27 ans après l’assassinat de Tavio AMORIN, quel nécessaire bilan sur les incessantes trahisons du combat du peuple togolais depuis bientôt 30 ans ?

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23/26 juillet 1992 23/26 juillet 2019

27 ans après l’assassinat de Tavio AMORIN,
quel nécessaire bilan sur les incessantes trahisons
du combat du peuple togolais depuis bientôt 30 ans ?

IL y a 27 ans, dans la soirée du 23 juillet 1992, au quartier de Tokoin-Gbonvié, à Lomé, Tavio Ayawo Tobias AMORIN, Premier secrétaire du Parti socialiste panafricain (PSP), membre du Haut conseil de la République (HCR) et président de sa Commission des Affaires politiques et des droits de l’Homme ainsi que de sa Commission spéciale chargée de l’étude et de la présentation du nouveau projet de Constitution, était victime, d’un lâche attentat.. Mitraillé à bout portant par un commando comprenant notamment les policiers KAREWE Kossi et BOUKPESSI Yodolou, il est transporté au CHU-Tokoin puis évacué, le samedi 25 juillet 1992, sur l’Hôpital St Antoine de Paris où il rendit l’âme dès le lendemain, dimanche 26 juillet 1992.
Par cet assassinat qu’il a commandité, Etienne GNASSINGBE EYADEMA entendait empêcher la consignation de principes démocratiques dans le nouveau projet de Constitution pour lequel Tavio AMORIN se battait et qui portaient notamment sur : la limitation du mandat présidentiel à 5 ans renouvelable une seule fois, l’interdiction aux membres des forces de sécurité, de défense et cadres de l’administration publique occupant des fonctions d’autorité de briguer le suffrage des électeurs, etc.
Pour le Parti des travailleurs, à l’occasion de la commémoration du 27e anniversaire de cet assassinat et 29 ans après le soulèvement populaire du 5 octobre 1990 par lequel le peuple togolais a rejoint la lutte des peuples africains et du monde au lendemain de la chute du mur de Berlin, le temps est venu de tirer un indispensable bilan pour tenter de comprendre comment la dynastie EYADEMA-GNASSINGBE a pu être continuellement sauvée et maintenue en place depuis plus de 52 ans. Et, comment toutes ses tentatives d’en finir par ses soulèvements populaires avec cette dynastie ont été conduites à l’impasse avec la liquidation de conquêtes démocratiques arrachées de haute lutte et au prix de lourds sacrifices vies perdues ?
Afin qu’on puisse définitivement y remédier, une méthodique revue des faits s’impose afin qu’une démonstration de toutes ces occasions manquées démasquent l’incessant complot qui n’a cessé d’être ourdi contre le peuple togolais comme suit :
1. Le 5 octobre 1990 : l’incapacité du groupe d’intellectuels qui, sous la direction de la CDPA, d’AGBOYIBO et de KOFFIGOH, n’ont pas su aider le peuple insurgé à imposer sa volonté qu’EYADEMA s’en aille alors que son pouvoir s’était en réalité effondré. Après s’être propulsés à la tête du soulèvement populaire qui ne cessa de s’approfondir les mois suivants, ils finiront par opposer très clairement à cette exigence populaire l’ouverture de négociations et la tenue de « Journées nationales du dialogue » formellement proposées au RPT par KOFFIGOH au Congrès de la LTDH fin décembre 90.
2. Le 18 mars 1991 : la montée au créneau d’AGBOYIBO pour briser la grève générale à caractère insurrectionnel appelée par les étudiants pour protester contre la sauvage répression de leur manifestation du 12 mars, de celles des femmes de Lomé, leurs mères, sauvagement réprimées les jeudi 14 et samedi 16 mars. Se présentant à son tour comme « médiateur », après KOFFIGOH, il annonça l’ouverture de « négociations » sur les revendications étudiantes et constitua avec lui et d’autres acteurs le Front des associations pour le renouveau (Far) en vue desdites « négociations » avec Eyadéma.
