L’article ci-dessous a été publié le 8 décembre 2010 par le site anglais The Guardian et faisait mention d’un plan d’éviction de Robert Mugabé à la tête du Zimbabwé. Le plan concocté par des hommes d’affaires Zimbabwéens refugiés en Afrique du Sud aurait eu l’approbation des puissances occidentales notamment l’administration américaine de l’époque ainsi que l’actuel secrétaire général des Nations Unies.
Un coup d’État sans effusion de sang a été planifié pour destituer Robert Mugabe comme le président du Zimbabwe avec l’aide du secrétaire général de l’ONU, comme le révèle des documents confidentiels américains.
Un groupe d’homme d’affaires Zimbabwéennes exilées a proposé en 2007 que Mugabe puisse être forcé de rendre le pouvoir au Premier ministre avant de quitter ses fonctions trois ans plus tard. Les autorités américaines ont adhéré à l’idée, notifiant que l’idée était déjà répandue dans la capitale, Harare et qu’il n’y « aura pas besoin d’une intervention extérieure »
Le complot n’a pas abouti, bien qu’il porte une forte similarité avec l’accord de partage du pouvoir qu’a connu Morgan Tsvangirai, le leader du Mouvement Démocratique pour le Changement (MDC) devenu Premier ministre après des violentes élections en 2008.
Ce plan était contenue dans une note confidentielle de l’ambassade des USA en Afrique du Sud dénommé « plan secret de partage du pouvoir » en date du 30 janvier 2007. À l’époque, le Zimbabwe était plongé dans une crise économique sans précédent. Le document nomme un groupe d’hommes d’affaires Zimbabwéens vivant en Afrique du Sud qui insistait sur le changement mais qui ont gardé l’identité de leur leader « dans l’anonymat ».
Le pouvoir exécutif devait passer de Mugabe à un Premier ministre « technocratique ». « Pour convaincre Mugabe d’accepter l’accord, il devait lui être proposé de garder son fauteuil jusqu’en 2010 avec un peu de pouvoir sur le dispositif sécuritaire, mais le Premier ministre dirigerait l’économie et remettra le pays sur ses pieds, » révélait la note.
« Tous les partis travailleraient ensemble pour une nouvelle Constitution. [Les hommes d’affaires] étaient ouverts à l’idée de trouver une personne mieux adaptée à conduire ce plan, mais ont recommandé le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon et l’ancien Premier Ministre Malaisien Mahathir, comme potentiels médiateurs. »
Mugabe aurait conservé le pouvoir pour nommer les ministres de la Défense, des affaires domestiques et la sécurité nationale. Le Premier ministre aurait nommé d’autres membres de cabinet, particulièrement dans l’arène économique. Le déploiement de troupes aurait exigé l’approbation du Premier Ministre et du président.
En échange des réformes diverses la communauté internationale devait convenir d’une levée des sanctions, de « l’acceptation » de l’extension du mandat de Mugabe à 2010 et d’une aide économique afin de réhabiliter l’économie zimbabwéenne.
Le Premier ministre aurait eu besoin du soutien de 85 % du Parlement et donc le support de l’opposition MDC.
L’ambassade des USA a estimé qu’il ne pouvait par donner son avis sur les mérites du plan, mais trouve « encourageant » que des hommes d’affaires Zimbabwéens discutaient à l’étranger des solutions sur le malaise politique et économique du pays.
« Les quatre hommes d’affaires ont reconnu qu’il y a ‘une opportunité’ pour apporter le changement positif au Zimbabwe, concerné par la situation économique détériorée du pays et l’avancée de l’âge de Mugabe et sa santé déclinante. »
Peu de détail avait été donné sur comment Mugabe, un héros de la lutte de libération qui est arrivé au pouvoir en 1980, pourrait être persuadé de se mettre à l’écart.
Une note supplémentaire de l’ambassade USA à Harare indique que le plan avait été approuvé par le MDC. Il précise que Tsvangirai avait proposé Simba Makoni, un ancien allié de Mugabe devenu son rival, comme premier ministre.
Une autre note de l’ambassade des USA à Harare – avec les sous-titres qui incluent « Comment faire partir Mugabe » montre qu’il y a une décennie de cela le MDC a considéré « qu’une action massive » pourrait forcer le président a démissionner.
Ce plan donne des détails d’un déjeuner d’affaires intervenu le 16 novembre 2000 à cet effet entre Tsvangirai et Susan Rice, le secrétaire adjoint des affaires africaines de l’ancien Président Bill Clinton.
« L’action massive serait destinée à faire pression sur le président Mugabe afin de démissionner, » avait dit Tsvangirai. « Le MDC comprend les risques associés à l’action massive, Tsvangirai reconnaît qu’il est dans l’intérêt supérieur du pays d’éviter le carnage. »
L’action massive aurait très probablement pris la forme d’une grève générale. Mais une violente répression de la part du gouvernement était crainte véritable :
» Tsvangirai croit que l’armée n’allait pas hésiter à tirer sur la population.
« Tsvangirai était franc, confiant et détendu. Cependant il ne nous a pas convaincus que le MDC avait un plan clair et bien réfléchi sur l’action massive ou ce qu’elle accomplirait.
« Tout le monde est focalisé sur le départ de Mugabe mais il prendra probablement une convergence de l’opposition de Zanu-PF, les leaders militaires et régionaux pour le sortir de force. »
Le leader du MDC cherchait l’aide étrangère avec peu de succès. « Tsvangirai a mentionné que lors de sa dernière visite en Afrique du Sud il a rencontré l’ancien [président Nelson Mandela – qui a toujours une grande influence en Afrique du Sud » a-t-il affirmé – et a vivement recommandé le leader d’intervenir au Zimbabwe. Toutefois, il n’a pas reçu d’engagement ferme de Mandela, et n’a pas vu Thabo Mbeki.
« Tsvangirai a dit que lorsqu’il était récemment au Royaume-Uni, il a dit aux Anglais de s’abstenir de rendre public des déclarations sur la réforme agraire au Zimbabwe et d’utiliser leur influence dans les coulisses pour résoudre le problème. »
Même en 2000 Tsvangirai a dit que l’idéal pour le MDC est de voir « un arrangement transitoire » de plus de deux ans où Mugabe du Zanu-PF resterait au pouvoir et mettrait des ministres du MDC au pouvoir pour stopper le déclin économique. Huit années de plus, avec beaucoup de carnage et difficulté, devaient passer avant que ceci ne se soit concrétisé.
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