Ce n’est sûrement pas ce qu’il voulait
dire, au micro de Radio France International (RFI). Mais dans ses efforts
surhumains pour ripoliner le bilan négatif de leur « champion »
commun Faure Gnassingbé, Christian Trimua, le ministre des Droits de l’Homme et
une des bouches parlantes du pouvoir, s’est laissé aller, avouant sans s’en
rendre compte, le bilan chaotique de … Gnassingbé Eyadema. C’était tout
l’intérêt de son intervention ce mardi sur les ondes de la radio mondiale, dans
le cadre de l’élection présidentielle du 22 février prochain.
Bilan
contestable
Faure Gnassingbé « a, progressivement, reconstruit politiquement le pays, en
faisant toutes les réformes constitutionnelles et institutionnelles
nécessaires. Il a, économiquement, relancé la dynamique de développement du
pays, et puis abordé l’important chantier de reconstruction sociale du pays.
Son bilan parle pour lui. La deuxième raison, ce sont les qualités humaines de
la personnalité dont nous parlons ». Cette réponse de Christian Trimua
à la question « Pourquoi une
nouvelle candidature du président Faure Gnassingbé, après quinze ans de pouvoir
? », entre autres propos, pose déjà problème. Rien que sur le plan
éthique, ce bilan clinquant établi est contestable par tout citoyen qui vit au
quotidien sa gouvernance et dont les conditions de vie sont le meilleur
baromètre de sa gestion des affaires.
Dépeindre sur le plan politique une
certaine amélioration durant les quinze (15) ans égrainés par Faure Gnassingbé
au pouvoir, relève d’un conte de fées. La situation est loin d’être meilleure
qu’à l’époque. La démocratie et l’alternance ne sont guère respectées, l’état
de droit non plus, les assassinats de masse et politiques ont continué. C’est
un massacre de la population en avril 2005 qui a permis à Faure Gnassingbé de
monter au trône, marchant dans le sang et sur les crânes d’un millier de
Togolais ; ces tueries de masse ont continué durant tout son règne. Sous
sa régence, les militaires ont toujours eu la gâchette facile à l’égard des
populations civiles. Les citoyens se voient tirer dessus, pour un oui ou un
non. Même les enfants inoffensifs sont abattus à bout portant et les auteurs de
ces meurtres ne sont jamais inquiétés… Les droits de l’Homme n’ont pas connu
meilleur sort. Sur le plan économique, à part la réhabilitation de quelques
infrastructures routières qui est une évidence, le bilan clinquant chanté ne se
trouve que sur le papier. La croissance vantée n’est une réalité que dans les
rapports envoyés aux partenaires, dans les réformes engagées. Cela ne rejaillit
nullement sur le vécu des populations, autant sinon plus miséreuses. Le pillage
des ressources nationales est devenu un sport national, légalisé d’ailleurs
tacitement. Sur le plan social, la situation est loin d’être meilleure. Le
Togolais ne vit pas mieux aujourd’hui qu’hier, la misère est restée intacte,
sinon s’est accrue. Le mandat social promis aura été une bien belle escroquerie
du « Prince » sur les populations.
Trimua
noie Eyadema
Le réel intérêt de l’intervention de
Christian Trimua sur les ondes de RFI est qu’il aura au moins confirmé une
chose, le bilan chaotique des trente-huit (38) ans de règne du papa de leur
« Messi ». « Lorsque le président de la République
a accédé au pouvoir au Togo, en 2005, il a hérité d’un pays socialement
délabré, économiquement exsangue et politiquement divisé ». La
meilleure façon de mettre en relief le supposé bilan clinquant d’un dirigeant,
c’est de le comparer à celui de son prédécesseur immédiat. Et dans le cas
d’espèce, le devancier de Faure Gnassingbé, c’était son père Eyadema. Ces
propos, Trimua a trouvé nécessaire de les servir pour mettre en exergue
l’empreinte de son « champion ».
L’ancien Président de la Ligue togolaise
des droits de l’Homme (LTDH) a eu à le relever, dans sa lettre-réponse à Trimua
suite à son intervention sur les ondes de RFI. « Le ministre Trimua reconnaît une gestion chaotique et
calamiteuse de feu Général Eyadema. Ainsi à la question de savoir pourquoi une
nouvelle candidature du président Faure Gnassingbé, après quinze ans de
pouvoir, il répond : « Lorsque le président de la république a accédé au
pouvoir au Togo, en 2005, il a hérité d’un pays socialement délabré,
économiquement exsangue et politiquement divisé ». Ici, les mots et leurs
adjectifs qualificatifs sont très bien choisis et parlent d’eux-mêmes: une
société délabrée, c’est-à-dire cassée, abîmée, détériorée ; une économie
exsangue, c’est-à-dire blanche, nulle, blafarde, pâle, complètement essoufflée
; et des adversaires politiques divisés. c’est malheureusement dans cet état
piteux que le père de l’actuel président du Togo a effectivement laissé le pays
le 05 février 2005 », a-t-il écrit.
En effet en tentant de redorer le blason
de leur « champion »,
Trimua a dû noyer son papa qui a régenté le pays durant trente-huit (38) bonnes
années. Et effectivement le Togo était, comme il le dépeint, « socialement délabré, économiquement
exsangue et politiquement divisé ». Et c’est la raison pour laquelle
suite à son décès et après les condamnations de la manière dont Faure a été
installé sur le trône – les dispositions régissant la vacance du pouvoir ont
été violées, Fambaré Natchaba à l’époque Président de l’Assemblée nationale
empêché de rentrer au pays pour assurer la Présidence par intérim, les
militaires ont confisqué le pouvoir pour le remettre à Faure…-, il est né en
les Togolais un espoir fou d’un véritable changement de gouvernance avec le
fils. Surtout que Faure Gnassingbé a fréquenté au pays des Blancs, les
populations ont vraiment espéré le voir révolutionner les choses avec son
intellect. Mais hélas, la déception est aussi grande. Cette vérité sur le bilan
d’Eyadema est la seule qu’aura servie Trimua sur RFI ce mardi. L’autre atout,
c’est que ces propos ont été tenus sur une chaine d’une audience mondiale, et
donc beaucoup étaient à l’écoute…C’est le « vieux » qui doit se remuer dans sa tombe en écoutant ces
propos, surtout que l’on était à la veille du quinzième anniversaire de son
décès…
Tino Kossi
source : Liberté
Source : TogoActu24.com