Zimbabwe: le général Chiwenga nommé vice-président de la Zanu-PF

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C’est l’un des acteurs majeurs du récent changement de pouvoir qui vient d’être nommé à la vice-présidence de la Zanu-PF. Le général Constantino Chiwenga est l’homme qui, le 13 novembre dernier, avait frappé du poing sur la table. Il avait protesté, au nom de l’armée, suite à la mise à l’écart du vice-président Emmerson Mnangagwa par le clan Mugabe, et indiqué que l’armée n’hésiterait pas à intervenir.

Robert Mugabe avait alors été placé en résidence surveillée, puis avait démissionné une semaine plus tard, lâché par son parti. Un « coup d’Etat en douceur pour maintenir le status quo », explique Andrew Meldrum, directeur du bureau de l’agence de presse AP en Afrique du Sud et spécialiste du Zimbabwe.

La nomination de Chiwenga à ce poste n’est pas une surprise. Plusieurs analystes avaient déjà estimé, au moment de l’annonce de son départ à la retraite, il y a quelques jours, que ce départ était probablement un « redéploiement » pour qu’il accède à des fonctions politiques.

Mnangagwa lui-même, lors de ce départ, avait appelé l’officier à conserver sa loyauté au moment de se diriger vers une nouvelle mission qu’il avait alors décrit comme « imminente ».

« Implication de l’armée dans la vie politique »

Cette nomination du général Constantino Chiwenga est « une étape vers une autre nomination plus importante », estime Andrew Meldrum, qui a vécu pendant vingt ans au Zimbabwe.

« C’est clairement un pas important vers le poste de vice-président du pays tout entier. Le processus a commencé, il y a plus d’une semaine, lorsqu’il a présenté sa démission de l’armée. Dès ce moment-là, tout le monde s’est dit : il se prépare à devenir vice-président. Je pense que cela sera officialisé dans les prochains jours. Il y a déjà deux anciens généraux au sein de l’équipe du nouveau président Emerson Mnangagwa et bientôt il y en aura un autre, au poste de vice-président. Cela montre bien que ce gouvernement est très fortement influencé par l’armée », a-t-il expliqué.

« Jamais les militaires n’avaient eu autant d’importance au Zimbabwe. Même juste après l’indépendance, Robert Mugabe a toujours fait attention à bien séparer l’armée du gouvernement. Donc je pense qu’il s’agit vraiment d’une nouvelle étape, d’un nouveau degré d’implication de l’armée dans la vie politique, au sein du gouvernement zimbabwéen », a-t-il ajouté.

Les militaires en force au gouvernement

Le nouveau président, Emerson Mnangagwa, a été investi président par intérim jusqu’aux élections prévues à la mi-2018. Il a déjà nommé plusieurs généraux au gouvernement ainsi qu’à l’Etat-major de la Zanu-PF. Il a notamment nommé l’ancien chef des forces aériennes, Perrance Shiri, ministre de l’Agriculture et un autre général, Sibusiso Moyo, qui est, quant à lui, devenu ministre des Affaires étrangères.

Autant de nominations qui favorisent les intérêts économiques des militaires dans le pays, « en particulier dans les mines de diamant qui rapportent beaucoup d’argent », affirme Andrew Meldrum.

Le nouveau président, Emerson Mnangagwa, a déclaré qu’aucune mine ne serait nationalisée, à l’exception justement des mines de diamant et de platine. « Donc à partir de maintenant, les militaires et Chiwanga vont exercer un pouvoir encore plus grand et plus formel sur les profits réalisés dans les mines. »

En plus des militaires, de retour en force au sommet de l’État, Emmerson Mnangawa a nommé Kembo Mohadi, déjà ministre de la Sécurité intérieur de Robert Mugabe au deuxième poste de vice-président de la Zanu-PF.

Source : www.cameroonweb.com