Le président zimbabwéen n’a pas cédé à la pression qui s’accentue autour de lui. Dans un message à la nation qu’il a prononcé hier soir, Robert Mugabe a certes reconnu des erreurs mais n’a pas démissionné contrairement à ce qui était était attendu. Lâché par son parti et poussé vers la sortie par l’armée, le doyen des chefs d’Etat n’a pourtant plus d’autres alternatives puisqu’une procédure de destitution à son encontre pourrait s’ouvrir dès les prochaines heures.
C’est ce qui ressemble à un baroud d’honneur, l’un des derniers actes d’une crise politique qui couve à Harare depuis quelques jours et qui pourrait trouver son épilogue dans les prochaines heures. Le président zimbabwéen s’accroche encore au pouvoir. Dans le message à la nation qu’il a prononcé dans la soirée de dimanche à la télévision publique, Robert Mugabe a presque tout dit sauf ce qui était vraiment attendu : sa démission. Au contraire, « le vieux lion » qui est apparu fatigué et hésitant comme c’est le cas ces derniers temps, entend même se cramponner au pouvoir puisqu’il annonce diriger le prochain congrès de son parti prévu d’ici quelques semaines. Quelques heures auparavant, le comité central de la Zanu-PF l’a pourtant démis de ses fonctions à la tête de son parti et lui a même donné un ultimatum pour démissionner de la présidence d’ici ce lundi à midi, auquel cas, une procédure de destitution sera ouverte pour le faire partir.
«Je vais présider dans quelques semaines, un processus qui ne doit souffrir aucune tentative de déstabilisation pouvant le compromettre aux yeux du public. En conclusion, je tiens à dire que je sais très bien que de nombreux développements ont eu lieu au sein du parti ou, faut-il, plutôt dire des développements censés avoir été pris au nom du parti. Des erreurs du passé et la colère qu’elles ont pu inspirer sont parfaitement compréhensibles. Toutefois, nous ne pouvons pas nous soumettre à l’amertume ou à un désir de revanche, des sentiments qui ne contribueraient nullement à faire de nous de meilleurs membres du parti ou de meilleurs citoyens. ».
Robert Mugabe avait rencontré dans la soirée l’état-major de l’armée alors que tout le monde et même au sein de son dernier cercle de proches s’attendait à sa démission. Durant les vingt minutes qu’a duré son adresse à la nation, il n’en a fait pourtant aucune mention. Il a même confirmé qu’il reste le chef de l’armée allant jusqu’à excuser les agissements de l’armée qui l’a mis depuis quelques jours en résidence surveillée. « Mon autorité en tant que chef de l’Etat et commandant en chef de l’armée n’a pas été remise en cause et quels que soient les pour et les contre de l’opération de l’armée, moi, le commandant en chef, je reconnais les problèmes qui ont été soulevés » a déclaré Mugabe entouré de plusieurs officiers militaires comme pour montrer qu’il a encore le soutien de l’armée.
A la fin de son allocution, le chef d’Etat zimbabwéen a appelé ses concitoyens à tourner la page, annonçant une nouvelle ère avec une « nouvelle culture de travail » et critiquant au passage « les messages contradictoires du gouvernement et du parti ».
Procédure de destitution
Bien qu’elle soit inattendue, la réaction de Mugabé n’est pas pourtant assez surprenante au vue de l’habilité politique du vieux loin de 91 ans qui est au pouvoir depuis les années 1980. Sauf que cette fois, le bras de fer qu’il semble vouloir entretenir risque de tourner à son désavantage. La Zanu-PF lui a en effet donné jusqu’à ce midi pour ouvrir une procédure de destitution à son encontre et c’est visiblement vers cette issue qu’on s’achemine. D’autant plus que Mugabe est acculé de toutes parts, ses derniers soutiens sont soit en fuite ou arrêté par l’armée.
Le Parlement reste dominé par les députés de la Zanu-PF qui ont déjà choisi un nouveau leader, l’ancien vice-président Emmerson Mnangagwa dont l’exclusion le 6 novembre dernier a déclenché la fin de partie qui se joue pour « le vieux lion ».
La session extraordinaire du Parlement devrait se tenir dès ce mardi alors que la crise zimbabwéenne sera au centre d’une réunion extraordinaire des chefs d’Etat de la SADC. Des manifestations populaires sont également prévues les prochains jours dans tout le pays pour amplifier la pression sur Mugabe dont l’avenir à la tête du zimbabwéen est désormais plus que jamais compromis.
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