Il a habitué les Togolais à des méthodes d’investigation et de publications de statistiques propres à lui. Lui c’est « El Yarko », « Enquêteur Derrick », Yark Damehame, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile. A chaque tuerie de manifestants ou de mobilisation de l’opposition, il sort toujours de sa boîte, des données ou des informations à dormir debout. Comme c’était encore le cas à l’issue des évènements meurtriers du samedi dernier.
Certainement le livre Guinness record s’attelle à ouvrir une de ses pages au Togo. Le jury garderait un œil attentif sur le ministre de la Sécurité et de la Protection civile dont la plupart des enquêtes sont à sens unique, c’est-à-dire ouvertes mais jamais fermées. Faut-il le préciser, Guinness Record est spécialisé dans la distinction des records et/ ou faits insolites.
Pris comme tel, on comprend aisément que le jury de Guinness Record doit manifester un intérêt particulier au flic de Lomé II dont les enquêtes ne visent qu’à contenter son patron. Et chaque manifestation de l’opposition est une occasion pour « El Yarko » de grappiller des points pour figurer dans Guinness Record. Une distinction qui ferait même pâlir d’envie le Directeur de la CIA ou du FBI aux Etats-Unis ! Eux qui prennent leur temps voire des années pour boucler des enquêtes. Au Togo, Yark n’a besoin souvent que d’une journée pour boucler ses investigations.
C’est un exercice dans lequel le « Flic de Lomé II » se plaît bien. Devant les médias, il ouvre souvent des enquêtes sans jamais les fermer. Ce sont des enquêtes « à géométrie variable ». En effet, lorsqu’il s’agit d’incriminer les opposants et de les embastiller, l’enquêteur Derrick avec célérité trouve des auteurs et les envoie au gnouf.
les cas des incendies des grands marchés de Lomé et de Kara, « El Yarko » a surpris le monde, mieux, son monde en affirmant devant les médias que les pyromanes ont utilisé des procédés mystiques pour s’engouffrer dans le bâtiment avant de mettre au feu aux étalages appartenant aux commerçantes ! C’est la « méthode Yark » qui consiste à occulter le procédé scientifique de toute enquête.
Chez le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, la frontière entre le rationnel et l’irrationnel n’est vraiment pas étanche. Et c’est pour cela que Guinness Record doit l’enregistrer dans ses pages puisque « El Yarko» a réinventé une autre forme d’investigation. Celle d’associer l’irrationnel et le rationnel !
Mais chez le « flic de Lomé II », il y a aussi une autre manière d’investiguer. C’est celle d’ouvrir les enquêtes sans jamais les fermer quand les faits embarrassent son patron.
En effet, pour « El Yarko » lorsqu’il s’agit des braquages en pleine journée ou d’incendies des mosquées, les auteurs ne sont jamais inquiétés. Puisque les enquêtes restent toujours à l’étape de leur ouverture. Pas d’avancée. Ni même de sorties pour situer l’opinion sur le déroulement de l’enquête. Mais quand il s’agit d’avancer des chiffres sur la mobilisation de l’opposition, il est prompt. Le ministre de la Sécurité et de la Protection sociale est passé maître dans l’art de tronquer la réalité.
Et il s’est encore illustré. A l’heure des réseaux sociaux où le monde est devenu une boutique en verre, le flic de Lomé II, fidèle à ses méthodes, est encore sorti pour servir ses « Yarkeries ». Selon lui, l’enfant de 11 ans est « tué par balles par des individus à bord d’un véhicule 4X4 sans plaque ».
Or la vidéo dans laquelle un soldat tire sur les manifestants montre un véhicule pick-up bel et bien immatriculé. Et comme toujours, « El Yarko » annonce : « des recherches sont actuellement en cours pour retrouver le véhicule et les auteurs ». Sacré Yark !
Source : www.icilome.com