3. Les 11-12 avril 1991 : la montée au créneau d’AGBOYIBO-KOFFIGOH pour s’opposer à la démission immédiate d’EYADEMA exigée par le peuple après la découverte macabre des massacres de la Lagune de Bè lorsque 28 cadavres en furent retirés. Parfaitement édifiant fut leurs interviews à RFI et à Jeune Afrique Economie où ils expliquèrent notamment :
« Kokou Koffigoh : II faut être clair et net. Si nous demandons la démission du président, par qui va-t-il être remplacé ? Il nous paraît plus sage de respecter le cadre du processus en cours et de poser ultérieurement cette question, si elle est véritablement indispensable. Dans l’immédiat, nous avons besoin d’un interlocuteur pour discuter. Cet interlocuteur, c’est le président de la République. Si nous lui demandons de quitter son siège, avec qui allons-nous discuter ? (….)
Nous ne voulons pas créer un vide institutionnel. Nous voulons que des institutions et des hommes de transition soient mis en place. Et cela ne peut se faire que si nous prenons en compte les institutions existantes. Or celles-ci sont incarné es par le président de la République. (…)
Me Yao Agboyibo : II faut absolument quelqu’un qui puisse assumer la transition vers la démocratie. Actuellement, il y a un chef d’Etat qui est en place. Il vaut mieux qu’au cours des mois à venir la transition s’opère dans le respect des institutions. (…) » (Interview à Jeune Afrique Economie, n° 143, mai 1991)
4. Juin 1991 : la trahison de la grève générale illimitée jusqu’à la démission d’EYADEMA d’une part par le CAR de Me AGBOYIBO qui, le jour même où commençait la grève, sortit un tract expliquant que la grève générale n’avait pas pour objectif d’obtenir le départ d’EYADEMA mais la Conférence nationale. D’autre part, au bout d’une semaine, la grève générale fut trahie par la signature des fameux « Accords du 12 juin » qui concédèrent l’organisation de la Conférence nationale et une représentation majoritaire du RPT à cette assise. Or, on apprendra par la suite qu’EYADEMA, sonné par l’ampleur du succès de cette grève, s’apprêtait à s’enfuir, négociant les conditions de son exil en France avec 500 de ses principaux collaborateurs.
5. Juillet 1991 : l’opposition des principaux « leaders » du COD/FOD à la destitution d’EYADEMA par la Conférence nationale. Malgré l’extrême gravité des révélations faites sur les assassinats en masse, les pillages et vols de deniers publics qu’il a commis, ils pesèrent pour qu’il soit maintenu comme clé de voûte des institutions dans les fonctions de président du nouveau régime de transition qui fut mis en place, c’est-à-dire de gouvernement d’union nationale de fait.
6. Décembre 1991 : la légalisation, par les « leaders » de l’opposition, du coup de force du 3 décembre 1991 qui mit de fait fin aux organes de la transition tels que définis par la Conférence nationale à travers la signature du « Nouveau contrat social » , au lieu d’appeler à la résistance contre ce coup de force.
7. 5 mai 1992 : le refus des « leaders » de l’opposition d’appeler à la démission d’EYADEMA après l’attentat de Soudou où Marc ATIDEPE et cinq démocrates furent assassinés, malgré l’explosion populaire spontanée qu’il déclencha.
8. Juillet 1992 : l’assassinat de Tavio AMORIN déchaîne à nouveau une explosion populaire spontanée. Les « leaders » de l’opposition s’opposent à la démission immédiate d’EYADEMA exigée par le peuple insurgé et trahissent la mémoire de Tavio en signant les tristement célèbres « Accords de la Commission mixte paritaire » avec les représentants d’EYADEMA sous l’égide des représentants des grandes puissances. En concédant à EYADEMA d’être candidat aux échéances électorales à venir, ces accords bafouaient non seulement les décisions de la Conférence nationale qui le lui interdisaient formellement mais également la loi portant Code des armées qui, en vigueur depuis les années 1960, lui interdisait de briguer des fonctions politiques. Situant la portée de leur responsabilité, le mensuel Jeune Afrique Economie écrivait :
« L’histoire retiendra que, autour de la table des négociations, en face de la « délégation présidentielle », il y avait Edem Kodjo, Yao Agboyibo,, Jean Savi de Tové, Francis Ekon, Goyo Grunitzky, Bawa Mankoubi, Zarifou Ayéva, et Léopold Gnininvi. Sur l’autel de la compromission, les opposants ont cédé bien des choses au général Eyadéma. » (Jeune Afrique Economie, n° 159, septembre 1992)
9. Novembre 1992 – janvier 1993 : le sabotage par les « leaders » de l’opposition de la 2e grève générale illimitée jusqu’à la démission d’EYADEMA appelée par le Collectif des syndicats indépendants (CSI) pour en finir avec les dérives gouvernementales suite à la prise en otage des membres du Haut Conseil de la République (HCR) et aux violences exercées sur eux par des éléments de l’armée aux ordres d’EYADEMA. Malgré le considérable succès national de ce mouvement, ils combattirent ouvertement, entre autres, l’initiative proposée par les syndicats d’une pétition pour la destitution d’EYADEMA et manœuvrèrent pour prendre la direction du mouvement afin de mieux le liquider en l’épuisant, offrant l’occasion à la dictature de le noyer dans le bain de sang des massacres de Fréau Jardin et du quartier Bè, les 25/30 janvier 1993.
