Y a-t-il quelqu’un à la Cour des Comptes ?

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Contrairement aux discours pompeux devant les partenaires économiques, Faure Gnassingbé fait montre d’un manque criard de volonté dans la lutte contre la corruption au Togo. La Cour des comptes, l’institution par excellence dans ce domaine, l’arme secrète anti-corruption, est actuellement atteint d’une rare infirmité.

L’article 107 de la Constitution togolaise de 1992 stipule : « La cour des Comptes juge les comptes des comptables publics. Elle assure la vérification des comptes et la gestion des établissements publics et des entreprises publiques. Elle assiste le parlement et le gouvernement dans le contrôle et l’exécution des lois de finances. Elle procède à toutes études de finances et comptabilité publique qui lui sont demandées par le Gouvernement ou par l’Assemblée Nationale ou le Sénat. La Cour des Comptes établit un rapport annuel adressé au Président de la République ou Gouvernement et à l’Assemblée Nationale et dans lequel elle fait état, s’il y a lieu, des infractions commises et des responsabilités risquées ».

Il a fallu attendre jusqu’en 2009, 4 ans après son accession au trône, pour que Faure Gnassingbé pense à mettre en place cette Institution dont le principal rôle est de traquer les pilleurs des deniers publics.

Il faut peut être rappelé que c’est d’ailleurs sous la pression des institutions financières internationales que le chef de l’Etat et son éternel ministre des Finances ont accouché cette Cour en septembre 2009. Et sans surprise, c’était un ancien ministre, Takpandja Lalle, un loyal serviteur de la maison, qui a été parachuté à sa tête pour un mandat de 3 ans.

Mais le 24 mai 2013, il a été remplacé par Jean Koffi Edoh, nommé président de la Cour des Comptes.

Dans la règle de l’art, cette nomination devrait être suivie d’une cérémonie d’installation et de prestation de serment du nouveau bureau. Mais jusqu’à présent le nouveau président n’existe que de nom.

Le hic, c’est que depuis 2010, aucun rapport officiel n’a été publié par cette Cour sur la gestion faite des milliards de FCFA que les membres de son fameux programmes de développement à la base du gouvernement, engloutissent. Un silence surprenant règne sur la gestion de ces fonds.

C’est à croire que l’installation de ce nouveau bureau pourrait être un vrai « handicap » pour le pillage systématique qu’orchestre la « minorité » qui entoure le Prince.

Aujourd’hui la Cour des Comptes, le dispositif anti-corruption par excellence, est comparable à un tétraplégique cloué dans un fauteuil roulant, incapable de réagir face aux zèles de la minorité rapace du régime en place.

Après son discours d’avril 2012 où Faure Gnassingbé a dénoncé cette minorité qui accapare les richesses du pays, l’idée ne lui est même pas venue de guérir la Cour des comptes et la rendre capable d’assumer pleinement ses fonctions. Tout porte à croire au contraire qu’on s’emploie à la noyer davantage. Puisqu’elle se révèle dangereuse, si tant est qu’elle devrait fouiner dans la gestion de la chose publique.

Bref, après tout, ce sont les Collaborateurs du Chef de l’Etat. Il ne faut surtout pas les inquiéter. D’ailleurs, lui-même n’a-t-il pas dit en Allemagne que ce sont eux qui l’empêchent de bien gérer le Togo ?

AKG (stagiaire)

Source : www.icilome.com