.
Le 27 avril 2020.
La Direction du :
Réseau de Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI) et du
Collectif pour la Vérité des Urnes-Diaspora Togo (CVU-TOGO-DIASPORA) en partenariat avec toutes personnalités ou structures de la société civile indépendantes de la mouvance présidentielle au Togo.
Comité de Rédaction : RCDTI, CVU-Togo-Diaspora, Sursaut-Togo, Rassemblement National pour la Démocratie et le Panafricanisme (RNDP), Forces du Consensus Démocratique et Partenaires :
Yves Ekoué AMAÏZO, Dr.
Jean-Pierre Akoété BALIKPO
Ernesto D’ALMEIDA, Dr.
Mathieu D’ALMEIDA
Koffi DEKU, Ing.
Segnon EGBEKOU
François FABREGAT
Apélété Félix KODJO
Antoine Koffi OKOUTA
Tchatikpi OURO-DJIKPA
Antoine RANDOLPH, Dr.
————-
Contact et Coordination : [email protected] et [email protected]
Note : Toutes les personnalités ou associations qui souhaitent être signataires des textes de RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA peuvent le faire en écrivant par courrier électronique à l’adresse ci-dessous. Ils ou elles auront l’occasion de participer à l’une ou l’autre des téléconférences fondant notre démocratie participative et proposer des solutions dans le cadre du projet de société commun pour l’avenir du Togo en vue d’une transition.
© RCDTI & CVU-TOGO-DIASPORA
Notes:
1. Code de l’indigénat. Université Laval, Canada. Accédé le 27 avril 2020, voir http://www.axl.cefan.ulaval.ca/afrique/indigenat_code.htm
– Le Code de l’indigénat fut adopté le 28 juin 1881. Puis c’est en 1887 que le gouvernement français l’imposa à l’ensemble de ses colonies. En général, ce code assujettissait les autochtones et les travailleurs immigrés aux travaux forcés, à l’interdiction de circuler la nuit, aux réquisitions, aux impôts de capitation (taxes) sur les réserves et à un ensemble d’autres mesures tout aussi dégradantes. Il s’agissait d’un recueil de mesures discrétionnaires destiné à faire régner le « bon ordre colonial », celui-ci étant basé sur l’institutionnalisation de l’inégalité et de la justice. Ce code fut sans cesse « amélioré » de façon à adapter les intérêts des colons aux « réalités du pays ».
2. La conférence de Berlin marqua l’organisation et la collaboration européenne pour le partage et la division de l’Afrique. Elle commença le 15 novembre 1884 à Berlin et finit le 26 février 1885. A l’initiative du Chancelier Otto von Bismarck, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l’Empire ottoman, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Suède-Norvège ainsi que les États-Unis y participèrent. Une conférence antérieure fit commencer le débat sur la partition des Congo. La conférence de Berlin aboutit principalement à édicter les règles officielles de colonisation.
3. Tété-Adjalogo, G. T. (2017). Quelques pans cruciaux de l’histoire contemporaine du Togo. Editions l’Harmattan : Paris.
4. Mandilou, D. (2020). La monnaie unique africaine : En finir avec le franc CFA. 12 mars 2020. Edition VA Press : Versailles.
5. Agbobli, A. A. (2002). Le monde et le destin des Africains. Les enjeux mondiaux de puissance. Collection « interdépendance africaine : études africaines. Editions l’Harmattan : Paris.
6. Kananura, P. (2020). Gestion africaine de l’épidémie de coronavirus « COVID-19 ». Institut Mandela. Accédé le 27 avril 2020. Voir https://afrocentricity.info/positions-afrocentriques/gestion-africaine-de-lepidemie-de-coronavirus-covid-19/5805
7. Amaïzo, Y. E. (Sous la Direction) (2008). La neutralité coupable. L’autocensure des Africains, un frein aux alternatives. Avec une préface du Professeur Abel Goumba, et une postface de Têtêvi Godwin Tété-Adjalogo. Editions Menaibuc : Paris.
8. Pigeaud, F. et Sylla, N. S. (2018). L’arme invisible de la Françafrique. Cahiers libres. La Découverte : Paris.
9. HAAC (2020). Décision n°15/HAAC/P/20 Portant suspension de l’hebdomadaire FRATERNITE, 31 mars 2020. Accédé le 27 avril 2020.Voir https://www.haactogo.tg/?p=5450 ; Décision n°14/HAAC/20/P portant suspension du quotidien privé LIBERTE. Accédé le 27 avril 2020. Voir https://www.haactogo.tg/?p=5437; Décision n°13/HAAC/20/P portant suspension du bihebdomadaire L’Alternative. Accédé le 27 avril 2020. Voir https://www.haactogo.tg/?p=5433
10. Amaïzo, Y. E. (2020). « Existe-t-il une troisième voie au Togo : le Peuple togolais est-il prêt ou résigné ? Interview par Radio Kanal K et Radio Avulete. Journaliste : Sylvain Amos. 22 mars 2020. Accédé le 27 avril 2020. Voir https://cvu-togo-diaspora.org/2020/03/22/existe-t-il-une-troisieme-voie-au-togo-le-peuple-togolais-est-il-pret-ou-resigne/17500
11. Demande de contributions pour financer le Recours Juridique auprès des juridictions de l’Union africaine : Voir https://cvu-togo-diaspora.org/2020/02/13/mobilisation-du-peuple-togolais-pour-des-recours-juridiques-violation-de-la-charte-africaine-des-droits-de-lhomme-et-des-peuples/17408
Source : 27Avril.com