10. Décembre 1993 : politique délibérée de division des « leaders » de l’opposition qui, après avoir permis à EYADEMA d’être candidat à l’élection présidentielle, laissèrent le terrain libre à son maintien au pouvoir par leur retrait final de la compétition électorale qu’ils boycottèrent. Puis ils privèrent le peuple des moyens de faire de sa puissante mobilisation sur tout le territoire national contre cette mascarade, un puissant levier pour en finir avec le pouvoir d’EYADEMA.
11. Février 1994 : politique délibérée de division des « leaders de l’opposition » à l’occasion des élections législatives qu’ils ont gagnées, Edem KODJO de l’UTD, se présentant comme un « parti charnière » avec ses 7 députés, s’étant allié au RPT afin lui permettre d’avoir une majorité à l’Assemblée nationale et se faisant nommer Premier Ministre par EYADEMA empêchant ainsi qu’avec les 28 sièges du CAR la majorité conquise par leurs deux partis (CAR et UTD) offre un point d’appui au peuple togolais pour en finir avec le régime RPT.
12. Juin 1998 : à l’occasion de l’élection présidentielle le peuple togolais, fortement mobilisé, inflige une cinglante défaite à EYADEMA, malgré des fraudes électorales massives. Avec, d’une part, la complicité de l’Union européenne dont les représentants, après s’être chargés de l’organisation du scrutin de bout en bout, ont décrété « le scrutin (…) sorti de son cadre légal » et, d’autre part, celle des « leaders » de l’opposition qui divisent en contestant la victoire électorale massive de Gilchrist OLYMPIO de l’UFC, EYADEMA, largement battu, se maintient par un coup de force électoral.
13. 30/31 décembre 2002 : Refus de combattre le coup d’Etat constitutionnel par lequel EYADEMA modifia unilatéralement la Constitution pour être candidat à la présidentielle de 2003. Pas un seul tract, pas une seule manifestation pour barrer la route à EYADEMA qui avait pourtant clairement annoncé ses intentions putschistes malgré les proclamations de certains « leaders opposants » qu’EYADEMA « marchera sur leurs cadavres » pour modifier la Constitution.
14. 1er juin 2003 : Nouvelle politique délibérée de division des « leaders » de l’opposition pour maintenir en place EYADEMA à l’occasion de l’élection présidentielle pour laquelle le peuple togolais s’était fortement mobilisé pour chasser EYADEMA du pouvoir en lui infligeant une cinglante défaite.
15. Février/avril 2005 : A l’annonce de la mort d’EYADEMA, brisant la forte mobilisation d’un peuple exigeant avec détermination au départ la fin du régime RPT, les « leaders » de l’opposition imposent l’acceptation du faux schéma légaliste d’un régime intérimaire et d’élections sous la direction du RPT. Pourtant divisé, le régime RPT imposa, avec l’accord des mêmes « leaders » de l’opposition, Abass BONFOH en lieu et place de Ouattara Fambaré NATCHABA. Après avoir réussi à briser la forte mobilisation populaire spontanée pour en finir immédiatement avec le régime RPT, les « leaders » de l’opposition engagent le peuple togolais sur le terrain vicié d’une mascarade de présidentielle organisée le 24 avril 2005, mascarade que le régime RPT, résolu à ne prendre aucun risque de perdre un pouvoir qu’il savait inexorablement condamné, noya dans le bain de sang d’une terrible répression avant, pendant et après ce scrutin qui imposa la succession monarchique de Faure Essozimna GNASSINGBE à la tête de l’Etat togolais au moyen d’un génocide de 400 à 500 morts selon la Mission de vérification des faits de l’ONU, plus d’un millier selon la Ligue togolaise des droits de l’Homme.
16. Août 2006-Octobre 2007 : En acceptant, le 20 août 2006, de signer l’Accord politique global (APG) de Ouagadougou-Lomé qui légalisa la succession monarchique sanglante au pouvoir de Faure Essozimna GNASSINGBE en 2005 et en acceptant, le 14 octobre 2007, de participer aux élections législatives organisées aux conditions du RPT qui profita de son inique découpage électoral pour rafler frauduleusement la majorité des sièges, les « leaders » de l’opposition empêchèrent le peuple togolais de s’en saisir pour en finir avec le régime RPT à la mort d’EYADEMA.
— 17. 4 mars 2010-26 mai 2010 : Avec Gilchrist OLYMPIO de l’UFC, « joker parmi les leaders de l’opposition » dont Faure GNASSINGBE organisa le ralliement à son régime RPT par la signature d’un accord de gouvernement, le 26 mai 2010 au lendemain de la mascarade d’élection présidentielle du 4 mars précédent, une tentative inédite de démoralisation du peuple togolais pour l’empêcher d’en finir avec le pouvoir RPT vit le jour.
Si elle contribua à désorienter temporairement la capacité que les puissantes mobilisations de contestation des fraudes électorales massives à l’occasion de la mascarade de présidentielle du 4 mars puissent permettre d’en finir avec le régime, elle échoua quant à briser à jamais toute initiative de contestation du régime par le peuple togolais comme la suite des événements allait le montrer,
19. 12 juin 2012 : A l’appel du Collectif « Sauvons le Togo » (CST), une puissante manifestation, prévue à l’origine pour durer 3 jours, rassemble plus de 800 000 citoyens qui déferlent à Lomé du Carrefour Bè-Gakpoto au Carrefour Deckon où elle s’achève en rassemblement. L’important succès de la manifestation avait sonné le glas du régime de Faure Essozimna GNASSINGBE qui, pris de peur, était parti se réfugier à Kara. Mais, trahi de l’intérieur par des « leaders taupes » infiltrés qui livrèrent le mouvement au régime et à sa soldatesque, l’occasion qui s’était ainsi offerte d’en finir avec le régime RPT fut sauvagement brisée : dès la matinée du 13 juin, deuxième jour de sa durée, ce sit-in au Carrefour Deckon fut violemment dispersé par les forces de Police et de Gendarmerie.
20. 25 juillet 2013 : Sous les pressions d’une médiation de l’Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Togo et de la hiérarchie catholique représentée par Mgr Nicodème BARRIGAH, les partis institutionnels de l’opposition acceptèrent de participer aux élections législatives organisées dans des conditions des plus fantaisistes. C’est ainsi qu’ils se laissèrent entraîner à accompagner et à cautionner un processus électoral vicié dès le départ. La conséquence prévisible de cette politique timorée fut l’annonce de la spectaculaire « défaite » des partis institutionnels de l’opposition, les faux résultats proclamés correspondant en réalité à une véritable inversion des rapports politiques réels dans le pays.
Alors qu’à travers leur regroupement en un Collectif « SAUVONS LE TOGO » et une Coalition « Arc-en-ciel », les organisations politiques et associatives indépendantes avaient pu créer un rapport de force en faveur du peuple togolais à travers de puissantes mobilisations, l’occasion fut ratée de réaliser le changement démocratique tant attendu depuis 24 ans.
21. 25 avril 2015 : L’opposition institutionnelle regroupée au sein de la coalition CAP 2015 (ANC dirigée par Jean-Pierre FABRE, CDPA dirigée par Brigitte ADJAMAGBO-JOHNSON, PSR dirigé par Me Abi TCHESSA, Santé du peuple dirigée par le Docteur Georges William KOUESSAN, UDS-Togo dirigée par Antoine FOLI), avec l’ADDI dirigé par Aimé Tchabouré GOGUE, le MCD dirigé par Me Mouhamed TCHASSONA-TRAORE, par son entêtement et aveuglement à participer à un processus électoral inique dans tous ses aspects, porte devant l’histoire, en toute conscience, la lourde responsabilité d’avoir « Donné un 3e mandat à Faure GNASSINGBE » comme le CAR et l’ADDI l’avaient proposé. Acceptant d’avance de donner un nouveau bail de 5 ans à Faure Essozimna GNASSINGBE, ces partis tournèrent le dos au combat qui se menait intensément alors pour qu’après ses 10 ans au pouvoir, soit interdite toute candidature de Faure GNASSINGBE en arrachant le retour à la Constitution de 1992 dont l’article 52 sur la limitation à deux des mandats présidentiels de 5 ans. Organisée sur la base d’un fichier électoral notoirement corrompu mais rendu « consensuel » sous les pressions des grandes puissances et institutions du fameux groupe des 5 (France, Allemagne, Etats-Unis d’Amérique, Union européenne, PNUD), de l’OIF, de la CEDEAO, de l’Union Africaine, cette énième mascarade de présidentielle boucla la boucle des mascarades de présidentielle servant aux partis institutionnels de l’opposition démocratique à sauver le régime RPT/UNIR.
22. 19 août 2017 : à l’appel du Parti national panafricain (PNP) dirigé par Salifou Atchadam TIKPI, des marches pacifiques sont appelées sur deux mots d’ordre démocratiques simples : 1°) Retour à la Constitution de 1992 ; 2°) Droit de vote pour les Togolais de la diaspora, dans 5 villes du Togo dans 6 pays de la diaspora : Allemagne, USA), Ghana, Burkina-Faso, Nigeria et Gabon. Pris de panique, le régime RPT/UNIR, procède à l’interdiction arbitraire de ces marches pacifiques dont il organise, au Togo, la répression sanglante occasionnant plusieurs morts. La situation bascule : profondément révolté, le peuple togolais se soulève sur toute l’étendue du territoire nationale et impose l’unité aux partis institutionnels de l’opposition (PNP, ANC, PSR, UDS-Togo, CDPA, DSA, FDR, ADDI, Parti des Togolais, Togo Autrement, MCD, Parti des démocrates, CAR, Santé du peuple) qui se regroupent en Coalition de 14 partis de l’opposition (C14) à travers de puissantes manifestations de protestations rassemblant plusieurs centaines de milliers de citoyens tant au Togo que dans la diaspora sur ce mot d’ordre simple : « 50 ans de règne RPT/UNIR, Ça suffit ! » Complètement sonné, la dynastie dictatoriale est à l’agonie et au bord de l’effondrement : Faure Essossozimna EYADEMA-GNASSINGBE s’envole, de capitale en capitale tant en Afrique qu’en Europe pour appeler ses pairs dictateurs et chefs d’Etat au secours pour sauver son régime. Mais, en acceptant de se placer sous la tutelle de cyniques dictateurs africains corrompus, les responsables mêmes de la Coalition des 14 partis qui s’est portée à la tête de ce mouvement, ont frayé la voie à la liquidation de ce formidable soulèvement populaire, en adhérant à un énième « dialogue », le plus rocambolesque de tous, lancé le 23 février 2018. Le comble sera atteint lorsque, dans un tollé d’incessants scandales de corruption portant sur la circulation parmi les responsables de la C14 de mallettes de dizaines de millions de F CFA, voire plus, destinés à acheter leur conscience, certains d’entre eux finiront publiquement par reconnaître que ce nouveau marché de dupes n’avait d’autre objectif que de briser cette formidable mobilisation. Au final, par un complice « boycott » de la mascarade électorale de législatives du 20 décembre 2018, la C14 a d’avance « donné » à Faure EYADEMA-GNASSINGBE la majorité dont il avait besoin pour modifier à sa guise la Constitution afin d’assurer son maintien illimité au pouvoir comme il on l’a vu par la suite. La dislocation de la C14 et la participation de certaines de ses composantes à la mascarade d’élections municipales servit à légaliser la précédente mascarade de législatives et à donner une fausse légitimité au régime RPT-UNIR. Comment ne pas comprendre qu’au compte de sombres calculs politiciens, certaines composantes, partis et responsables de la C14 auraient fait le choix implicite ou conscient de de liquider, par de cyniques machinations, le mouvement lancé le 19 août 2017 par le PNP, afin de « Donner un 4e mandat » à Faure EYADEMA-GNASSINGBE en favorisant son maintien au pouvoir à l’occasion de la présidentielle de 2020 ?

QUEL BILAN GLOBAL ?

Tout au long des presque 30 ans courant depuis le soulèvement populaire du 5 octobre 1990, l’écrasante majorité des 10 formations politiques qui ont constitué le Front de l’opposition démocratique en 1991, suivie par ceux qui se sont créés par la suite, dont l’UFC, s’est soit ralliée avec armes et bagages au RPT et à l’UNIR, ou a participé au gouvernement avec lui.
Au total, ceci permet de comprendre pourquoi, depuis lors, le combat du peuple togolais pour tourner les pages du régime RPT n’a cessé d’être brisé, non seulement par la répression de ce régime mais aussi par une opposition institutionnelle dirigée par d’anciens fondateurs et membres de ce régime dictatorial RPT reconvertis en « opposants démocrates ».
Et, il est tout à fait édifiant de relever qu’à chaque occasion où les enjeux constitutionnels et institutionnels sont posés les mécanismes des trahisons ont pleinement joué pour pérenniser le régime de la dynastie EYADEMA-GNASSINGBE. Ainsi :
— I. En juillet 1992 : Complicité du coup d’Etat constitutionnel que fut l’assassinat de Tavio AMORIN, EYADEMA ayant réussi à obtenir des « opposants démocrates », la modification du projet de constitution à laquelle s’opposait Tavio ;
— II. En 1999-2002 : Démobilisation complice des populations par les « opposants démocrates » pour laisser passer la contreréforme constitutionnelle d’EYADEMA fin décembre 2002 ;
— III. En 2005 : Complicité tacite par incompréhensible « légalisme » avec le triple coup d’Etat militaire, constitutionnel et électoral de Faure Essozimna EYADEMA-GNASSINGBE ;
— IV. En 2014-2015 : Complicité des « opposants démocrates » avec Faure EYADEMA-GNASSINGBE à qui ils ont œuvré à « Donner un 3e mandat ! » ;
— V. En 2017-2018 : Complicité des « opposants démocrates » avec Faure EYADEMA-GNASSINGBE avec leurs manœuvres de sabordage des mobilisations initiées par le PNP pour lui « Donner un 4e mandat ! » en 2020.
En réalité, en proclamant leur attachement aux « réformes institutionnelles et constitutionnelles », les « opposants démocrates » n’ont en réalité jamais cherché à faire partir cette dynastie dictatoriale mais plutôt à partager le pouvoir – et ses prébendes – avec lui. Y compris la C14 dont la plate-forme politique comprend le partage des postes ministériels avec le régime dictatorial RPT/UNIR. C’est à cet effet que la voie sans issue des dialogues, négociations et accords contre nature avec la dynastie EYADEMA-GNASSINGBE n’a servi qu’à marchander des postes au gouvernement après que les héroïques luttes du peuple togolais aient été conduites à l’impasse. Une politique qui sert au maintien du pillage, de la surexploitation, de la ruine, et de la domination du peuple togolais par l’impérialisme principalement français depuis 57 ans.
Pourtant est bien connu ceci : « Une dictature ne se réforme pas, elle ne peut que se dégager, incapable qu’elle est de scier la branche sur laquelle elle est assise en faisant des réformes démocratiques pouvant la faire disparaître ! »
Pour sa part, le Parti des travailleurs, qui fait confiance à la capacité du peuple togolais d’arriver, un peu plus tôt, un peu plus tard, à trouver les voies de sa libération, appelle les travailleurs, paysans et jeunes de notre pays à poursuivre leur organisation indépendante dans les quartiers, villes et villages pour en finir avec la sanglante dynastie cinquantenaire EYADEMA-GNASSINGBE, à l’instar des peuples qui tentent actuellement de mettre fin aux régimes antisociaux ou arbitraires qui les oppriment. Comme le peuple français à travers le mouvement insurrectionnel des « gilets jaunes » et les insurrections populaires en cours des peuples algérien et soudanais, malgré les difficultés auxquelles elles sont confrontées.

Justice pour Tavio Ayawo Tobias AMORIN et toutes les victimes
de la sanglante dynastie cinquantenaire EYADEMA-GNASSINGBE !

Lomé, le 23 juillet 2019
Pour le Parti des travailleurs,
Le Secrétaire chargé de la coordination

Claude AMEGANVI

Source : www.icilome.com